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Ceci est mon premier — et dernier ? — billet politique. Les résultats des élections de nos représentants au Parlement européen sont analysés par les commentateurs autorisés et les journalistes politiques dans leurs moindres détails.
 Les uns et les autres semblent noter une démobilisation assez forte de l’électorat qui ne croît plus guère au projet européen, lequel électorat choisit en ce printemps d’aller cueillir les fleurettes plutôt que de fréquenter les isoloirs. Même si la participation à ces élections semble avoir sensiblement progressé, cette dernière reste encore très faible : moins d’un Français sur deux est allé voter. Pour ce qui concerne le vote de ceux qui se sont déplacés, les mêmes commentateurs et spécialistes notent une désaffection très grande à l’égard de la représentation politique traditionnelle, les grands partis, ceux qui tenaient le haut du pavé depuis des décennies, semblant laisser pas mal de plumes en l’affaire.

Pire !, plus qu’une désaffection, j’ai pour ma part l’impression, à écouter les gens s’exprimer à ce sujet, d’une grande méfiance des citoyens, et notamment des plus jeunes d’entre eux, à l’égard de leurs représentants et de la représentation en général. Pourquoi confier son mandat à des élus qui font parfois exactement le contraire de ce pour quoi ils ont été élus ? Pourquoi élire des députés, que ce soit au Parlement européen, à l’Assemblée nationale ou à un niveau régional ou local si ceux qu’on a choisis pour porter nos convictions font d’autres choix une fois élus ?
Au-delà ce ce simple constat, ne s’agit-il pas d’une crise grave de la démocratie représentative ? Le peuple a-t-il encore confiance en ses mandataires ?
Que s’est-il passé depuis vingt ans ? 
Pour ma part, je note l’émergence d’événements considérables qui ont peu à peu pénétré la société et qu’il l’ont changée à un tel point qu’elle ne s’en rend même plus compte : l’arrivée de l’Internet jusque dans les familles d’une part, de façon concomitante et d’autre part l’émergence d’une société définitivement numérique — économie, entreprise, pratiques sociales, services, formation du citoyen, éducation à son rythme… — dans laquelle les jeunes générations, celles qui justement votent si peu, s’épanouissent et trouvent une place de choix.
N’oublions jamais qu’Internet, le réseau des réseaux, est né de l’imagination et de la volonté de quelques universitaires libertaires qui avaient une considération mitigée pour la démocratie. C’est là un atavisme qui ne se dément pas aujourd’hui encore. N’oublions pas non plus qu’Internet est devenu le terrain de jeu favori et d’expression de groupes politiques marginaux qui ne trouvent pas dans l’échiquier politique traditionnel matière et lieu à s’exprimer. N’oublions pas non plus que chaque citoyen est en mesure maintenant et enfin de dire soi-même ce qu’il pense, sur son blog personnel, dans un espace collectif de publication, sur les réseaux sociaux, dans les commentaires à des articles dans des grands médias, y compris quand on le sollicite en réaction à des débats politiques sur des plateaux de télévision.
Il n’est qu’à observer les prurits des intellectuels, femmes et hommes politiques, journalistes qui ne supportent pas d’être remis en question par cette expression populaire et si, pensent-ils à haute voix, médiocre et insupportable, pour prendre conscience de la réalité et de la force de ces voix-là !
Internet et le lien social tissé sur les réseaux numériques dérangent, perturbent, déstabilisent, c’est évident, la démocratie représentative. La représentation politique est de fait niée un peu partout — il n’est qu’à lire les gazouillis d’une « timeline » un peu fournie pour s’en convaincre —, voire raillée dans certains médias moqueurs ou parodiques.
Et s’il devenait, à l’aune de ces mutations si fortes et importantes, nécessaire de réinventer la démocratie ? 
Voilà, c’était ma brève réflexion du jour et ma participation au débat qui, comme d’habitude, reste ouvert…
Dernière modification le vendredi, 03 octobre 2014
Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.