Un secteur économique majeur face à une équation financière complexe
L'Éducation populaire se révèle être un pilier méconnu de l'économie française, employant deux fois plus de personnes que l'agriculture et six fois plus que l'industrie pharmaceutique. Avec ses 467 000 salariés répartis dans 430 000 associations, ce secteur a connu une croissance remarquable de 16% de l'emploi entre 2018 et 2022, soit presque trois fois plus que la moyenne nationale.
Cette dynamique masque cependant une fragilité structurelle croissante : bien que les activités de l'Éducation populaire s'autofinancent à hauteur de 73% grâce à leurs produits d’activités, les 27% de subventions publiques restent cruciaux pour maintenir l'accessibilité des services, particulièrement dans les territoires les plus défavorisés. La concurrence accrue avec le secteur privé marchand, qui dispose de moyens d'investissements supérieurs, met sous pression un modèle économique fondé sur la gestion non-lucrative et l'intérêt général.
L'impact social des activités de l'Éducation populaire demeure considérable : l’étude démontre que 70% des Français adultes ont été en contact avec ses associations et structures, créant une transmission intergénérationnelle forte qui produit des citoyens plus diplômés, plus engagés associativement et politiquement, et plus ouverts culturellement que la moyenne nationale.
Un maillage territorial menacé par les inégalités d'accès
Présente dans chaque département français, l'Éducation populaire constitue un maillon essentiel dans tous les territoires, notamment pour faire face à la désertification des services publics, grâce à ses emplois non-délocalisables et par nature ancrés dans les bassins de vie. Cette force territoriale révèle néanmoins des failles préoccupantes : si 75% de la population a été en contact avec l'Éducation populaire dans les métropoles par exemple, ce taux chute à 66% dans les communes rurales, témoignant d'inégalités d'accès qui s'accentuent avec les contraintes budgétaires.
La mise en concurrence par la puissance publique de ce qui devrait être considéré comme un secteur d’utilité publique complexifie les implantations territoriales et engendre des phénomènes inquiétants, notamment la disparition d'activités éducatives, sportives ou culturelles dans certaines zones. L'interdépendance entre les associations et les collectivités territoriales, qui contribuent à hauteur de 12% du financement total, se trouve fragilisée par l'instabilité des priorités politiques locales.
Pourtant, ce secteur protège 70 milliards d'euros de productivité annuelle en permettant aux parents de maintenir leur activité professionnelle, démontrant que toute réduction des financements publics aurait un coût économique et social bien supérieur aux économies budgétaires réalisées.
L'étude révèle l'urgence de préserver un secteur dont la disparition priverait la France d'un outil unique d'émancipation citoyenne et de cohésion territoriale. L'Éducation populaire apparaît comme un investissement d'avenir dont l'utilité sociale dépasse largement les coûts de son soutien public.
David Cluzeau, Délégué général d'Hexopée :
"Cette étude révèle enfin l'ampleur d'un secteur quasi invisible dans les statistiques nationales. Avec 26 milliards d'euros et 467 000 emplois, l'Éducation populaire n'est pas un simple complément de l'action publique mais un pilier de la cohésion sociale française. Face à la concurrence croissante du privé lucratif et aux contraintes budgétaires, nous appelons les décideurs à reconnaître l'Éducation populaire comme l'investissement d'avenir qu'elle est. Il est urgent, pour cela, de créer un service public de la continuité éducative et de le doter des moyens nécessaires à son bon fonctionnement"
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