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Pénurie d'enseignants, lutte contre les discriminations, revalorisations salariales, violence entre les murs, inégalités scolaires, niveau en baisse, mutations empêchées, décidément comme l'a souligné Emmanuel MACRON devant les recteurs d'académie "quelque chose ne marche pas dans notre organisation collective.

" Certes le constat n'est pas nouveau et s'appuie sur un certain nombre de réalités indiscutables au point que le Président de la République parle d'un gâchis collectif face auquel il propose  "une méthode nouvelle qui part du bas", "une révolution copernicienne au regard de la tradition hiérarchique et bureaucratique du commandement au sein de l'institution scolaire.

Sauf que le chef de l'Etat se réfère à l'imaginaire éducatif dominant qui repose sur des piliers inébranlables parmi lesquels l'égalité des chances, et les apprentissages fondamentaux .Jean-Jacques ROUSSEAU montrait l'inanité du premier dès 1754, et Jules FERRY pourfendait le second en 1881 lors du congrès pédagogique des institutrices et instituteurs de France.. Ces deux auteurs parlaient d'abord d'éducation, or, ce mot est absent du discours présidentiel car, dans l'imaginaire éducatif au sein duquel il développe sa pensée, l'école reste plutôt un lieu d'instruction que d'éducation "Nous avons rendu l'instruction obligatoire dès trois ans " rappelle -t-il par ailleurs!!

Dans son discours aucune attention n'est portée à la question des savoirs. Pourquoi enseigner telle ou telle discipline et pas d'autres comme les élèves des lycées professionnels  à qui le Président prête attention dans son discours sans toutefois mentionner l'inégalité aux savoirs qui les frappe, selon des critères qui justement sont liés à l'origine sociale des élèves?

En éludant cette question essentielle de la politique des savoirs, Emmanuel MACRON appelle à changer de méthode sans véritablement interroger les contenus enseignés aux élèves Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre que la nouvelle méthode n'apporte pas de réponse probante au "gâchis collectif." dénoncé par le Président. Il n'est d'ailleurs pas sûr qu'en restant enfermé dans un imaginaire porteur de nos échecs actuels que l'école ait la capacité de conjurer le déterminisme social et la société de progrès que le Président de la République appelle de ses voeux!!

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Dernière modification le mardi, 20 septembre 2022
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/