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En ce début du XXIeme siècle, les Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication (NTIC) sont devenues incontournables aussi bien sur le plan économique avec l’explosion du e-commerce que dans la sphère de l’enseignement à distance. Ainsi la cyberformation «Correspond à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour améliorer et/ou soutenir l’apprentissage dans l’enseignement tertiaire[1]»

Attention: ce texte est écrit depuis Avril 2006 par Michel MOUNARD & Ralphson PIERRE Avril 2006 © Tous droits réservés

Dés lors, apparaît une nouvelle typologie de savoir dit « savoir en ligne » qu’il convient de clarifier. Dans son ouvrage « L’accès au savoir en ligne » Jacques Perriault[2] le définit comme :

« Une activités permanente à distance d’échanges personnels et collectifs de consultation, de mises à jour de bases de cours et de documents en vue d’apprentissages, de constructions et de critiques, recourant à des formats et à des procédures normalisées, qui supposent le bon fonctionnement de l’infrastructure physique des télécommunications sur la planète. »

L’enseignement supérieur n’a pas attendu l’explosion de ce secteur pour s’emparer des TIC. Par exemple, L’Institut d’Enseignement à Distance (IED) de l’Université Paris 8 propose en ligne une licence en droit, une licence en sciences de l’éducation, une licence et un Master en Psychologie. La « révolution numérique » représente un bouleversement certain dans la transmission des savoirs. L’enseignement supérieur et la recherche, missions centrales de l’Université, n’échappent en rien aux secousses provoquées par cette évolution et de ce fait, l’enseignement à distance modifie t –il les missions de l’Université ?

Afin de répondre à cette question essentielle, nous réaliserons dans un premier temps un état des lieux de l’enseignement en ligne en France. Dans une deuxième partie, nous évoquerons les enjeux multiples et complexes du développement de l’enseignement en ligne. Enfin dans une troisième partie, eu regard de ce que nous aurons détecté, nous tenterons de donner une réponse à notre question centrale.

1.- L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE EN FRANCE

L’enseignement dit « à distance » a commencé dès 1939 En France. C’est un service par correspondance mis en place à travers le CNED (Centre National d’enseignement à Distance) par le ministère de l’Education Nationale. Il s’agissait de donner des cours par correspondance aux adultes et aux élèves en « Zone libre [3]» confrontés aux problèmes de scolarité au cours de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, le CNED forme à tous les niveaux dans le système scolaire français, de l’école primaire au du collège, du lycée aux études supérieures et même les formations professionnelles. Il offre jusqu’à 3.000 formations dans des domaines divers et variés.

Sachant que depuis le premier cours par correspondance dans le monde créé en 1840 par Isaac PITMAN[4] en Angleterre (GLIKMAN, 2002); la formation à distance ne cesse d’évoluer : du courrier passant par le téléphone, arrivant à l’Internet et les différents moyens et techniques liés aux TIC (technologies d’informations et de communications) en l’occurrence des CD-ROM, Visioconférence, audioconférence, chat et Forum. L’enseignement à distance ne fait que bénéficier un autre vecteur de diffusion et de médiation de connaissances à travers l’Internet et les TIC. D’où l’appellation de l’enseignement en ligne, qui est lui-même, une traduction de E-learning anglo-saxon. En France, certains établissements le changent pour E-formation, « E » c’est une abréviation du mot « electronic » qui se lit « i » et qui veut dire Enseignement en ligne ou par Internet, d’où E-mail (courrier électronique), E-ticket (Billet électronique) par le biais de l’Internet.

Rose HATTEMER[5] aurait retenu, en France, comme étant celle qui a crée en 1877 bien avant le CNED le premier cours par correspondance. « Le cours de Hattemer ». Son nom figure parmi les pionniers de la FOAD.

DEFINITION DE E-LEARNING ET FORMATION A DISTANCE.

Nous avons remarqué que de bon nombre d’écrits utilisent à tord et à raison les expressions suivantes : E-learning, formation à distance, E-formation, télé-formation, télé-universités, FOAD, FAD, EAD et j’en passe. Autant d’expressions servant à désigner ce que nous appelons « enseignement en ligne ou/et à distance ». Ainsi, nous ne nous intéressons qu’à la différence qui existe entre le E-learning et la formation à distance. Le E-learning ou enseignement en ligne, est un ensemble de méthodes basées sur des applications informatiques qui permettent un enseignement à distance. Cette formation se repose sur l’utilisation des Technologies de l’Information et de la communication (TIC): Internet et logiciels, (cd-rom, plate-forme etc.)

Une formation ouverte et à distance est un dispositif de formation organisé en fonction des besoins individuels ou collectifs (individus, entreprises, territoires). Elle comporte des apprentissages individualisés et l’accès à des ressources et compétences locales ou à distance. Elle n’est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d’un « formateur« . (Définition du ministère de la formation et de l’emploi, 2001.)

Or la formation à distance, est un ensemble de méthodes d’apprentissage plus vaste et se repose sur l’utilisation de plusieurs canaux de transmission du savoir : Partant du support papier jusqu’au numérique. Le mot « distance » est utilisé pour montrer l’absence du formateur ou de l’enseignant dans ce type d’apprentissage. Quelqu’un qui suit un cursus de psychologie au Cned par correspondance, est un apprenant de l’enseignement à distance, non pas un apprenant de l’enseignement en ligne. Par contre celui s’est inscrit dans un cursus de sciences de l’éducation à l’IED de Paris 8 par exemple, est un apprenant à distance et en en ligne aussi. Dans les deux (2) cas, ils n’ont pas de contact physique avec l’enseignement comme cela devrait être dans un dispositif d’apprentissage dit « traditionnel » donc tous les deux (2) sont des apprenants à distance par correspondance mais pas en ligne. L’Internet a juste donné une seconde vie aux dispositifs d’enseignement à distance.

Il nous est difficile de parler d’enseignement en ligne sans avoir fait ce petit tour d’horizon dans l’enseignement par correspondance, qui entre maintenant dans ce que nous appelons l’enseignement à distance. Juridiquement cette forme d’enseignement, est reconnue depuis la loi du 12 juillet 1971. Elle reconnaît la création de tout organisme privé dispensant un enseignement à « distance ».

Les universités et les organismes publics ou prives qui offrent un enseignement en ligne, deviennent une réalité en France avec l’accès au haut débit. L’ADSL se définit comme un service d’accès à

Internet par des lignes téléphoniques de façon asymétrique et numérique. De l’anglais, ADSL se traduit : Asymetrical Digital Subscriber Line, ce qui donnerait à peu près en français Ligne asymétrique numérique. Cette nouvelle technologie permet de transférer plusieurs mégabits ou mégaoctets (Mo) par seconde sur les deux (2) fils de cuivre de la ligne téléphonique. Au moment où nous rédigeons ce texte, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) peuvent offrir une connexion ADSL allant jusqu’à 20 giga. Cette croissance vertigineux de l ‘accès à Internet en France, sera bénéfique pour les partisans de l’enseignement en ligne. La formation ouverte et à distance(FOAD) connaîtra en même temps le même succès phénomène en France. Le nombre d’abonnés ADSL en France en 2006 s’élève à 12, 7 millions sans compter ceux qui ont le bas débit selon ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des postes). Il faut savoir que cette possibilité d’accès à haut débit a permis largement à l’enseignement à distance de se mettre au pas des NTIC. Ce boom ADSL a donné ses premiers signes dans les années 2000 car en 1999, il n’y avait aucune connexion à haut débit selon la même source. De 2000 à 2002, il comptait déjà 1, 7 millions d’abonnés ADSL.

LES UNIVERSITES, CENTRES, INSTITUTS ET ORGANISMES D’ENSEIGNEMENT EN LIGNE.

On compte plus de 250 plates-formes de E-learning en France selon l’université de Bourgogne. La plupart des 85 universités françaises ont des ressources en ligne ou ont tout simplement un enseignement en ligne. C’est le cas de l’université Paris 8 de concert avec l’IED[6] (Institut d’enseignement à distance, de l’université Aix-Marseille, de l’université d’Angers, de l’université Antilles Guyane, de l’université bordeaux 3, de l’université de Bourgogne-Dijon, de l’université Caen Basse-Normandie, de l’université de Clermont-Ferrand 2 – Blaise Pascal, de l’Université de Grenoble1 J.Fourier, de l’université de Rouen, de l’université de Grenoble 3, de l’université de Lille 2, de l’université de Lyon 2 – Lumière, de l’université de Marne-la-Vallée, de l’université de Montpellier 1, de l’Université de Montpellier 3- P Valéry, de l’université de Nice Sophia Antipolis, université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, de l’université de Paris 10 – Nanterre, Université de Picardie – J- Verne, de l’Université de Rennes 2, de l’Université de Strasbourg-Le-Pasteur. Cette liste n’a pas l’objectif d’être exhaustive mais elle montre clairement que les universités françaises ont quand même emboîté le pas ne se serait-ce qu’au niveau de la mise en ligne de ressources.

Il y a beaucoup de centres, d’organismes et d’instituts qui offrent ce type d’apprentissage en ligne. Nous pouvons citer à titre d’exemple le campus numérique FORSE (formation et ressources en sciences de l’éducation), l’AUF (Agence Universitaire Francophone) Les entreprises et les écoles ou

instituts privés d’enseignement à distance ont deux (2) particularités différentes, de façon respective, l’un fait de la formation continue et l’autre plutôt de la formation initiale mais nous pouvons trouver aussi des écoles qui font les deux types de formations.

L’institut de Formation en soins animaliers (IFSA) comme tant d’autres font ce que nous appelons de la formation professionnalisante à distance. Elle est de courte durée et conduit l’apprenant directement sur le marché du travail.

a) FORMATION INITIALE

Ce type de formation existe dans l’enseignement en ligne mais elle est peu demandée par rapport à la formation continue. Les jeunes qui ne sont pas partie prenant de ce dispositif de formation initiale en ligne. La formation en alternance est considérée comme étant de la formation initiale dans la mesure où les jeunes ne sont pas vraiment dans la vie professionnelle activement. Ce type de formation est plutôt offert par les universités. C’est pour cela beaucoup de spécialistes du domaine pensent que le E-learning est une seconde chance pour les personnes en difficultés d’apprentissage.

Au Canada et au Québec, 96% des élèves quittent l’enseignement secondaire sans avoir obtenu leur diplôme d’étude secondaire (DES) selon le Réseau d’Enseignement Francophone du Canada (REFAD, 2002). Ces élèves trouvent leur chance dans la formation en ligne. Il est peu probable de retrouver ces personnes dans ce type de formation initiale parce que le plus souvent, elles entrent en formation après des années d’expériences dans un domaine quelconque et souhaitent d’améliorer les compétences ou d’acquérir de nouvelles connaissances selon les exigences de l’ère et du marché. D’où leur place dans un dispositif de formation professionnelle continue que dans une formation initiale ; bien souvent elles ne répondent pas aux exigences des conditions d’accès.

b) FORMATION CONTINUE

La formation continue est reconnue par la loi du 16 Juillet 1971, qui fait obligation aux entreprises de prendre en charge la formation professionnelle continue de leurs salariés. Elle est destinée aux personnes qui sont en situation de salariés dans une entreprise ou encore en réorientation professionnelle. Avec l’intégration du système de FOAD (formation ouverte et à distance), l’auto formation va prendre une grande part à l’échelle de la formation continue. Selon le centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ, 2001) : 75% des personnes formés dans le cadre de la

formation continue ont eu recourt a des stages, des cours, des séminaires ou des conférences ; 20% sont formés sur les lieux du travail ce qu’on appelle FEST(Formation Effectuée en Situation de Travail) et les 5% sont ceux de l’autoformation. La formation en ligne centrée sur l’autoformation de l’apprenant permet :

 

  • De contourner les contraintes d’espaces ou de temps
  • Se reconvertir ou se réorienter professionnellement
  • Se perfectionner pour accéder une promotion professionnellement
  • Accéder à un premier emploi (promesse d’embauche)

 

En gros, la formation continue en ligne est plus avantageuse pour les employeurs. Cela évite à l’entreprise de donner le congé de formation à ses salariés afin de pouvoir se former. Le salarié peut tout aussi bien se former tout en étant disponible sur son lieu de travail. Certaines grandes entreprises possèdent même leurs plates-formes de formation en ligne c’est le cas du géant de l’acier ARCELOR, IBM et d’autres entreprises. En 2000, 92 % des entreprises américaines ont envisagé un projet de E-learning a rapporté l’institut d’audiovisuel et de Télécommunications en Europe (IDATE). Le E-learning n’est pas perçu de la même façon par tous les acteurs de la société. Les employeurs ont l’impression que ce nouveau moyen d’apprentissage et d’enseignement est plus efficace qu’une formation de groupe de type traditionnel. A la fois longue et coûteuse, la formation de groupe cède sa place au fur et à mesure au e-learning pour deux (2) raisons.

1) L’efficacité de la formation (résultats immédiats)

2) Le coût de la formation

Il faut savoir que ces raisons ne sont guère celles des employés-apprenants. Désireuses des résultats immédiats, les entreprises misent sur la courte durée de la formation en ligne, tout en accordant une attention particulière à l’efficacité. Selon un rapport datant 2004 effectué par Wintness Systems sur le groupe IBM[7], les cadres apprennent 25% de plus dans un dispositif de formation individualisée que s’ils étaient en formation traditionnelle. Le dispositif de e-learning met l’apprenant en contact direct avec le savoir et il est de maître de sa formation, et il apprend à son rythme selon ses disponibilités. En ce qui concerne l’employé-apprenant, son choix est porté sur le e-learning pour des raisons beaucoup plus pratiques et personnelles.

 La diminution des frais et du temps de transports·

 Quasi-élimination du stress et de modification de son comportement (par rapport aux modes d’évaluations)·

Pour conclure cette partie, le e-learning est extrêmement important pour les entreprises. Dans une logique de rentabilité, de mieux servir sa clientèle, de suivre l’évolution des moyens technologiques, le besoin de formation des employés se fera sentir a chaque où l’acte de service fait défaut. La Mise à jour des acquises devient un espace obligé pour le rendement et la rentabilité de toute entreprise digne de ce nom.

LA RECHERCHE DANS L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE.

Que ce soit dans la formation initiale, ou dans la formation continue, cette question ne se pose pas encore. Si les deux (2) formations susmentionnées ont trouvé leur place dans le E-learning même quand il y en a une qui emporte plus sur l’autre ; mais cette mission existe malgré elle.

Le Cned qui est a le label de la d’enseignement à distance n’a pas jusqu’ici un laboratoire de recherche propre au centre. Par contre, il est rattaché à divers laboratoires de recherche dans le E-learning. Le seul laboratoire de recherche qui existe, est en phase d’expérimentation à la faculté des sciences et technique de l’école Polytechnique Fédérale de Lausanne[8] en Suisse (EPFL) mais qui ne fait pas d’enseignement en ligne. Ce laboratoire à distance est basé sur la technologie Apple. Plus de 200 étudiants peuvent se connecter sur 30 plates-formes d’expérimentions à toute heure de la journée. Les interventions se font comme si vous étiez physiquement dans le laboratoire grâce à une pédagogie collaborative. Il est difficile d’énumérer tous les établissements d’enseignement à distance qui n’ont pas de laboratoires de recherche en France mais il est sur que ces établissements garantissent malgré eux, l’enseignement supérieur à distance (par correspondance ou ligne). Pour l’instant, cet enseignement supérieur a distance va de la licence jusqu’au Master II. Il n’y pas d’enseignement de la licence aux études doctorales en ligne, par contre, vous pouvez toujours en faire un cycle d’étude même quand c’est peu fréquent en France, mais c’est possible dans les pays anglo-saxon (university of Manchester, UK).

L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE ET SES ENJEUX

Enseigner n’est pas facile. Platon a dit dans l’un des ces dialogues « la république » qu’il existe deux (2) métiers les plus difficiles au monde : le métier d’enseigner et celui de gouverner. Devant l’immensité et la complexité dans la psyché humaine Sigmund Freud a ajouté un troisième : le métier de soigner. Donc en résume, il y aurait trois (3) métiers les plus difficiles au monde : « enseigner, gouverner et soigner ». De nos jours l’éducation est politique, donc c’est une affaire d’État. Qui dit État, dit Enjeux, et qui dit enjeux, dit politiques, sociaux, pédagogiques, économiques et même institutionnels.

c) Enjeux pédagogiques.

L’enseignement en ligne présente pas mal d’enjeux pédagogiques de toutes sortes. Nous pouvons parler d’enjeux pédagogiques institutionnels, enjeux au niveau du processus de transmission par l’enseignant et d’acquisition pour l’apprenant. A rappeler que dans ce dispositif d’enseignement en ligne, contrairement à l’enseignement traditionnel, l’apprenant est aussi acteur de ce dispositif et maître dans sa formation

SCHEMA

Apprenant ——Tuteur —–Savoir /connaissances—–tuteur ——–Enseignant /personnes ressources.

Partant de ce schéma, inspiré du triangle pédagogique de Jean HOUSSAYE[9], nous pouvons en déduire que ce mode d’enseignement met en cause le véritable rôle de l’enseignant si nous nous référons à un enseignement de type traditionnel qui le place au centre du processus d’apprentissage. Cette nouvelle forme d’apprendre est axée sur les TIC, ou comme disait de façon ironique le professeur Hélène BEZILLE[10], c’est la pédagogie des logiciels. En tout cas, avec l’utilisation des TIC dans l’éducation et la formation, on se tend vers une individualisation de la formation, et l’apprentissage se fait à son rythme (JEZEGOU, 1998) pour se faire, l’apprenant doit être aidé à appréhender le contenu. D’où le rôle crucial du tutorat dans la formation en ligne. La fonction tutoriale pose pas mal d’enjeux pédagogiques et de contre sens. Entrel’enseignant et les personnes-ressources, l’ambiguïté de définition de rôle ronge déjà tout dispositif d’E-formation. Pour dire vite, l’enseignant dans un dispositif de E-learning est plutôt une personnes-ressources, ce qui veut dire, une ressource humaine qu’on peut consulter s’il y a besoin.

Cela peut être un formateur, un tuteur, un enseignant, un technicien ou encore un informaticien. Cependant l’enseignant ou le formateur élabore les ressources pédagogiques mises en ligne. (Cours, exercices, corrigés etc.) Étant donné que l’apprenant est mis directement en contact avec le savoir, le rôle de l’enseignant disparaît ipso facto. L’absence physique de l’enseignant, l’aspect émotionnel, l’autorité et l’expressivité humaine vont manquer à l’efficacité de la formation et du processus d’apprentissage d’où le rôle des tuteurs car l’homme est un être social, [11]un être de relation[12].

QU’EST-CE QU’UN TUTEUR EN LIGNE ?

Il faut d’abord distinguer le tuteur en ligne de celui en entreprise, et voire même de celui du présentiel mais en effet, ils ont à peu tous les mêmes rôles mais avec des moyens et supports différents. L’e-tuteur est avant tout quelqu’un qui guide, accompagne et encourage l’apprenant dans sa formation. Ensuite, il peut être aussi considéré comme étant une personne-ressource. Enfin, en dépit de ces interventions sur les questions pédagogiques (contenus et animation), le tuteur se voit souvent intervenir sur des questions d’ordre technique et administratif. Malgré son rôle est surtout centré sur l’utilisation des outils de communications (chat, e-mail, forum, téléphone, fax, Visio conférence, Faq, fax etc.) n’empêche que l’on assimile à un assistant-enseignant. Pour certains ce n’est pas une ressources, pour d’autres c’est une compétence référentielle par rapport aux personnes-ressources, que sont les enseignants.

Le tuteur en ligne est perçu de diverses façons par les acteurs et spécialistes de E-learning. Nous pouvons citer l’exemple des assistants d’éducation[13] qui sont vus comme un pion par les élèves, un Surveillant pour les CPE, des assistants d’éducation pour l’administration ou la direction et, un job pour les étudiants. Or si nous nous référons à la fonction et au rôle de ce nouveau, nous pouvons dire tout simplement c’est l’assistant du conseiller pédagogique d’éducation (CPE). Face à ces multiples représentations du tutorat, à savoir, une fonction d’encadrement, de guidance, de soutien, d’assistance de facilitation, d’animation, d’accompagnement, de suivi ou même de formation, le tuteur se retrouve dans une posture incontournable dans le E-learning si jamais les instances concernées ne se pressent à pas de définir son rôle, son statut et ses limites dans la fonction tutorial

LES ENJEUX MULTIPLES ET COMPLEXES DE L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE.

 LA FORMATION PERMANENTE ET LE E-LEARNING

Le développement de l’enseignement en ligne met en lumière l’imbrication de différents enjeux, qu’ils soient économiques, sociaux ou politiques. Ceux ci sont en étroite interrelation. La formation à distance et l’enseignement universitaire sont, de fait partie prenante quant à l’influence des NTIC sur leur propre développement. La formation continue n’a pas attendu les nouvelles technologies pour exister. Les institutions ont adapté les techniques numériques pour répondre à la demande croissante ainsi que pour gérer les relations logistiques. La formation à distance a évolué pour prendre en compte les besoins individuels et devenir pour ainsi dire « une formation sur mesure »ou le facteur humain est loin d’être négligeable. En effet, il semble improbable de faire l’économie du contact humain.

Aussi bien pour la formation permanente que pour la formation continue, la nécessité de regroupement des stagiaires pour l’une et les entretiens ne serait ce que d’information pour l’autre démontrent que la médiation humaine se révèle indispensable et parait difficilement réductible à un cheminement sur Internet. Paradoxalement l’offre de formation n’a pas particulièrement évolué au contraire de la demande des entreprises qui exigent aujourd’hui une mise à jour constante des contenus de formation.

Afin de fidéliser de leur clientèle, « la demande appelle une relation forte et nourrie d’interactions rapides avec l’organisation qui fournit le savoir. »[14]

Selon Jacques Perriault la formation à distance « a intégré progressivement les techniques numériques afin de faire face à une demande croissante mais a enchâssé la pratique dans une expérience professionnelle de longue date [15]». Le e-Learning a connu une évolution sensiblement différente. L’utopie selon laquelle chacun pourrait apprendre en direct rien qu’en proposant des savoirs sur un écran a fait long feu. Certain professionnels de la formation à distance ont tenté en vain entendre leurs voix en prévenant.

« Qu’il ne suffisait pas de mettre des savoirs sur écran, qui souvent souffraient de l’effet diligence, manuels scolaires débités en page d’écran, mais qu’il fallait penser au fameux back office, cet ensemble de relations complexes à gérer avec les étudiants, qu’il fallait établir des lieux de rencontre à proximité si l’on voulait avoir des clients[16]. »

Les économies réalisées grâce au e-learning ne sont pas à la hauteur des espérances des pourvoyeurs de formation. En effet, retour sur investissement se montre rentable que si on intègre dans le calcul les économies réalisées sur les déplacements et les frais liés aux formateurs. Dés 2001 « les marchands de savoir en ligne » commencent à rencontrer de réelles difficultés. La firme nord américaine Digital Think est une des rares à présenter des résultats financiers satisfaisants.

La marchandisation des savoirs et connaissances commence à inquiéter. Ces détracteurs, à l’image d’ATTAC, craignent un recul significatif de la pensée critique. La défiance s’installe et les profits engendrés sont bien éloignés de ceux escomptés. L’utopie du e-learning a fait long feu.

« Les entreprises n’ont, à cette date, pas compris les avantages du e-learning ni la façon de l’introduire dans la formation du personnel[17]. » Mais il n’est pas question de considérer le e-learning comme inefficiente et inefficace. Tout reste à créer. « …il reste à créer les projets et réalisations porteurs d’avenir [18]».

L’ENSEIGNEMENT UNIVERSITAIRE

Les NTIC à la fin du XXème siècle étaient surtout utilisées comme compléments de cours notamment par l’usage de CD- ROM. Depuis les universités virtuelles se sont multipliés. 2003 voit la création d’Universités Numériques Thématiques

« La structuration du projet repose sur la création d’un réseau “enseignement supérieur” organisé autour des universités numériques thématiques “UNT”. Il a pour objectif de coordonner et piloter les différentes actions concourant à la diffusion des usages des TIC dans l’enseignement supérieur, par le développement d’une offre de services accessibles en ligne aux étudiants, dans différentes situations d’enseignement : sur le campus ou à distance [19]» Les universités offrent désormais à leurs étudiants une palette de cours. L’institut d’Enseignement à Distance (IED) de Paris 8 propose notamment une licence de sciences de l’éducation.

Les universités virtuelles se sont développées dans les pays anglo-saxon (Canada, Australie, Etats-Unis, Royaume Unis). Les universités situées en Europe, en Amérique Latine, en Russie ont suivi. Mais l’usage du terme université numérique ou campus numérique défini plusieurs configurations ; il désigne tantôt un partenariat, tantôt le simple passage à la mise en ligne, tantôt les deux. Très souvent, la création de ces ensembles génériques révèle en premier chef d’une préoccupation stratégique ; plusieurs universités construisent une alliance avec une entreprise en tête de file, pour contrôler un marché avec comme corollaire la création d’une vitrine internationale. Les universités qui ont participé au mouvement du e-learning ont tenté de se créer une notoriété internationale dans le but de capter les étudiants et sont entrées dans une lutte concurrentielle. Une de leur cible étant le marché de la formation professionnelle, elles affrontent le secteur privé.

L’accroissement de la proposition de l’enseignement à distance implique la maîtrise par l’étudiant de l’outil informatique et des TIC ainsi que la possibilité de s’équiper d’ordinateurs portables aux moindres coûts.

L’opération « Micro Portable Étudiant, 18 mois après son lancement a permis d’équiper 400 000 étudiants dont un tiers désormais possède un ordinateur portable. Du coté des universités, le wifi connaît aujourd’hui une forte progression.

La France est en tête des pays européens pour l’accès universitaire à Internet. Mais le bilan est nettement moins flatteur quant aux connections wifi des cités et restaurants universitaires.

Le développement de l’enseignement en ligne n’a pas engendré les économies de coûts tant espérées. L’informatisation accrue des processus de développement et de fourniture, des coûts marginaux réduits, et la diminution voire la disparition des frais de voyage et de logement était autant de promesse de réduction de la dépense.

Un rapport de l’OCDE précise que l’incidence de la cyberformation a été plus forte sur les campus ou elle complète les activités de la salle de cours et de fait les économies directes sur le logement et le voyage ont été éliminées. De même, la diminution des coûts de développement et fourniture a été gommé par le coût élevé du développement des logiciels et dans de nombreux cas, par la demande en soutien présentiel pour les activités à distance. Les applications en ligne à usage administratif semblent généralement compléter les procédures traditionnelles plutôt que de s’y substituer. Le constat de l’OCDE semble sans appel .

« Enfin il est clair désormais que l’enseignement en ligne engendrera des coûts d’infrastructure permanents et significatifs. De ce fait de nombreuses conditions susceptibles de conduire à un meilleur coût- rendement de la cyberformation par rapport à l’apprentissage classique ne sont pas remplies. Dans ce contexte, la réduction des coûts globaux d’enseignement apparaît comme un élément crucial de l’équation.[20] » Les économies préconisées par l’organisation internationale reposent sur la généralisation du service en ligne, la « virtualisation » renforcée de l’enseignement ainsi que la standardisation des savoirs.

CONCLUSION

L’université a pour mission première: ” l’enseignement supérieur et la recherche”. En ce qui concerne le E-learning, nous avons constaté que la plupart des instituts ou centres d’enseignement a distance offrent ce que nous appelons plus couramment de la formation initiale ou continue. En d’autres termes, ils participent pleinement dans l’enseignement supérieur malgré les opinions diverses et variées sur cette nouvelle façon d’apprendre. Nous pensons que l’enseignement supérieur en ligne peut être vu comme une chance pour l’enseignement supérieur en général car il donne à notre avis, une seconde chance ou vous voulez un second souffle aux personnes dites en« difficulté d’apprentissage » que le système scolaire et parfois même le système universitaire traditionnel ont rejeté. Il faut aussi souligner que la formation initiale en ligne est a son stade d’embryon par rapport a la formation continue qui connaît un succès phénoménal auprès des professionnels des entreprises. Il est plus difficile pour un jeune bachelier d’entamer des études en ligne même quand ce dernier peut rencontrer des contraintes de temps et d’espace. Ce qui ne veut pas dire que les dispositifs de formation à distance ne sont fait que pour les adultes. Nous reconnaissons que ce type d’enseignement est essentiellement basé sur la capacité autonome du sujet à prendre en main sa formation. Partant de ce principe, le e-learning s’inscrit de façon d’emblée dans une logique d’autoformation.

La recherche proprement dite n’existe pas au sein des instituts de formation en ligne. Il n’est pas innocent quand nous disons “en ligne “ au détriment du mot “ à distance”car il y a des laboratoires de recherche qui collabore, fédère ou encore rattache aux différents centres d’enseignement en ligne mais ce partenariat garde le caractère indépendant de toutes ces structures de recherche. Pour mieux comprendre, prenons des laboratoires de recherche Experice et Escol qui sont des structures de recherche spécialement implantées à l’université Paris 8. Nous dirons même qu’ils appartiennent et fonctionnent a Paris 8. Or nous ne trouvons que des laboratoires de recherche s’intéressant aux questions du e-learning qui se rallient à ces centres de formation, c „est le cas du Cned.

 

[1]              La cyberformation dans l’enseignement supérieur: Etat des lieux-ISBN-92-6400922-I ©OCDE-2005 2

[2]              Jacques Perriault : « L’accès au savoir en ligne »Ed. Odile Jacob, p.18

[3]              Nom Donné à la partie de la France non-occupée par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale.

[4]              4 Sir Isaac Pitman, inventeur Anglais (4 Janv. 1813 – 22 Janv. 1897) Très connu pour la méthode Pitman en sténographie.

[5]              5 Rose Hattemer, institutrice alsacienne, connue pour les « cours Hattemer » créé depuis 1885.

[6]              Institut d’Enseignement à Distance de l’université Paris 8

[7]              International Business Machines, corporation fondée depuis 1889, son quartier général est basé à Armonk, NY, USA

[8]              http://www.apple.com/fr/education/profiles/epfl_lab/ ——http://www.epfl.ch/

[9]              Professeur de sciences de l’éducation à l’université de Rouen, auteur de nombreux ouvrages sur la pédagogie

[10]             Maître de conférences à l’université Paris 8, spécialiste de l’autoformation et de l’autodidaxie

[11]             Jean –Jacques ROUSSEAU, Emile, Tome II,

[12]             Gérard BARNIER (2001) in « Tutorat dans l’enseignement et de la formation » Ed. L’harmattan

[13]             Assistant d’éducation :  Nouveau poste créé en 2003 par le Ministère de l’éducation nationale français

[14]         Jacques Perrault : « l’accès au savoir en ligne » Ed. Odile Jacob p : 91

[15]             Idem p.93

[16]             idem p. 93

[17]             idem p.124

[18]             Idem p.93

[19]             http://www2.educnet.education.fr/sections/superieur/usages/unt/

[20]             La cyberformation dans l’enseignement supérieur : Etat des lieux-ISBN-92-6400922-I ©OCDE-2005

Dernière modification le dimanche, 13 décembre 2015
Ralphson Pierre

Technopédagogue, Psychopégagogue, Consultant-Formateur TICE
Spécialiste des Technologies appliquées à l’Éducation 
( E-learning , FOAD, MOOC, Réseaux Sociaux, Autisme, Éducation Spéciale)

www.twitter.com/RalphsonPierre