Imprimer cette page

Enseignante en maternelle, dès les premiers stages en pratique accompagnée ou en responsabilité d’abord, puis en tant que brigade ensuite, je ne me retrouvais pas dans "les groupes de couleurs" si répandus, pour organiser le travail en ateliers.

Certes, sur le papier, ils m’apparaissaient faciles d’utilisation, pratiques, précis. En pratique, c’était une autre histoire :

- Difficultés à faire rattraper le travail aux absents

- Lassitude de faire travailler toujours les mêmes élèves ensemble, toutes matières confondues.

- Difficulté à prévoir des ateliers d’une durée précise.

- Si un atelier « débordait » de son temps prévu, il fallait vite y mettre fin pour récupérer les autres élèves. Si un autre était trop court, cela devenait vite le bazar dans la classe.

En T1, avec ma classe de MS à l’année, j’ai commencé à réfléchir à un système plus libre pour les ateliers, où les élèves auraient le choix.

Ils disposaient chacun de 2 étiquettes, une verte pour l’atelier de l’atsem, une jaune pour le mien. Il y avait en parallèle plusieurs ateliers autonomes. Je demandais chaque matin qui désirait faire tel atelier. Les élèves levaient le doigt, et c’est finalement moi qui tranchais sur qui viendrait avec moi ou l’atsem. Ils mettaient leur étiquette sur l’affiche correspondante. Ça leur donnait l’impression de choisir, mais c’est quand même moi qui décidais. C’était un « bazar organisé ».

 Je n’avais que très peu de regard sur ce que faisaient les élèves en autonomie. Il pouvait se passer 40 minutes sans que je sache ce qu’untel avait fait.

J’ai alors commencé à chercher des idées d’organisations afin d’avoir un retour sur ces ateliers autonomes, de permettre aux élèves de réellement choisir ce qu’ils allaient faire sans ce que soit trop lourd à gérer tous les jours.

Après un an de réflexion, de piochage d’idées ici et là sur la toile (merci à Christine Lemoine pour son superbe site http://maternailes.net/pratiques/inscription/inscription.html  dont je me suis beaucoup inspirée), voilà ce dans quoi je me suis lancée.

Intérêts pédagogiques :

1-      Pour l’élève 

Devenir de plus en plus autonome dans les activités scolaires.

Travailler à son rythme et avoir le choix.

Pouvoir recommencer et donc se tromper et s’améliorer.

Développer sa clarté cognitive.

Recueillir des informations organisationnelles et réagir.

Avoir la possibilité de travailler avec des enfants différents chaque jour.

2-      Intérêts pédagogiques pour l’enseignant 

Mettre plus facilement en place de la différenciation (par la tâche, le nombre d’enfants présents à chaque atelier…).

Avoir un regard sur ce qu’ont fait les élèves et percevoir les préférences de chacun, puis les développer mais aussi motiver d’autres centres d’intérêts.

Avoir le temps de prendre le temps :

  • De travailler avec des enfants plus lents, plus en difficulté
  • De travailler en tête à tête avec certains enfants
  • De travailler plus longuement une notion complexe

Avoir des groupes souples et modulables à tout moment, qu’il y ait des enfants absents ou non.

1-      L’inscription aux ateliers

  1. a.      Quand ? Chaque matin, à la fin de l’accueil, pendant  que les enfants commencent à ranger les jeux de la classe, l’enseignante et l’atsem installent au fur et à mesure les ateliers avec le matériel nécessaire et la boîte d’inscription correspondante.

boîte lait installée sur table 03

Les enfants, une fois leurs jeux rangés peuvent alors aller chercher leur étiquette prénom dans la pochette et s’inscrire à l’un des ateliers proposés :

Ils ne s’inscrivent pas directement avec leur étiquette sur un grand tableau en entrant en classe par souci d’équité : que ce ne soit pas toujours les mêmes qui aient la plus grande palette de choix possible (enfants du périscolaire ou ceux qui arrivent plus tôt que d’autres).

Modification au bout de quelques jours : le système de pochette s’est avéré n’être pas pratique du tout. Trop d’étiquettes se superposaient, il y avait énormément de prénoms, les enfants mettaient beaucoup de temps à retrouver le leur et à s’inscrire aux ateliers. J’ai donc fait évoluer le système avec des affiches à scratch. Chaque enfant a son prénom en bâton inscrit au feutre indélébile à gauche de l’affiche (tous les prénoms sont en colonne). Chaque prénom est suivi de deux scratchs pour accrocher les étiquettes prénoms (actuellement en écriture script).

affiches dans classe 01

Ce système est non seulement plus pratique pour les enfants (ils retrouvent plus rapidement leur étiquette et ont un temps d’atelier plus long) mais aussi pour moi : je vois très rapidement le matin si un enfant ne s’est pas inscrit à un atelier (ses deux étiquettes restant alors sur l’affiche).

Pour ne pas que les enfants absents rentrent en jeu, une étiquette de chaque enfant est disposée sur une table avec celle des autres enfants à l’accueil. Quand ils entrent dans la classe, les enfants vont l’accrocher sur l’affiche. Il ne reste alors que celle des absents qui sont réservées dans une petite boîte.

étiquettes accueil 01 étiquettes accueil 02

 

 

 

 

 

 

       

b.      Comment ?

boîte lait place limitée 01Pour s’inscrire à un atelier, l’enfant scratch son étiquette sur un scratch disponible d’une des boîtes de lait. Il y a systématiquement plus de places que d’enfants présents pour que chacun ait le choix.

Par défaut, les ateliers se composent de 8 places.

Le nombre de place peut être limité à un nombre d’élèves entre 1 et 8 en plaçant sur les scratchs disponibles des panneaux d’interdiction. Les élèves ne pourront alors pas placer leur étiquette prénom.

Cela permet par exemple de limiter un jeu de société à 4 enfants. L’information visuelle est simple à comprendre pour les enfants et il n’y a pas besoin de déplacer les chaises de la classe.

       c.       Quel atelier ?

Les enfants ont pour consigne de choisir en priorité un atelier qu’ils n’ont pas encore fait. S’ils ne peuvent pas immédiatement toujours refaire l’atelier dirigé ou l’atelier semi-dirigé pour que chaque enfant passe dessus rapidement, ils peuvent refaire à leur guise les ateliers autonomes.

Un atelier ne changera que lorsque chaque enfant l’aura réalisé (à moduler dans le cas d’enfants malades durant une longue période).

2-      Les ateliers

        a.      Types d’ateliers

Chaque matin sont proposés :

- Un atelier dirigé avec l’enseignante : tous les domaines de compétences peuvent être concernés

- Un atelier semi-dirigé avec l’atsem : idem

- Des ateliers autonomes :

  • Individuels : axés sur la manipulation et l’entraînement au graphisme (écriture, graphismes simples, dessins, coloriages…).
  • Collectifs : principalement des jeux de coopération ou de confrontation (jeux de société déjà travaillés en ateliers dirigés ou semi-dirigés), des constructions ou travaux plastiques collectifs.

enfants en situation floutée    b.      Présentation des ateliers aux enfants

Chaque nouvel atelier est présenté aux enfants en groupe classe, à la fin de la matinée ou en fin d’après-midi. Il ne peut être mis en place sur les tables et disponible aux inscriptions que s’il a, au préalable, été expliqué.

À chaque atelier correspond une boîte d’inscription de couleur. Lors de la présentation, il est expliqué aux enfants, à l’aide de pictogrammes sur des affiches de couleurs correspondantes, ce qu’ils vont y apprendre : apprendre à lire, à écouter, à compter, à regarder, à peindre, à écrire, à colorier…

coin regroupement 01

affiches clarté cognitive 06 floutée

affiches clarté cognitive 05

Cela permettra non seulement de favoriser leur clarté cognitive, mais aussi de leur permettre de choisir ce qu’ils veulent faire et de se souvenir du contenu de chaque atelier.

Ces affiches seront visibles à tout moment de la journée et si possible/nécessaire, comporteront un exemplaire du support utilisé ou une miniature du travail à faire.

Exemples :

- pour un atelier autonome de coloriage, un coloriage vierge complètera l’affiche

- pour un atelier dirigé de langage sur un conte, on pourra poser sur l’affiche une miniature de la couverture de l’album utilisé.

mettre étiquette ds boite 01c.       Déroulé des ateliers

Ces ateliers se déroulent le matin, après les rituels, sur une plage horaire d’environ 40 minutes. Durant ce temps, l’atelier semi-dirigé pourra accueillir deux groupes différents tandis que l’atelier dirigé n’en accueillera qu’un. C’est une organisation souple qui s’adapte au rythme des enfants et non l’inverse.

Des enfants auront ainsi l’occasion de faire un, deux, voire peut-être pour les plus rapides trois ateliers différents dans une même matinée tandis que d’autres n’en feront qu’un. Cela dépend non seulement de leur rythme mais aussi de leur volonté et motivation du jour.

En effet, les enfants ont pour consigne de faire « au moins » un atelier. Lorsqu’ils l’ont terminé, ils dé scratchent leur étiquette prénom et la mettent dans la boîte par l’intermédiaire de l’ouverture du couvercle (comme dans une boîte aux lettres).

Plusieurs possibilités s’offrent alors à eux. Ils peuvent :

- Aller jouer à un coin jeu de la classe (selon les places disponibles, coins limités par l’utilisation de colliers) : cuisine, écoute, bibliothèque, ordinateur…

- Sortir une boîte du style Montessori.

- Commencer un nouvel atelier

  • Autonome : si le nombre de place le permet
  • Semi-dirigé ou dirigé si l’atsem ou l’enseignante indiquent qu’il y a des places disponibles et que le temps restant le permet.

Ils doivent alors aller chercher une nouvelle étiquette prénom et la scratcher sur la boîte correspondante.

Cette organisation permet ainsi de s’adapter au rythme de chacun.

Lorsque les ateliers dirigés et semi-dirigés touchent à leur fin, l’enseignante range le matériel correspondant avec l’aide des enfants présents, leur indique d’aller au coin regroupement, signe pour les autres enfants en autonomie qu’il va être temps d’arrêter leur activité pour la reprendre plus tard. Ils ont alors un peu de temps (quelques minutes) pour fignoler leur travail, glisser leur étiquette dans la boîte correspondante et ranger le matériel. C’est l’occasion pour l’enseignante de passer les voir, discuter un peu avec eux de leur travail, leur donner des conseils…

Puis elle rejoint le coin regroupement pour commencer une courte activité transitoire (jeux de doigts, chants, rythme corporel…) en attendant que tous les enfants soient là, prêts à aller en salle de motricité.

Durant les ateliers, les enfants qui ne sont ni avec l’atsem, ni avec l’enseignante ont pour consigne de travailler seuls, sans l’aide de l’adulte qu’ils ne doivent pas déranger ou interrompre pendant qu’il travaille avec les autres enfants. Ils doivent réellement être autonomes.

     d.      Retour sur les ateliers

tableau récapitulatif 01Une fois les ateliers terminés, il suffira à l’enseignante d’ouvrir les boîtes de lait pour voir qui a fait quoi, et de le reporter sur un grand tableau (format A3). Pour une meilleure lisibilité, chaque croix représentant une réalisation de l’atelier est reportée dans la couleur correspondant à l’atelier en question.

boîte pleine 01C’est l’occasion pour elle non seulement de vérifier que les enfants ont chacun réalisé un atelier, quel(s) atelier(s) ils ont choisi(s), en combien de fois, et qui n’a pas fait quoi.

C’est également pour les enfants l’occasion de se familiariser à l’utilisation d’un tableau à double entrée, et un moyen pour eux de se souvenir de ce qu’ils ont déjà fait.

L’enseignante pourra par la suite, le lendemain, guider certains enfants sur des ateliers qu’ils n’ont pas encore réalisés voire leur imposer s’il ne manque plus qu’eux pour passer à l’atelier suivant.

Idée à développer : faire remplir ce tableau par les enfants quand ils auront compris le principe et saurons tous écrire leur prénom dans un espace limité.

Fabrication :

boîte lait peinture 021-      Les boîtes de lait :

Boîtes de lait du commerce qui ont été nettoyées, séchées, puis peintes à l’aide de bombes de peinture multi supports (achetées chacune 3,99€ à Ivantout). 2 couches ont été passées avec environ 15 min de temps de séchage entre les deux.

Les couvercles, en plastique, ont également été peints (à réétudier car la peinture s’écaille après quelques jours d’utilisation. Solution envisagée : mettre du marqueur indélébile sur les couvercles pour les colorer).

Une fois la peinture sèche, 8 petits scratchs (côté doux) ont été posés en quinconces sur chaque boîte. Penser à laisser une bonne hauteur de décalage pour ne pas que les étiquettes se superposent

Il a été choisi d’utiliser le côté dur sur les étiquettes prénoms car c’est ce qui semble le plus robuste et que les enfants vont manipuler le plus, le côté doux étant plus fragile et moins sollicité sur les boîtes de lait

boite scratch

Voir à l’utilisation si ce choix était pertinent car les étiquettes, malgré le côté doux plus fragile, sont plus simples à remplacer à neuf que les boîtes…

Le couvercle de chaque boîte a été découpé au cutter de manière à faire apparaître une ouverture style boîte aux lettres.

couvercle cutter 01

2-      Les étiquettes

sens interdit 01Ont été imprimées, découpées et plastifiées les étiquettes avec le prénom des enfants en script (à la période 3 de l’année ils savent le reconnaître). Puis au dos de chaque étiquette a été collé un morceau de scratch côté dur (scratch dur et scratch mou acheté 2,50€ le m pour l’ensemble à Ivantout).

Il a été fait de même avec les étiquettes « panneaux d’interdiction » pour limiter les places à chaque atelier, ainsi qu’avec les étiquettes « pictogrammes » allant sur les affiches.

3-      Les affiches « ce que j’apprends »

Des feuilles A3 de la même couleur que les boîtes ont été plastifiées. Puis ont été collés sur chaque affiche, sur le bord gauche et verticalement, des morceaux de scratch côté doux.

affiche vierge

Observations / problèmes rencontrés / choses à améliorer :

- Le premier jour, pour une meilleure appropriation du système, seule l’inscription a été faite. Les enfants ont réalisé l’atelier la fois suivante.

- Lors de la réalisation des ateliers, les enfants n’ont pas osé changer d’atelier durant les 30 minutes.

- Le jour correspondant à la première expérience complète, les enfants se sont bien approprié le principe. Ils ont mis du temps à retrouver leur étiquette dans la pochette (beaucoup de prénoms car 2 étiquettes chacun + étiquettes du temps d’accueil). Ils ont pensé, pour la plupart, à changer d’ateliers seuls, mais n’avaient pas compris qu’ils disposaient de plusieurs étiquettes pour s’inscrire et cherchaient donc à récupérer leur étiquette laissée dans la boîte quelques secondes auparavant -  voir plus haut la solution apportée.v -

- Lors de la deuxième expérience complète, le tableau, qui venait tout juste d’être introduit, a été compris et utilisé par les enfants qui se sont tous rapidement inscrits à un atelier qu’ils n’avaient pas encore réalisé. Certains ont eu l’occasion de recommencer un atelier qui leur avait particulièrement plu, ayant déjà participé à chaque atelier proposé.

- Après une semaine d’expérimentation et une semaine de « pause » (moitié de l’effectif absent à cause des épidémies de grippe), lors de la reprise du système, nous avons choisi avec les enfants d’installer les boîtes pendant l’appel (réalisé par les enfants, billet explicatif en cours de création).

Suite à l’appel, les enfants ont un temps où ils peuvent aller aux sanitaires. À leur retour ils s’inscrivent aux ateliers. C’est moins le « bazar » dans la classe et les étiquettes non utilisées pendant l’accueil peuvent servir à vérifier que l’appel a bien été fait par le responsable de l’appel (étiquettes des absents).

Dernière modification le dimanche, 01 février 2015
Fradet Murielle

Jeune professeure des écoles, après un an de stage en tant que brigade, j'ai été nommée d'office en maternelle avec une classe de MS dans une école au public très défavorisé. J'y ai découvert des enfants difficiles mais émerveillés, mais aussi une équipe formidable, soudée, motivée toujours prête à se lancer dans de nouvelles aventures. Maintenant T2 et titulaire de mon poste dans cette école avec à nouveau des MS, en route pour de nouvelles expérimentations...