Imprimer cette page
Un discours programme en réponse au colloque " Refondation de l'Ecole : deux ans...et après "? au salon européen de l'Education.

Les constats.
Invitée à conclure les travaux du colloque intitulé "Refondation de l'Ecole : deux ans...et après?",organisé au salon européen de l'Education, par la Ligue de l'Enseignement en partenariat avec le Collectif des Associations Partenaires de l'Ecole Publique, Najat VALLAUD BELKACEM, ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche a énoncé ce qui s'apparente à un véritable programme d'action pour son Ministère, deux ans après le lancement de la concertation par Vincent Peillon qui a conduit au vote de la loi de refondation de l'Ecole de la République en juillet 2013

Pour la Ministre , l'Education Nationale ne tient pas " la promesse inscrite au cœur même de l'idéal républicain ", offrir à tous les élèves, quels que soient leur milieu d'origine et leurs conditions de vie quotidiennes , les mêmes chances de réussite scolaire et d'insertion professionnelle. "
Les "statistiques terribles " que les enquêtes internationales dont PISA 2012 révèlent, d'une Ecole qui " " exacerbe les inégalités sociales ", rendent le " passage aux actes " urgent.

Pour" faire reculer les déterminismes sociaux dans l'école " une de ses priorités c'est le premier cycle où dès la fin de l'école élémentaire, " 20% d'élèves sont en grande difficulté scolaire ".

La politique des moyens

Car à y regarder de plus près les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les indicateurs internationaux montrent en effet que le coût d'un élève du primaire ( coût en personnel essentiellement) est en moyenne en France de 6917$ ( chiffres 2011), qui place notre pays très en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE avec 8296$. Les grands pays européens investissent plus que la France : la Suède avec 10295$ est au niveau des Etats Unis très au-dessus de cette moyenne, mais le Royaume Uni avec 9857$ par élève, l'Italie 8448$, l'Allemagne 7579$, même l'Espagne avec 7288$ font mieux.

Or c'est bien dans le premier cycle que les efforts doivent porter pour que le plus tôt possible l'impact des inégalités sociales et culturelles soit réduite à l'école, grâce à l'école.

On le sait bien, les inégalités de moyens accentuent bien souvent les inégalités scolaires.
Accroître les moyens à l'école primaire doit donc être une priorité et particulièrement en personnel. Mais il s'agit aussi de mettre en place " une politique publique qui assume de donner plus à ceux qui ont moins ".

Faisant le constat que le système actuel de répartition des moyens aux écoles et aux établissements " est largement aveugle aux différences de situation économique et sociale des élèves, alors même que l'on sait que les inégalités économiques et sociales sont le premier déterminant de la réussite scolaire ", Najat Vallaud Belkacem a décidé de le réformer pour la prochaine rentrée scolaire.

Pour faire de sa «"politique éducative une politique publique au service de l'égalité et de la solidarité " la ministre a également décidé de proposer " le maintien de tout ou partie des postes, même en cas de diminution du nombre des élèves, aux territoires ruraux souhaitant s'engager dans une démarche de réorganisation de leurs réseaux d'école ".

Car il est vrai que des différences apparaissent selon les territoires selon la "richesse" des collectivités territoriales et leur investissement pour l'école.
La mise en place des rythmes scolaires pourrait si l'on n'y prend garde accentuer encore cette fracture territoriale.
L'AMF estime que le coût médian de mise en place des trois heures d'activités périscolaires s'élève à plus de 150 euros par enfant et par an. Mais, corrélé aux politiques éducatives locales de chaque commune, ainsi qu'aux équipements et ressources propres à chaque territoire, le coût oscille considérablement d'une commune à l'autre. L'intervention de l'Etat – transitoire par le fonds d'amorçage - qui peut atteindre 95€ et celle de la CAF de 54€ permet toutefois aux plus démunies d'être aidées.

Les territoires ruraux, en particulier pour ce qui est du développement de l'école numérique ne seront pas à égalité avec les grandes métropoles même si les études montrent qu'au sein de celles-ci de grandes fractures existent encore.
On peut ainsi découvrir que certaines municipalités offrent à tous leurs élèves des tablettes grand public et le THD a toutes leurs classes mais il en est encore malheureusement qui peinent à offrir un simple accès de l'école au Haut débit !

Apprendre à coder aux enfants, ce que souhaite développer la Ministre, mais ce n'est qu'un exemple, ne saurait donc se contenter d'être réalisé durant les NAP (nouvelles activités périscolaires) prévues par les décrets Peillon et Hamon, mais devra rapidement entrer dans les programmes obligatoires de l'école pour tous.
Les autres volets de son programme
Ces volets ont déjà été annoncés par la Ministre.

Il s'agit de l'adaptation de la carte des réseaux d'éducation prioritaire avec la promesse " pour ceux qui s'inquiètent de leur sortie de ces réseaux,(.que..)nous prendrons désormais en compte les réalités de chaque établissement et mettrons fin aux effets de seuil qui les inquiètent. L'alternative ne sera plus être ou ne pas être en éducation prioritaire. "

C'est aussi le développement de " l'accueil des moins de trois ans, prioritairement dans les réseaux d'éducation prioritaire " pour lequel " la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République a programmé 3 000 postes".
Mais également le dispositif "plus de maîtres que de classe" qui , comme l'accueil des moins de trois ans ont été développés dans le cadre de la priorité accordée au premier degré.

Educavox publiera l'intégralité du discours programme de la Ministre au salon européen de l'Education.
Dans cette première partie elle cible les actions prioritaires menées dans le premier degré.
Elle aborde le nouveau collège unique du XXIe siècle dans la deuxième partie de son intervention.

Claude TRAN
Dernière modification le lundi, 30 mars 2015
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.