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Les TICE bouleversent en profondeur l’accès aux savoirs : Travailler à la diffusion des savoirs par l’utilisation des TICE, comme le Centre Départemental de documentation Pédagogique 92 l’a fait ces dernières années, notamment en partenariat avec l’Université de tous les savoirs :, http://www.canalu.tv/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs,  contribue aussi à s’interroger sur la nature des ressources pédagogiques à utiliser dans notre enseignement et sur le (nouveau) niveau d’exigence à définir pour nos élèves.

Lutter contre l’ennui c’est rechercher une nouvelle motivation

Comme l’écrit Pierre Frackowiak, il est tout à fait juste de vouloir utiliser "des conférences données avec les TIC ou « en direct live » par des savants, des artistes, des professionnels..."

Outre la plateforme Canal U/UTLS, l’un des plus beaux exemples en est l’Encyclopédie sonore de l’Université de Paris X qui met à disposition près de 7000 conférences audio de plusieurs universités sur les sujets les plus variés.

Ces conférences, qui durent généralement 30 minutes chacune, sont le plus souvent prononcées par des universitaires de grand renom. Elles constituent pour l’enseignant de véritables instruments de travail et des ressources de référence de première main.

En revanche, je ne pense pas que ces cours puissent réellement "remplacerles cours traditionnels" ; ma préférence irait plutôt à une intégration de ce type de ressources au sein des nouvelles "agoras du savoir "que devraient être les ENT (voir à ce sujet l’intervention de Paul Mathias au séminaire ENT du CRDP de Versailles :

http://www.crdp.ac-versailles.fr/Ressources-numeriques/Podcasts-audios/Seminaire-academique-L-ENT/.

Je ne pense pas non plus que l’objectif soit seulement de lutter contre "l’ennui ravageur" car l’enjeu est bien plus important encore. Fuir l’ennui c’est d’abord rechercher une nouvelle motivation, donc une nouvelle raison d’être à notre École.

Bouleversement des ressources et des médiations

En effet, les TICE changent en profondeur la nature et l’utilisation des ressources : que ce soit pour leur accès, leur diffusion, leur structuration, leur indexation, leur lecture ou leur écoute, leur intégration à un processus d’apprentissage, leur traitement (annotation, commentaire) ou leur utilisation dans un débat.

C’est tout le bouleversement de l’univers documentaire qu’il s’agit d’intégrer aujourd’hui aux pratiques pédagogiques.

Là réside d’ailleurs l’une des ambiguïtés du travail des éditeurs sur les manuels scolaires numériques : toute démarche didactique incluant les TIC devrait désormais dépasser le stade de la seule mise à disposition d’un corpus de connaissances à faire acquérir à l’apprenant et favoriser plutôt une démarche d’investigation, de construction et de structuration menée sous la conduite de l’enseignant, revalorisé ainsi dans son statut d’ingénieur pédagogique ou d’expert disciplinaire (les disciplines – dans leurs fondements méthodologiques - demeurant selon le moi le socle de construction des savoirs).

Cette revalorisation de la médiation pédagogique implique donc nécessairement une redéfinition de la médiation éditoriale.

Renouveler l’acte d’enseigner c’est guider les élèves au sein du réseau des ressources numériques qui fondent les savoirs vivants

L’acte d’enseigner ne peut plus se cantonner à la simple transmission de contenus (faussement et fugitivement actée au moment des évaluations et des examens). L’élève doit être mis dans une démarche de recherche, de questionnement, d’échange et être au contact – à chaque fois que l’enseignant le juge possible et souhaitable - de sources primaires, d’œuvres dans leur intégrité et dans leur contexte, de travaux savants ou de débats scientifiques illustrant toute la richesse et la saveur d’un savoir vivant et remis au cœur de la cité.

Utiliser avec nos élèves des ressources comme celles de l’UTLS, de l’Encyclopédie sonore, sans parler du patrimoine numérique ou numérisé de nos grandes institutions culturelles (comme celui de la BNF sur Gallica http://gallica.bnf.fr/), c’est leur fixer de nouvelles ambitions intellectuelles, les mettre en situation de lecture ou d’écoute critique, d’analyse de vocabulaire, de recherche de sources utilisées en appui à un discours ou à un argumentaire, leur apprendre à construire un portfolio pour conserver, structurer, communiquer et valoriser leur travail.

C’est donc les évaluer autrement. Non plus sur une accumulation des contenus, mais sur des démarches intellectuelles structurées, exigeantes et socialisantes.

Dernière modification le lundi, 09 novembre 2015
Allouche Elie

Chef de projet recherche appliquée et incubateur de projets numériques

Bureau du soutien à l’innovation numérique et à la recherche appliquée (DNE TN2)

Chargé du carnet Hypothèses "Education, numérique et recherche" https://edunumrech.hypotheses.org/ #GTnum 

Direction du numérique pour l’éducation - Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse