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L’enseignant est un architecte de situations d’apprentissage. Celles-ci sont efficaces quand elles permettent des rétroactions rapides et fréquentes, allant dans le sens d’un suivi fin et d’une véritable conversation.

Dans cette perspective, l’utilisation d’outils numériques se justifie lorsque ceux-ci apportent — mieux que le papier — de telles possibilités d’interaction et de collaboration (immédiates ou différées), mais aussi de publication. Tel est le cas des tableurs, notamment dans leurs versions en ligne. 

L’usage du tableur se justifie aussi par la nécessité de développer la littératie numérique des élèves, autrement dit leur capacité à travailler avec les outils numériques fondamentaux. Or le tableur fait pleinement partie de tels outils. Il est dès lors important pour les élèves d’être formés à l’utilisation du véritable couteau suisse numérique qu’est le tableur. Cet outil ne sert pas qu’à effectuer des calculs : les données organisées dans des grilles peuvent être des textes.

Flexible, polyvalent et désormais en ligne (donc partageable et collaboratif), ses potentialités en font un outil de choix pour la conception de situations d’apprentissage. Pourquoi ne pas explorer plus avant ses potentialités pour des activités de recherche, d’écriture et d’évaluation ?

The answer is always a spreadsheet.
— Alice Keeler, @alicekeeler

Du côté des élèves

Un tableur permet aux élèves de travailler dans des espaces structurés (cellules, lignes, colonnes et onglets), qui peuvent être aménagés en amont par l’enseignant sous la forme d’un canevas de travail (une feuille de calcul type).

Grâce au tableur en ligne, les élèves peuvent bénéficier en classe et hors de la classe d’espaces de discussion et de collaboration (chaque cellule du tableur peut en effet recevoir des commentaires et des réponses). Ils peuvent aussi facilement exporter des feuilles de calcul, les publier directement en ligne ou les intégrer dynamiquement dans des sites.

Du côté des enseignants

Avec le numérique, les usages se partagent, se développent et s’inventent. En effet, de très nombreux enseignants communiquent désormais leurs essais et leurs scénarios pédagogiques à travers des blogs et des réseaux sociaux. Ils constituent ainsi de remarquables communautés de développement professionnel (avec de formidables spécialistes, comme Alice Keeler).

Tableurs en ligne : l’intérêt de Google Sheets

De nombreux tableurs en ligne sont disponibles, pour tous les systèmes d’exploitations et terminaux fixes ou mobiles, dans des versions commerciales (comme Excel), “gratuites” (comme Sheets) ou libres (comme Framacalc). Un tableur en ligne s’utilise via le navigateur d’un ordinateur fixe ou portable, ou encore via l’application mobile d’un ordiphone ou d’une tablette.

Dans le cadre de ce billet, je propose l’utilisation de Sheets, le tableur intégré à G Suite. L’utilisation de ce tableur suppose au moins un compte personnel pour l’enseignant (celui-ci peut partager les feuilles de calcul en accès anonyme aux élèves, qui n’ont alors pas besoin de comptes). La situation optimale est l’utilisation dans le contexte de G Suite pour l’éducation en lien avec un domaine scolaire (selon le cadre juridique standard).

G Sheets, en particulier, offre l’immense avantage d’être ouvert à de nombreuses fonctionnalités et automatisations via des scripts (Apps Script) ou via un écosystème très dynamique de modules complémentaires, souvent conçus par des enseignants.

Un dispositif possible : le canevas de dissertation

Je propose un cas d’usage, que j’ai constaté être très profitable. Dans le cadre de mes cours de philosophie dans le secondaire, j’exerce les élèves à élaborer des argumentations. Je propose donc un tableur prenant la forme d’un canevas de dissertation, où chaque cellule est un champ d’écriture. Chaque élève travaille sur une copie partagée avec moi. Je peux ainsi évaluer et commenter chaque élément (chaque cellule), et guider l’élève vers une réalisation convenable.

Voici le lien pour effectuer une copie du canevas utilisé (notez la possibilité de placer des consignes sous la forme de remarques associées à certaines cellules).

Il est intéressant de pouvoir colorer les cellules pour indiquer l’état de réussite.

Par exemple, une cellule dont le contenu rencontre les critères de réussite sera colorée en vert, ou en orange ou en rouge lorsqu’elle ne convient pas. Les cellules non encore traitées seront laissées en blanc. Cela permet à l’élève de voir immédiatement les éléments à améliorer et cela permet à l’enseignant de se diriger immédiatement vers les éléments à évaluer lors d’une nouvelle visite du document.

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Pour les mêmes raisons, il est intéressant de pouvoir insérer des commentaires dans chaque cellule, commentaires pouvant donner lieu à des discussions. Élève et enseignant peuvent être automatiquement avertis par courriels des nouveaux commentaires.

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Une fois le travail finalisé, la feuille de calcul peut être exportée sous divers formats, publiée en ligne, partagée avec les pairs, etc.

Un dispositif flexible

Ce dispositif est déclinable pour de nombreux exercices d’écriture, d’autres matières et d’autres niveaux scolaires. Yann Houry, par exemple, s’en est emparé dans le cadre de ses cours de français, notamment avec le tableur Numbers.

Je serai très heureux de pouvoir échanger avec vous sur des variations de ce dispositif.

Dernière modification le mercredi, 26 avril 2017
Jourde François

Enseignant de philosophie en lycée.