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On ne peut que se réjouir de cette édition des RMLL (Rencontres Mondiales du Logiciel Libre) à Saint-Etienne du 1er au 7 juillet. L'événement avait en effet été annulé l'année dernière, faute de candidat pour l'organiser. Si l'affluence était toute relative, le nombre de conférences et d'ateliers, ainsi que leur grande qualité, témoignent de la vivacité de la communauté du libre. Des rencontres professionnelles étaient même organisées en parallèle les 4 et 5 juillet.

Le logiciel libre et sa communauté se portent bien mais les combats et les questions de fond ne manquent pas.

Au niveau éducation, on retiendra essentiellement les possibilités offertes par le serveur WIMS (Web Interactive Mathématics Server) dont les instances se multiplient un peu partout en France, ainsi que les avancées du dispositif d'expérimentation scientifique ExpEyes dont j'ai suivi l'évolution au fil des ans jusqu'à cette dernière version qui me semble tout à fait prometteuse.

L'appareil n'est malheureusement pas encore distribué officiellement en France mais cela ne saurait tarder. J'ai pour ma part hâte de le tester complètement. Les applications que j'ai pu en voir sont tout à fait prometteuses.

La suite libre LibreOffice était tout aussi présente et l'on ne peut que regretter qu'elle n'ait pas été mise en avant dans le domaine de l'éducation plutôt que de se tourner vers des suites propriétaires, mais ceci est une autre histoire.

La force du logiciel libre reste entière et l'Histoire tend à prouver que le projet avance car il s'agit bien d'un projet de société et non simplement d'une histoire de logiciels.

Qui aurait prédit il y a 20 ans que la plupart des sites web seraient gérés par un serveur libre, que des suites bureautiques feraient de l'ombre aux tenants du titre, qu'un navigateur libre dépasserait Internet Explorer, que le système GNU/Linux serait indispensable à de nombreux domaines professionnels et scientifiques, qu'il équiperait (certes pas totalement librement) des millions de terminaux mobiles que sont nos smartphones et surtout qu'une communauté aussi importante se serait formé autour de ce projet ?

Car projet il y a et, si chacun a pu vivre les RMLL à sa manière, pour ma part, c'est plutôt sous l'angle de la discussion, du débat, de la quête de sens que je les ai vécues.

La table ronde sur la musique libre à laquelle je participais a ainsi permis de faire émerger nombre de questions liées à la culture libre en particulier sur les avantages donnés aux auteurs / créateurs et sur le modèle économique (rétribution / rémunération) ou comment vivre / survivre de son art. De même, la question de la cohabitation avec le monde non libre reste prégnante.

Au delà de ces questions, le souhait de partager, de créer un autre type de relation avec le public reste fort.

Mais aussi de créer un autre modèle de droit d'auteur. J'ai beaucoup apprécié la remarque de Sylvain, membre du groupe Paula Powered (ravi de les avoir croisés d'ailleurs en tant qu'auditeur), disant qu'il aimait "faire de la musique comme un maçon". Le maçon en effet construit le mur, la maison, mais ne réclame pas de droits d'auteur lorsque celle-ci est revendue. La maison ne lui appartient plus. Peut-être que cette approche résoudrait bien des problèmes. Vendre l'oeuvre, le spectacle, l'installation... sans en réclamer plus à chaque utilisation. Il y a certes une graduation à mettre en place. Entre une musique reprise par la chorale d'une école ou intégrée dans un film à grand spectacle, il y a un gouffre.

Entre la richesse immense et malheureusement méconnue du domaine public, celle toute aussi grande du domaine de la culture libre, il reste un immense effort à effectuer pour faire connaître les nombreuses initiatives qui les entourent.

Les licences libres sont cependant jeunes et font face à un système de plusieurs siècles. Il est normal que l'on essuie encore les plâtres et qu'il existe de fortes attentes au niveau de leur évolution. Reste à espérer que la culture libre connaisse peu à peu le même engouement que le logiciel libre.

Comme le dit si bien l'équipe du site Framasoft, "la route est longue mais la voie est libre" !

 

Dernière modification le lundi, 31 juillet 2017
Cauche Jean-François

Docteur en Histoire Médiévale et Sciences de l’Information. Consultant-formateur-animateur en usages innovants. Membre du Conseil d'Administration de l'An@é.