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Le précédent billet était l’occasion de vous présenter la genèse d’un schéma présentant comment nous apprenons. Je le reprends aujourd’hui pour mettre en avant quelques caractéristiques de l’apprentissage et des dispositifs de formation. La nouvelle version du schéma est présentée ci-dessous.

1 – Les différentes profondeurs de l’apprentissage

Ce schéma permet de mettre en avant les différents niveaux de profondeur de l’apprentissage :

  • en profondeur : cela englobe principalement la mémorisation, qui est de l’ordre de l’intime et ne se maîtrise pas complètement (peut-être y a-t-il d’autres aspects à prendre en compte, je suis preneur de tous vos éclairages).
  • en soi : ce sont toutes les activités de réflexion que nous pouvons avoir. En faisant un effort, nous pouvons les détailler, expliciter les questions que nous nous posons, le cheminement de notre pensée. Ces activités intellectuelles ne sont pas mesurables de l’extérieur (sauf à utiliser un matériel médical).
  • seul : cela regroupe les activités ‘mesurables’ que nous pouvons faire seul. On y retrouve toutes les réalisations qui visent le développement de compétences et les activités de formalisations centrées sur le développement de connaissances. (le découpage est quelque peu artificiel et mériterait, sans doute, d’être retravaillé).
  • avec les autres : regroupe toutes les activités qui impliquent un échange avec l’extérieur. Il peut s’agir d’une réception d’information (je m’informe), une émission d’information (je partage) ou ou une communication bidirectionnelle (avec le feedback qui fait le lien entre je partage et je m’informe). Les réalisations pouvant être collaborative, je réalise est à cheval entre les deux zones.

2 – Impact sur un dispositif de formation

Ce schéma permet de repérer explicitement la limite d’accès d’un dispositif de formation.

On ne peut évaluer que ce à quoi on a accès : il sera donc compliqué d’évaluer directement toute la part d’apprentissage qui se passe en soi. Nous ne pouvons nous appuyer que sur des réalisations ou formalisations.

Le travail de formalisation des connaissance doit aider chacun à mieux apprendre. Il me paraît donc essentiel d’apprendre à nos élèves/étudiants à réaliser toutes ces tâches : prise de note, cartographie de l’information, synthèse de concepts, structuration des informations, et leur exploitation pour un apprentissage en profondeur … L’objectif n’est pas forcément qu’ils soient experts dans toutes les démarches et avec tous les outils mais qu’ils trouvent les méthodes et outils qui leurs conviennent pour développer leurs stratégies d’apprentissage.

L’espace de liberté offert par le dispositif doit être saisi par l’apprenant pour se construire, petit à petit son espace personnel d’apprentissage. Celui-ci sera composite, numérique ou pas, évolutif, évalué (peut-être) mais toujours personnel, voire intime, et orienté vers l’apprentissage.

Cela rejoint la travail présenté par N. Roland et L. Talbot sur l’environnement personnel d’apprentissage – un système hybride d’instruments.

L’enseignant a un rôle essentiel pour accompagner la construction de cet EPA et soutenir l’apprentissage ‘en soi’ par le questionnement ‘socratique’ qu’il soumet à ses élèves. On peut ainsi envisager une construction dans la durée de cet EPA tout au long de la formation des jeunes, en alternant des dispositifs plus ou moins directifs pour évoluer vers des MOOC connectivistes.

Si l’on considère que l’on doit apprendre toute sa vie et que la formation initiale formelle officielle s’arrête entre 16 et 25 ans, il est alors essentiel de préparer les générations montantes à apprendre en continu en s’appuyant sur un EPA robuste et agile à la fois.

Enfin, il est à signaler que le partage de ses productions (réalisations ou formalisations)  donne du sens, incite à se dépasser pour réaliser des chefs-d’œuvre et ouvre aux feedbacks, ce qui est une source d’informations riche pour progresser.

3 – Quelles sont les compétences mobilisées dans cette approche ?

Le process dans son ensemble recouvre l’apprendre à apprendre. On y retrouve aussi les 4C :

  • la communication,
  • la collaboration,
  • la créativité,
  • l’esprit critique.
apprendre et 4C

 

apprendre et les 4C

L’usage du numérique permet d’amplifier les possibilités de créativité en passant des formats écrit/oral à un panel large de supports multimédia.

De même, l’utilisation d’internet pour partager ses réalisations et formalisations permet de développer le savoir-publier, cher à Jacques Cool.

Enfin, la mise en place d’une veille personnelle me paraît indispensable.

N’hésitez pas à partager vos réactions, pour approfondir le sujet et avancer ensemble, même si cela nécessite de parcourir tout le circuit présenté dans ce schéma … ;-)

Mentions : creative commons
Article publié sur le site : https://prodageo.wordpress.com/2015/05/26/apprendre-en-soi-seul-et-avec-les-autres/

Dernière modification le mercredi, 13 septembre 2017
Jacques DUBOIS

Ingénieur de formation, Membre de l'équipe nationale m@gistère
École Académique de la Formation Continue - académie de Dijon
Rectorat de l'académie de Dijon