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Maintenant que la feuille de route gouvernementale est connue, que son volet éducatif, censé appuyer la refondation, est connu, il faut bien convenir qu’on va de déceptions en désillusions.
J’avais déjà, tout récemment, proposé cinq idées que j’avais soumises à notre ministre dont il ne semble pas — laissons-lui le temps d’y réfléchir encore — qu’elles aient été reprises dans les propositions récentes. Dommage !

Je vous les rappelle pour mémoire :
  1. Élaborer une nétiquette éducative
  2. Labelliser les écoles et établissements
  3. Marier l’innovation et le numérique
  4. Résister aux lobbys
  5. Oublier les antiennes pour évaluer mieux
 
Bon, je n’ai pas entendu parler de nouvelles modalités d’évaluation des pratiques récentes innovantes, on n’est toujours pas au bout de nos surprises à propos de la nocivité grandissante des lobbys de tout poil, on sait que le numérique n’est pas encore la tasse de thé de l’innovation, le label numérique ne semble pas au programme et, enfin, le Conseil national de la vie lycéenne vient de se terminer sans qu’on sollicite aucun de ses élus sur le sujet d’une netiquette pour l’éducation.
Mais bon, je m’emporte, je m’échauffe, il faut que je sois plus patient. Tout viendra en son temps.

J’ai envie de continuer l’exercice. Et puisque le chantier de la refondation semble un peu s’éterniser en s’attardant sur des difficultés conjoncturelles, j’ai envie de rappeler au ministre que la mise en œuvre du numérique est l’occasion rêvée de bousculer un certain nombre de choses l’air de rien, sans crier gare, au nom de l’exigence d’une modernité incontournable et rédemptrice.

Allez, Refondons donc, en 5 propositions à nouveau, en forme de décisions qui pourraient être prises maintenant ou à court terme :

1. Après la généralisation de l’accès libre et égal au numérique et aux ressources de l’Internet pendant tous les examens universitaires dès la rentrée 2013, le baccalauréat 2014 proposera les mêmes dispositifs pour certaines disciplines, par exemple, l’histoire-géographie, les sciences de la vie et de la Terre, les sciences économiques et sociales, en attendant de les généraliser à toutes, En 2015, c’est le diplôme national du brevet qui sera concerné.
2. Le B2i sera supprimé dès la rentrée de septembre 2014, comme la compétence 4 du Socle commun. Les compétences nécessaires seront intégrées naturellement aux enseignements disciplinaires, l’acquisition d’une culture numérique étant un préalable obligatoire à l’acquisition des compétences concernant la maîtrise de la langue française, la pratique d’une langue vivante étrangère ainsi que les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique. Quant à la culture humaniste, les compétences sociales et civiques, l’autonomie et l’initiative, elle se nourrissent de la culture numérique et s’entendent mieux à son éclairage.
3. Le C2I et ses dérivés seront supprimés dès la rentrée de septembre 2014. Il est devenu inutile, l’ensemble des modalités de formation des étudiants, de contrôle continu, d’évaluation se déroulant alors en ligne ou avec des moyens numériques.
4. Une mission sera confiée dès que possible à l’inspection générale pour évaluer la meilleure et la plus rapide et efficace manière de mettre en œuvre l’acquisition, dans les apprentissages fondamentaux, parallèlement à l’écriture cursive, de processus de saisie et d’écriture numériques. Parallèlement, il va de soi que les élèves pourront, dès que possible et au plus tard en 2015, rendre compte de leurs travaux sous la forme qui leur convient le mieux, traditionnelle sur feuille de papier ou numérique.
5. Dès la rentrée 2014, les smartphones et autres tablettes sont autorisés en classe, dans le second degré d’abord, dans le respect des normes sanitaires et de l’égalité républicaine pour ceux des élèves qui n’en disposeraient pas encore. Leur utilisation est soumise au strict respect des consignes données par les professeurs. D’ici à cette date, des applications mobiles seront développées pour permettre l’évaluation formative et les interactions via des espaces en ligne, pour stocker, partager les données et collaborer.

« Là, hardi ! tâche à faire un effort généreux ! » fait dire Molière à Sganarelle. En la matière, un peu de hardiesse ne nuirait pas non plus aujourd’hui à la politique éducative publique.
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Crédit photo : @Doug88888 via photopin cc
Dernière modification le lundi, 24 novembre 2014
Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.