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Rencontre avec Hugo Ricoult, Professeur-Documentaliste, EPLEFPA, Chartres :
"L'innovation pédagogique est une expression derrière laquelle on peut mettre beaucoup de mythes et de réalités pour paraphraser André Tricot[1]. Néanmoins, j'ai découvert dans l'enseignement agricole une manière singulière d'enseigner. La pluridisciplinarité est ainsi inscrite dans l'identité des établissements agricoles. Des plages horaires sont réservées dans chaque référentiel de formation."

L'éducation socio-culturelle, ESC pour les intimes, est une autre spécificité de l'enseignement agricole, une fierté même. 

L'approche des culture(s) et non pas de la Culture est un des piliers de l'ESC.

L'inscription dans le territoire aussi puisque à travers l'ALESA (association autonome gérée par les élèves), des projets naissent et se développent autour du territoire et sous la bienveillance des enseignants d'ESC.

L'ESC s'intègre également à différents modules répondant à une démarche de projet comme le M22 en BTS.

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Les enseignants de documentation, de français, d'économie et d'ESC fonctionnent en pluridisciplinarité vers un objectif commun : la préparation des étudiants à l'épreuve d'expression finale. Mais, cette démarche de projet est aussi appréhendée à travers les Projets d'Initiative et de Communication (P.I.C) où l'étudiant devient acteur d'un projet et de ses apprentissages.

Enfin, la présence de structures comme une halle agroalimentaire et d'une exploitation agricole fait partie intégrante de cette innovation pédagogique. Pourquoi ? Car ces structures innovent elles-mêmes à l'instar de notre exploitation agricole, menant expérimentations et protocoles d'essais en partenariat avec la Chambre d'Agriculture.

L'établissement, outil de formation, devient alors support d'innovation pédagogique car ses structures constitutives innovent elles aussi pour développer des savoirs corrélés aux filières d'enseignement.  

En quoi sont-ils inspirants ? Quelles actions ont-ils sur les territoires ruraux ?

C'est une question complexe. D'emblée, l'enseignement agricole est organisé selon 5 missions[2] : la formation initiale et continue, l'insertion scolaire sociale et professionnelle, l'animation et le développement des territoires, les expérimentations et innovations et enfin la coopération internationale.

L'appartenance au territoire est une des marques de fabrique de l'enseignement agricole selon ces principes. A l'échelle de notre établissement, les stages "territoire", les stages de pratique professionnelle ou encore l'option EATDD (Ecologie, Agronomie, Territoire et Développement Durable) en seconde générale sont des enseignements basés sur des enjeux territoriaux.

D'autre part, les établissements deviennent inspirants pour les partenaires locaux à plusieurs titres.

Sollicités par des porteurs de projets, des incubateurs ou des acteurs institutionnels, les outils de formation de nos établissements sont force de proposition pour répondre aux enjeux du territoire. A titre d'exemple, ce peut être la transformation agroalimentaire (pour des petites productions locales) ou la protection de la biodiversité et la qualité de l'eau.

L'exploitation agricole d'un lycée demeure ainsi un support pertinent pour l'étude du territoire. Nous avons ainsi développé un projet[3] avec une classe de 1ère bac professionnel Conduite et Gestion d'une Exploitation Agricole (CGEA). La visée principale de ce projet était de valoriser notre exploitation auprès des partenaires locaux par la production d'infographies par les élèves. C'est un projet que nous allons renouveler en y intégrant  des apports pluridisciplinaires (économie, agronomie).

Avez-vous finalement un rôle d'acculturation pour les territoires ?

Ce rôle d'acculturation est finalement la conséquence de tout ce qui a été dit précédemment.

A travers ses outils de formation, l'établissement innove et agit sur son territoire rural.

Il devient acculturant dans la mesure où il est inscrit dans le fonctionnement des acteurs locaux. Créer une dynamique avec les partenaires du territoire est un des moteurs de l'enseignement agricole.

Bien sûr, l'apprenant  reste la clé dans ce processus. Portée par une approche pluridisciplinaire, la pédagogie de projet, initiée par exemple, lors des semaines thématiques comme la Semaine du goût[4], répond à des enjeux éducatifs, des enjeux sociaux et culturels mais aussi à des enjeux territoriaux.

Si le territoire est une des clés des établissements agricoles, ces derniers n'en demeurent pas moins ouverts aux échanges internationaux à travers une des grandes missions structurantes de l'enseignement agricole : la coopération internationale. Nous accueillons d'ailleurs en ce moment 3 étudiantes indiennes.

Hugo Ricoult, Professeur-documentaliste dans l'Enseignement Agricole depuis 2014 :
Veille, culture numérique et environnements personnels d'apprentissage d'abord. Beaucoup d'autres choses ensuite : "Rester curieux et partager le plus possible" !

Référence [1]:

André Tricot : [1]http://www.editions-retz.com/pedagogie/domaines-transversaux/l-innovation-pedagogique-9782725635828.html

Liens vers les projets :

[2]http://www.chlorofil.fr/systeme-educatif-agricole/organisation-orientations-et-evolution-de-lea/missions-de-lenseignement-agricole.html

[3]http://pollen.chlorofil.fr/frm_display/51/monparam/787/

[4]http://www.legout.com/animations-du-gout/

Dernière modification le mardi, 15 mai 2018
Le Luherne Nicolas

Nicolas Le Luherne est directeur des Ateliers Canopé de Beauce, blogueur, chroniqueur pour le Thot Cursus, Ludomag et Educavox. Il est administrateur de l’Association Nationale des Acteurs de l'École. Professeur au lycée professionnel Philibert de l’Orme à Lucé jusqu’en août 2016, il a intégré différents outils numériques tels que les tablettes, les jeux sérieux, la réalité augmentée, la cartographie numérique en diversifiant les approches pédagogiques. Il s'intéresse l’impact de la culture numérique sur nos sociétés, notre citoyenneté et nos démocraties notamment à l’esprit critique et au complotisme.