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En France, nous avons furieusement tendance à organiser les classes et même les loisirs à l'intérieur, comme si nous faisions abstraction de  l'intérêt de fréquenter la nature.

Difficile de sortir de ce schéma !! Déjà, quand il fonde l'école républicaine en 1880, Jules FERRY évoque les sorties. Pour lui, l'institution scolaire ne peut se limiter à enseigner le "lire, écrire, compter". Il cite nommément "les promenades scolaires" qu'il appelle de ses voeux car, elles ont, selon lui, un réel intérêt éducatif. Mais, à l'époque déjà, une telle initiative n'allait pas de soi non plus, ni pour les parents d'élèves, ni pour le corps enseignant. Il était plus simple, plus sécurisant, plus économique  d'enfermer les enfants que de les mettre dehors.

Au fond, rien n'a vraiment changé !!

Entre l'éducation à l'environnement et les fondamentaux de l'éducation, le conflit est trop fort.

Avec d'un côté, une discipline, un âge, une heure, un prof, une note et quatre murs et de l'autre le dehors, une gestion du temps différente, l'observation, le travail de groupe, l'interdisciplinarité, la pédagogie de projet, la créativité des élèves, le choix est vite fait. D'ailleurs, tous les pédagogues qui ont porté ces idées, FREINET, MONTESSORI, REGGIO ont tous été malheureusement marginalisés.

Pourtant, en 1983, Roland GERARD a cofondé le Réseau Ecole et Nature auquel l'Education nationale n'a jamais apporté son concours, ni accordé le moindre subside. Quelques écoles, conçues sur ce modèle ont vu le jour grâce à la volonté, au courage, à l'opiniâtreté d'enseignant(e)s qui ont pris des risques et engagé leur responsabilité.

L'Education à l'Environnement a commencé officiellement  en 1977. Trente ans plus tard, elle a été transformée en Education au Développement Durable.  Le mot "environnement" a finalement disparu de l'intitulé.

Majoritairement, nous semblons considérer qu'il n'est pas nécessaire de sortir pour apprendre à protéger la nature. Nous cherchons à résoudre les problèmes, à sensibiliser les enfants aux enjeux environnementaux, aux extinctions de masse, à la pollution de l'air et de l'eau, aux éco-gestes, au recyclage, la plupart du temps assis en classe. Nous ne leur apprenons pas à penser la société. L'éducation n'est pas là pour résoudre les problèmes des adultes. Nous donnons aux générations futures une vision négative de l'engagement avec le message "sinon, nous allons mourir. Et  nous  les empêchons  d'avoir un projet positif ce dont nous avons impérativement besoin aujourd'hui.

Dernière modification le dimanche, 01 août 2021
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/