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Le petit enfant avance, hésite, vacille, tombe, regarde l'adulte qui rit tout en le rassurant. Faire l'expérience de notre équilibre sur terre, c'est notre tâche humaine, notre condition. 

D'où, l'indispensable présence parmi nous de ces figures tremblantes, malhabiles et singulières. Pour apprendre à devenir bienveillant(e) devant ce qui reste de lourdeur dans la légèreté générale, un peu comme si la pesanteur devenait une grâce, comme si cette grâce avait soudain la densité spécifique d'un enfant qui trébuche..

Pourquoi as-tu ri? Parce que quand je vois quelqu'un tomber, je vois encore son petit fantôme maladroit, derrière ses allures d'humain, droit dans ses bottes. La plupart des corps tombent quand on les lâche. Et le rire comme le disait Charles BAUDELAIRE, est le signe d'une grandeur infinie et d'une misère infinie. Etre humain au fond, c'est apprendre à conjuguer grandeur et misère..

Il y a donc pour nous, nécessité d'apprendre à tomber pour pouvoir s'élever et se relever.

Et notre rire éprouve notre limite entre le ciel et la terre. La terre redevient alors ce lieu où nous contemplons le ciel, à condition toutefois de rire de notre maladresse. Oui, par le rire, nous nous détournons des forces de peur qui nous habitent et qui sont prêtes à réveiller des fantômes. Le rire devient alors la seule expérience aimable de notre souveraineté.

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Dernière modification le mercredi, 16 juin 2021
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/