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Les établissements de formation qu’ils soient scolaires ou universitaires sont de plus en plus confrontés à une variété de publics. Dans ce contexte, nous essayons de voir, au niveau de l’académie de Dijon, comment faciliter cette évolution et comment accompagner les équipes concernées.

1 – Variété de publics, de quoi parle-t-on ?

En effet, il est d’abord essentiel de préciser ce que recouvre cette variété. Elle peut se limiter à une variété de statuts (élèves ou étudiants, apprentis, stagiaires de la formation continue), mais peut aussi englober des réalités sociales plus larges : primo-arrivants, élèves ou étudiants issus d’une réorientation ou d’une équivalence grâce aux multiples passerelles maintenant possibles à tous les niveaux ou les personnes en situation de handicap. Au niveau de l’académie de Dijon, nous nous sommes concentrés, pour l’instant, sur la mixité de statuts et proposons un premier guide qui en présente les différentes facettes.

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D’autres institutions sont dans une même démarche, M. Lebrun présente ainsi les évolutions à l’Université Catholique de Louvain« L’université propose des parcours à la carte, en décloisonnant les disciplines. Tout individu (quelque soit son âge et son parcours de vie) peut venir y chercher une formation courte ou plus longue correspondant à son besoin : “la bonne formation au bon moment”, et ceci tout au long de la vie ».

2 – Quels choix pédagogiques ?

Quel que soit le périmètre pris en considération, il faut innover pour proposer une organisation et une pédagogie adaptées à cette variété des publics. Comme le dit P. Meirieu« l’innovation n’est pas d’abord une question de technique, de savoir-faire, c’est d’abord une question d’adhésion à des valeurs ».

Nous pouvons présenter les choix pédagogiques bourguignons selon trois axes :

  • Donner du sens aux apprentissages : c’est un élément fondamental pour motiver les différents publics. Ce sens passe par une explicitation de la cohérence entre les différentes disciplines et du lien entre savoirs, savoir-faire et savoir-être et la notion même compétence.
  • Orienter les formations vers le développement de compétences : ce deuxième aspect est essentiel pour répondre aux attentes de tous les publics. Les compétences se développent tout au long de la vie, dans la variété des situations rencontrées et les temps de formation sont là pour aider à conscientiser ces apprentissages et les faciliter.
  • Passer du défi de l’hétérogénéité à l’opportunité de la diversité : cela signifie que l’on passe d’un modèle simultané (où tous les apprenants suivent le même cursus) à un modèle mutuel (où l’apprentissage se construit de façon collaborative avec un enseignant qui est une ressource parmi d’autres).

 

Ces axes nous ont poussés, depuis plusieurs années, à organiser nos formations à partir de mises en situations se rapprochant le plus possible de situations réelles. On peut repérer 5 familles de mises en situation :

  • l’expérience antérieure : elle peut être professionnelle pour tous les stagiaires de la formation continue et  il est alors essentielle de la prendre en compte. Elle peut aussi être associative et est tout aussi valorisable (pôle emploi et l’association fondaction du football ont ainsi développé un guide « Comment valoriser vos activités sportives bénévoles dans le cadre de votre recherche d’emploi ? »)
  • les périodes en entreprises : que ce soit soit sous forme de stage, de période de formation en milieu professionnel ou d’alternance. La difficulté est alors de suivre l’évolution des compétences de l’apprenant dans ce contexte professionnel que l’organisme de formation ne maîtrise pas. Un gros travail doit être mené, tout au long de ces périodes, pour cadrer les missions de l’apprenant, repérer les activités réalisées et les apprentissages développés.
  • les entreprises d’entraînement pédagogiques : ces entreprises virtuelles sont  utilisées comme lieux de formation pratique pour plonger des apprenants dans un contexte professionnel réel. Ces entreprises sont coordonnées en réseau au niveau françaiset international.
  • les mises en situations didactiseés : au travers d’un scénario réaliste, les apprenants doivent réaliser des missions de difficulté croissante en utilisant des supports variés. Le réseau des GRETA de Bourgogne collabore avec les Editions piriac pour développerdes coffrets pour travailler les compétences transversales et le préparer la certification CléA.
  • Les projets ou problèmes : qui sont des approches pédagogiques permettant de recréer des situations proches d’un contexte professionnel et permettent d’aborder différentes phases du cycle de vie d’un produit industriel.

cycle de vie et pc3a9dagogie 

3 – Quelle concrétisation ?

L’approche pédagogique proposée est donc de multiplier les mises en situation pour aider chaque apprenant à développer ses compétences. La démarche proposée se passe en plusieurs étapes :

  1. Réalisation de la mise en situation
  2. Analyse personnelle et/ou collective qui peut se dérouler à la fin de la mise en situation mais aussi ‘au fil de l’eau’, pour être toujours en cohérence avec une démarche d’apprentissage. Elle permet de:
  3. relire la situation, son contexte et les paramètres importants,
  4. repérer les difficultés rencontrées,
  5. présenter les stratégies envisageables et celle qui a été finalement choisie,
  6. évaluer la démarche mise en œuvre, ce qui permettra de repérer les pistes d’amélioration,
  7. repérer les compétences développées, qu’elles soient transversales ou spécifiques.
  8. Apports spécifiques qui peuvent être fait par l’enseignant-formateur ou en utilisant des ressources existantes,
  9. Remédiation pour faciliter l’appropriation des notions qui ne sont pas encore bien assimilées.

Cette approche renverse le problème de l’intégration de publics alternants dans une section de formation initiale par voie scolaire en cherchant à professionnaliser les élèves par la voie scolaire autant que les alternants, plutôt qu’accorder le rythme des alternants sur le rythme scolaire. Si ce point de vue peut être critiquable pour des publics de niveau IV et V, je suis convaincu (pour l’avoir vécu et relaté tout au long de ce blog) qu’il est adapté pour les niveaux III et plus.

Graphiquement, cette vision peut se présenter comme suit :

mises en situation et compc3a9tences

Cette démarche nécessite un investissement non négligeable des enseignants et il nous a semblé important de proposer un accompagnement pour les équipes pédagogiques intégrant des apprentis ou des stagiaires de la formation continue pour les aider à avancer dans cette direction. Nous avons donc rédigé un deuxième guide accompagner une équipe confrontée à une mixité de publicsqui propose 5 axes pour avancer :

  • Les partenaire,
  • L’organisation pédagogique,
  • Le suivi des activités réalisées,
  • La personnalisation du parcours et la remédiation,
  • L’impact de l’alternance sur les autres élèves de la section.

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Ce document pose plus de questions qu’il n’apporte de réponse ! Les contextes sont tellement spécifiques d’un établissement à l’autre, d’un secteur d’activité à l’autre, qu’ils nous semble plus pertinent d’adopter la même démarche que celle proposée aux apprenants.

Ces éléments vous interpellent ? N’hésitez pas à réagir ! Ils vous motivent ? utilisez-les ressources proposées et racontez-nous vos retours !

Article publié sur le site : https://prodageo.wordpress.com/2016/05/04/accueillir-des-publics-varies-et-si-cetait-une-chance/
@jackdub
Mention Creative Commons

Dernière modification le mercredi, 13 septembre 2017
Jacques DUBOIS

Ingénieur de formation, Membre de l'équipe nationale m@gistère
École Académique de la Formation Continue - académie de Dijon
Rectorat de l'académie de Dijon