Imprimer cette page

Alors que la réouverture des écoles, collèges et lycées doit progressivement avoir lieu à partir du 11 mai prochain, l'Académie des sciences émet ses observations et recommandations, à la suite de celles du Conseil scientifique Covid-19 (24/04/2020) et de l'Académie de médecine (23/04/2020). 

Avis de l'académie des sciences : École et déconfinement

L’Académie des sciences, ayant pris acte de la décision de déconfinement des écoles, collèges et lycées à partir du 11 mai, émet les observations et recommandations suivantes, à la suite de celles du Conseil scientifique Covid-19 (24/04) et de l’Académie de médecine (23/04) :

1. Elle exprime tout d’abord sa profonde estime pour les professeurs : dont certains ont accueilli les enfants de soignants ; dont la majorité a assuré la continuité pédagogique depuis le 16 mars et est prête à la poursuivre jusqu’au 4 juillet, si les circonstances locales ou leur propre vulnérabilité l’imposaient.

2. Elle note que ce déconfinement concerne à peine quelques semaines jusqu’aux vacances d’été, semaines qui seront extrêmement critiques pour contrôler le risque d’un rebond épidémique. Il ne saurait être question de les concevoir comme un simple retour au temps et programmes scolaires habituels.

3. Elle note que la vulnérabilité des jeunes scolaires, leur contagiosité et leur immunité sont encore mal comprises (cf. Avis de l’Académie de médecine du 23 avril) ; il est donc difficile d’inclure ces paramètres dans des modèles calculant le déconfinement. Dans cette incertitude, la responsabilité de la société vis-à-vis des plus jeunes et de leurs parents doit se fonder sur la confiance. L’Académie souligne que les professeurs, comme les parents, doivent être informés avec clarté de ce qui est connu et de ce qui ne l’est pas.

4. Elle souligne l’absolue nécessité que les choix faits et les mesures prises le soient au plus près de l’échelon local : établissement scolaire et commune, département et région le cas échéant. Quelle que soit la discordance de cette nécessité avec le fonctionnement centralisé de notre système éducatif, elle résulte de l’inégalité de l’épidémie sur le territoire et de ses risques de rebond. Les nécessaires engagements et responsabilisation viendront de tous les acteurs locaux, auxquels il importe de faire confiance : d’une part recteurs et inspecteurs, chefs d’établissements, professeurs, parents et élèves ; d’autre part préfets et maires, en fonction des possibilités et contraintes locales (disponibilité de masques et tests, dimensions physiques des locaux, situation des parents face à leur emploi, partages entre présentiel et téléenseignement). 

5. Elle souligne que, dans ces circonstances, l’accueil des scolaires ne saurait résulter d’une obligation légale, tant les circonstances locales sont à apprécier, tant il serait difficile d’apporter la preuve d’une parfaite satisfaction des conditions sanitaires dans chaque contexte, tant des conflits et recours seraient alors handicapants pour l’avenir.

6. Le propos des professeurs ne saurait être de « boucler un programme », ajoutant éventuellement de l’anxiété à l’anxiété, mais bien plutôt d’accueillir au mieux les élèves présents, de leur permettre de retrouver le plaisir d’apprendre ensemble, et de vaincre par le dialogue et une connaissance scientifique les peurs que leur incompréhension de la pandémie peut amplifier. Il s’agira aussi d’aider plus spécifiquement les élèves qui n’ont pu bénéficier suffisamment de la continuité pédagogique.

7. La préoccupation concernant les élèves les plus en difficulté, fortement mise en avant pour justifier cette rentrée, ne saurait se terminer le 4 juillet. Parce que légitime, elle demandera tout au long de l’été un effort de solidarité éducative, sans lequel la rentrée de septembre sera pour ces élèves source de grande difficulté. S’agissant des acquis scientifiques des élèves, la communauté scientifique peut être mobilisée pendant l’été pour contribuer à cet effort de professeurs volontaires.

8. L’Académie observe l’importance numérique de la population concernée (élèves, parents, enseignants), relativement à la population française, et en conséquence l’importance d’y encourager le traçage volontaire auprès du plus grand nombre pour en obtenir un résultat significatif. Expliquer ce traçage aux élèves, au moins au lycée, offrira des occasions pédagogiques de nature scientifique, technologique, numérique et éthique, dont les professeurs pourront se saisir – avec éventuellement un appui pédagogique de l’Académie et d’INRIA.

 

Dernière modification le lundi, 06 juillet 2020
An@é

L’association An@é, fondée en 1996, à l’initiative de la création d’Educavox en 2010, en assure de manière bénévole la veille et la ligne éditoriale, publie articles et reportages, crée des événements, valorise les innovations, alimente des débats avec les différents acteurs de l’éducation sur l’évolution des pratiques éducatives, sociales et culturelles à l’ère du numérique. Educavox est un média contributif. Nous contacter.