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En puisant encore une fois dans les articles publiés récemment sur Educavox, en puisant donc dans cette formidable énergie d’innovation collective qui se développe quoique le monde nous propose à voir de stimulant ou de désespérant, nous pouvons créer d’autres manières d’être et de penser. Il suffit pour cela d’éviter de vivre en silos et de modifier quelques schémas. Allons voir si chercheurs et enseignants n’ont pas quelque chose à nous apprendre…:)

" Penser dans un monde complexe…"

Publié par Ousama Bouiss sur TheConversation : L’affaire n’est pas simple, et pourtant nécessaire pour tout décideur. En effet, la quatrième révolution industrielle apporte son lot d’incertitudes et de défis : économiquement, l’adoption rapide de nouvelles technologies (Internet sur mobile, intelligence artificielle, big data et cloud) conduit à repenser les modèles d’affaires et les formes de l’emploi ; socialement, l’évolution du travail et le développement rapide des réseaux sociaux d’information conduisent à repenser nos modèles politiques et sociaux ; écologiquement, l’urgence climatique implique une métamorphose des modes de production…

Penser dans un tel contexte nécessite donc quelques changements indispensables. « Pour manager dans la complexité, il faut modifier nos schémas mentaux », expliquait par exemple Dominique Genelot, auteur du célèbre « Manager dans (et avec) la complexité ».

Pour mener à bien ce changement, nous vous proposons dix principes essentiels tirés de l’œuvre riche du sociologue et philosophe français Edgar Morin, « l’Apollo de la complexité ».

Changez de paradigme

Tout commence et se termine par un changement de paradigme. Il s’agit de remonter très en amont, dans l’antre de « l’arrière-pensée » de toutes nos pensées, pour opérer un changement radical : celui du passage d’une pensée simplifiante à une pensée complexe.

Reliez

Prêt à changer de paradigme ? Alors commençons par le mot clé de la complexité, le verbe qui résume tout : relier. Étymologiquement, complexité renvoie au terme latin complexus qui signifie « ce qui est tissé ensemble ». Dès lors, pour « penser complexe », il faut s’astreindre à un travail de tisserand en reliant les points de vue, les disciplines, les niveaux d’analyse.

Un tel travail de « reliance » implique un double mouvement. Le premier est physique : il faut sortir de ses silos, se déplacer vers l’Autre, aller voir ailleurs (vous y êtes sûrement). Le second mouvement est psychologique : il s’agit de faire preuve d’empathie, de compassion pour entrer dans le monde de l’Autre, le comprendre et parvenir à multiplier les points de vue. Ainsi, relier nécessite de se relier (mais ça c’est un autre sujet)…

https://www.educavox.fr/formation/analyse/dix-principes-pour-penser-dans-un-monde-complexe

De l’importance des débats argumentés

Publié par Anne-Françoise Gibert sur eduveille.hypotheses.org - Institut Français de l'Education - Éducation au changement climatique – les pouvoirs 1 –

" Comment les acteurs de l’école peuvent-ils s’emparer de la question du changement climatique, question éminemment politique, comme toute « éducation à » « et donc nécessairement contestée » (Jacobs 1998, cité par Barthes & Lange, 2018) ? Dans le présent article, nous nous intéresserons aux conditions et processus d’activité permettant de mettre en place des débats argumentés comme le préconisent de nombreuses recommandations didactiques."

Le débat est un outil de réchauffement des controverses, c’est aussi « un lieu composite d’apprentissage et de socialisation (qui) favorise l’argumentation et le développement de discours et permet de dépasser les conséquences culturelles de la rationalité instrumentale vers un modèle d’expertise collégiale ». (Slimani et al, 2018)

Il sera question dans un premier temps de la dimension axiologique de cette éducation au changement climatique – sur quelles valeurs peut-elle s’appuyer ? Dans un deuxième temps, il sera question de la pertinence des savoirs d’analyse pour identifier la diversité des points de vue. Enfin, dans un troisième temps, de la nécessité des processus démocratiques pour implémenter cette « éducation à ».

https://eduveille.hypotheses.org/12935

Démarche innovante au cœur des enseignements

C’est cette démarche qu’expose Xavier Garnier, professeur au Lycée pilote innovant international de Poitiers et formateur académique.

Le Future Classroom Lab (FCL) est un projet porté par European Schoolnet (EUN) et dédié aux nouvelles pratiques pédagogiques. Il vise à promouvoir une méthodologie de co-création de scenarii pédagogiques, innovants et ouverts aux nouvelles technologies, dans un espace classe repensé pour développer chez les élèves et les enseignants, les compétences du 21ème siècle.

C’est un espace offrant un mobilier créatif et innovant notamment grâce aux travaux du groupe Archicl@sse.

  • C’est un espace qui permet de « questionner les postures » des divers acteurs et ainsi de bousculer les certitudes, de modifier les représentations pour contribuer à l’évolution des mentalités.
  • C’est un lieu de développement, d’analyse et de promotion des pédagogies actives dans lequel l’élève est acteur de ses apprentissages. La finalité de ces pédagogies étant la mise en valeur et le développement des compétences du 21ème siècle.
  • C’est un endroit pour expérimenter, se tromper et apprendre.
  • C’est un espace d’échange de pratiques. Les erreurs, comme les succès, sont partagés avec l’ensemble de la communauté qui devient “apprenante”.

Le Future Classroom Lab est aussi le lieu de tous les transferts : transferts d’aménagement, de mobiliers, éprouvés avec succès, vers les autres espaces ; transferts de technologies, évaluées comme pertinentes, vers d’autres situations d’apprentissage (cours, travail personnel, à distance…) ; transferts de scénarii entre les disciplines.

https://www.educavox.fr/innovation/dispositifs/le-future-classroom-lab-est-le-lieu-de-tous-les-transferts

L’innovation est avant tout un état d’esprit, elle passe par le partage et l’ouverture

Elle doit s’accompagner de changement dans les pratiques, et permettre ainsi de donner plus de sens à notre enseignement sans occulter le fait que cela peut engendrer des moments profonds de remise en question, parfois très déstabilisants… Cela reste un « parcours du combattant » mais il faut se lancer, accepter de franchir des obstacles, d’être parfois isolé lors du lancement d’un projet mais il faut aller au bout de ses convictions.

https://www.educavox.fr/alaune/tous-innovants-sans-le-savoir-ou-presque

Donner les codes !

L’émergence des réseaux sociaux, par exemple, bouleverse nos relations avec les informations qui, avant, étaient du domaine presque exclusif des professionnels de l’information.

Notre démocratie doit prendre en compte comment de nouveaux systèmes et pratiques, locaux et mondiaux, changent les rapports de force.

Le rôle de chacun est de donner les codes de notre société en changement. Tous les codes, pas seulement techniques ! Marcel Desvergne

https://www.educavox.fr/accueil/breves/quand-les-medias-s-invitent-entre-les-murs

Nous avons donc là, dans toutes ces démarches et réflexions, tous les ingrédients pour modifier nos manières de décider, de partager, de s’adapter, de modifier nos rapports au monde et de vivre notre démocratie. Il sera également intéressant d'analyser l'impact du numérique sur le Grand débat par exemple.

A quand le design thinking des politiques publiques ?

Qu’est-ce-que le design thinking ? Le Design Thinking est tout simplement le terme utilisé pour désigner l’ensemble des méthodes et des outils qui aident, face à un problème ou un projet d’innovation, à appliquer la même démarche que celle qu’aurait un designer. C’est une approche de l’innovation et de son management qui se veut une synthèse entre la pensée analytique et la pensée intuitive. Il s’appuie beaucoup sur un processus de co-créativité impliquant des retours de l’utilisateur final. Ces méthodes ont été élaborées dans les années 80 par Rolf Faste sur la base des travaux de Robert McKim. (Cahiers de l’innovation)

Être les tisserands d’un monde connecté

Il s’agit de développer un citoyen pour leXX1ème siècle. Nous le voyons bien aujourd’hui, le numérique a refaçonné notre manière d’être, notre travail, nos relations, nos temps et nos espaces…

Faute d’avoir anticipé certains comportements, phénomènes de centration sur soi, élaboration de règles plus personnelles que collectives, à vouloir monter en exigence les « réussites » personnelles, nous n’avons pas prêté attention aux fractures multiples qui s’aggravent dans nos pays : fracture géographique, fracture sociale, économique, culturelle. La fracture numérique et l’accélération des usages numériques ont aggravé ces processus.

Le fond des débats ne peut être audibles que par une forme nouvelle : le débat par une argumentation, partage des valeurs, analyse des points de vue et processus démocratiques à mettre en place. Ainsi, par exemple, une grande salle agencée pour une conférence ou des interventions successives n’engendrera que frustration et mobilisation de la parole par certains. Tous les paramètres doivent être analysés !

Penser complexe : pour cela, il faut s’astreindre à un travail de tisserand en reliant les points de vue, les niveaux d’analyse.

Questionner les » postures », c'est bousculer les certitudes, modifier les représentations pour contribuer à l’évolution des mentalités.

Co-créér, c’est accepter tous les autres dans leur altérité, pour des engagements collectifs et dans un respect réciproque. Sommes-nous prêts pour cela ? Chiche !

Michelle Laurissergues

Dernière modification le jeudi, 17 janvier 2019
Laurissergues Michelle

Présidente et fondatrice de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.