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Le président Philippe Richert présentait les priorités de l’ARF le 30 août au cours de la traditionnelle conférence de presse de rentrée en présence de François Bonneau, Président de la région Centre Val-de-Loire, Renaud Muselier, Président de la région PACA, Geoffroy Didier, Vice-président de la région Ile-de-France et Philippe Meunier Vice-président de la région Auvergne Rhône-Alpes.

On regrettait, en préambule, que la rentrée présentée par les medias n’évoque pas du tout les collectivités, « comme si elles n'existaient pas ».

Il est en effet beaucoup question du primaire mais il est rarement fait mention des lycées, de l'apprentissage et de la formation professionnelle qui sont des sujets majeurs pour les régions, sujets centraux car au cœur des compétences historiques des conseils régionaux. Ces sujets ne peuvent progresser que par une concertation forte avec l'État. Il convient de rappeler aussi une évolution très importante des responsabilités avec le transport scolaire désormais pour l'ensemble des régions, car la loi NOTRe qui fait des Régions les responsables de la mobilité : TER, transport scolaire et transport routier.

Pour François Bonneau, président délégué de l’ARF, en matière d’éducation, la priorité doit être faite à l’adéquation formation-emploi.

Il faut envisager globalement la formation du second degré, car celle-ci est en forte tension sur l'emploi et les entreprises qui peinent à trouver les compétences nécessaires.

Il faudra mettre en rapport les évolutions de l'emploi, des métiers des territoires avec les familles et l'orientation.

Les services d’orientation scolaire évoluent vers une vision psychologique, mais la priorité est d'appréhender l'orientation vers les carrières professionnelles  pour orienter les choix des jeunes avec les emplois de demain. On compte des milliers de jeunes sans affectation dans l'enseignement supérieur, car les choix des jeunes sont en hiatus avec l'emploi. La carte des formations professionnelles et technologiques doit être opérée en cohérence et globalement avec la carte des formations en lycée.

L'alternance va venir comme un sujet majeur, car l'apprentissage au cœur des débats comme l'a dit le Président de la République.

L’apprentissage se porte bien dans le supérieur, mais il faut développer l'apprentissage en actionnant deux leviers : une vision moderne de la réussite par les familles et l’engagement des entreprises.

Le Plan Formation des demandeurs d'emploi de l'État, doit venir en complément avec les régions : le rôle de pôle emploi doit s'inscrire dans le pilotage par les régions. Ces logiques de tuyau doivent disparaître en rapprochant le demandeur d'emploi de l'entreprise. Les lycées professionnels et les CFA (Centres de Formation d’Apprentis) doivent faire l’objet de contrats tripartites : État, établissement, Région qui fixent des objectifs communs dans une vision triennale.

La problématique du numérique bouleverse toutes les conditions de transmission et d'acquisition du savoir. Le numérique doit être développé avec une priorité aux modalités de connexion en créant de l'interactivité. Il faut définir avec l'État de nouveaux cadres physiques qui intègrent le numérique.

Dans ce domaine, des questions doivent trouver très vite des réponses appropriées : quel est l’avenir du manuel scolaire avec les nouveaux supports numériques? Et comment mener la maintenance des installations, car il faut faire face avec les entreprises et les personnels ? Le numérique est une chance majeure pour permettre la formation de tous les jeunes et donner une qualification pour tous et tout au long de la vie.

Pour Philippe Richert, le Lycée 4.0, ce n'est pas seulement la tablette, c'est repenser toute l'éducation.

Dans un contexte budgétaire tendu, les dépenses totales d’éducation ont été de 5,578 milliards d’euros en 2016, contre 5,365 milliards d’euros en 2015. Le budget Education est en progression sur l'ensemble des régions où il représente 50% dépenses d'équipement.

Les régions connaissent des évolutions de la démographie et des effectifs scolaires contrastés. Une majorité d’entre elles doit créer de nouveaux établissements : environ 50 lycées neufs sont attendus à l’horizon 2020-2022. Ces efforts sont indispensables pour permettre de créer le lycée du futur qui accompagne la transformation des pratiques enseignantes, faire évoluer les ressources pédagogiques et favoriser toutes les réussites : un lycée qui promeut la qualité de vie, d’études et de travail.

Une stratégie pour le passage au numérique dans la Région Grand Est.

En pointe dans ce domaine, la Région Grand Est a mené une expérimentation visant à généraliser le tout numérique dans cinquante lycées.

Il a donc fallu mettre en place un régime commun d'accompagnement des familles par rapport au manuel scolaire. A titre personnel, Philippe Richert qui a un passé d’enseignant et de chef d'établissement, considère qu’on ne peut pas oublier le numérique. Dans la Région Grand Est toutes les communes seront fibrées avec un ENT très haut débit en 2022.

On reconnaît l’importance du travail mené avec les Rectorats, partenaires indispensables pour faire évoluer le numérique avec individualisation, suivi personnel, interventions personnalisables.

Le « tout numérique » a été expérimenté sur cinquante établissements mais cent étaient volontaires : la région a opéré une répartition en fonction des caractéristiques des établissements et des territoires. Il a fallu installer du WIFI partout, prévoir l'achat du livre numérique pour les élèves et pour les enseignants, acquérir le support informatique et enfin mettre en place l'outil. En fait, 95% des familles ont déjà un outil et seulement 5% de 31.000 élèves n'en auraient pas.

La question est d'utiliser des outils utilisables par tout type de matériel. On a ouvert un appel d'offre : la tablette qui coûterait 700 € dans le privé revient alors à 380€. Les familles dont le revenu est  inférieur  à 6.000€ par mois (ce qui est très large) se verront attribuer la moitié du coût, soit 190€. Ces ordinateurs appartiendront aux jeunes au bout de trois ans, soit un coût de 35€ par an et par famille. Les fonds sociaux des établissements pourront financer en cas de besoin. On a reçu 17.000 demandes d’attribution. Cela fonctionne plutôt bien, la plus grande difficulté venant des associations de parents d'élèves qui perdent des adhérents au moment de l'achat des livres. Notre priorité est l'accompagnement de la formation des jeunes. Une dernière précision : les ordinateurs ne pourront pas se retrouver sur le marché, car ils sont marqués.

Arrêter avec l’État une feuille de route partagée en matière de numérique

Le président Richert devait rencontrer ce même jour le ministre de l'Éducation nationale pour fixer une plateforme commune en vue de la préparation du contrat État-Région, conformément à la « Proposition V » du projet de l’ARF.

C’est sur la dimension numérique, levier essentiel de la réussite, que doit se concentrer le travail avec l’État :

  • les infrastructures : très haut débit, architecture des réseaux, maintenance,
  • Les contenus ressources numériques et le devenir du manuel scolaire papier, les ENT.
  • Les outils équipements collectifs et individuels, l’usage du BYOD (recours aux équipements personnels des élèves).

Les questions liées au transfert des CIO aux régions vers la mise en place du Service Public Régional d’Orientation (SPRO) demandent aussi des réponses. « Nous observons un problème d'orientation qui doit être plus global et moins psychologique. La connaissance et l’information des jeunes sur les formations, les métiers, la rencontre d'acteurs économiques dans le cadre de salons sont des priorités pour favoriser l’accompagnement à la construction d'un itinéraire personnel de réussie. L'orientation n'est pas seulement de la psychologie. »  

Renaud Muselier se félicitait pour sa part du travail remarquablement efficace accompli avec les rectorats, notamment dans la lutte contre la radicalisation et la mise en sécurité des  180 lycées de la région PACA. « Le lycée peut être un foyer de radicalisation : nous avons formé des personnels des lycées à la détection des signaux faibles de radicalisation. Nous avons installé 1300 caméras et formé 128 médiateurs de sécurité pour les lycées. »

D’autres sujets concernant l’éducation mettaient en avant l’expérimentation du rapprochement entre lycées professionnels et Centres de Formation d’Apprentis (CFA). Les régions financent des plateaux techniques qui peuvent être mutualisés entre lycées et CFA. Ces équipements sont chers et ne peuvent pas être réalisés au rabais. Nous voulons développer l'alternance aussi bien dans lycées profs qu’en CFA.

Michel Perez

Dernière modification le dimanche, 29 juillet 2018
Pérez Michel

Président national de l'An@é de 2017 à 2022. Inspecteur général honoraire de l’éducation nationale (spécialiste en langues vivantes). Ancien conseiller Tice du recteur de Bordeaux, auteur de nombreux articles et rapports sur les usages pédagogiques du numérique et sur la place des outils numériques dans la politique éducative.