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Elle avait 53 ans, elle est morte "dans l'exercice de ses fonctions". Le nom d'Agnès LASSALLE vient ainsi s'ajouter aux dix autres victimes qui ont laissé leur vie, en quarante ans, dans nos écoles en faisant un métier qu'il pensait sans risques. Oui, comment peut-on mourir d'enseigner ? Cette question est légitime et nombre de professeurs ont le sentiment d'être exposés et de subir la violence de la  société.

Il est bien loin le temps où le philosophe Alain écrivait "J'aime ces murs blancs où la colère des hommes ne pénètre pas."

Mais, derrière ces 10 victimes, combien d'attaques verbales et d'incivilités sont commises par des élèves mais aussi par des adultes à l'encontre de ces représentants d'un service public essentiel pour notre jeunesse;

Un tel drame était-il prévisible ? Difficile à dire; Nous venons de vivre deux ans de confinement  qui ont bousculé nos équilibres physiques et psychologiques déclenchant malaise  et anxiété chez certains et chez d'autres, plus fragiles, des décompensations psychiques pouvant aboutir à des bouffées délirantes avec un ou des épisodes violents. Il y a sûrement une pluralité de causes derrière ce geste insensé qui nous sidère toutes et tous.

Nous vivons aujourd'hui dans une société où des individus ne supportent plus la frustration, le renoncement et sombrent dans le déni et le passage à l'acte.

Un regard, une parole malheureuse et c'est le drame; Comme s'il n'y avait plus de réflexion, d'anticipation, de retenue. A qui la faute? Trop facile de stigmatiser certaines populations pour se dédouaner ! Notre responsabilité est collective et totale et nous devrions toutes et tous nous interroger et donner enfin au service public les moyens d'exercer correctement sa mission, ce qui n'est malheureusement plus le cas. Nombre de drames pourraient sans doute être évités.

Nous pouvons déplorer par exemple l'insuffisance de la prévention et de la gestion de la santé mentale dans ce pays. Et cela  n'est pas spécifique à l'école.

Les attaques violentes existent quasi quotidiennement dans l'espace public, ce qui nous surprend nous révolte, c'est qu'elles se produisent  maintenant au sein même de l'Ecole. Agnès est morte de la folie abrupte et imprévisible d'un adolescent dans sa classe.Impensable ! Inacceptable ! Intolérable ! Au-delà de la tristesse, ce nouveau décès doit déclencher une volonté collective de protéger nos institutions en général et notre Ecole et ses agents en particulier !

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Dernière modification le lundi, 27 février 2023
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/