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Cet billet a été publié simultanément sur le site du collectif SavoirsCom1, sur le blog L’odyssée d’Ln et sur le site Doc pour Docs ; il s’agit donc ici d’une reprise.
Ce Billet s’inscrit dans l’axe 4 du manifeste de SavoirsCom1 :
 
"4. Les ressources éducatives libres sont autant de biens communs informationnels dont il faut encourager le développement. Il s’agit de données, de métadonnées, de savoirs, mais aussi de savoir-faire, et de savoir-être. La création, la mise en circulation de l’information doivent être pleinement intégrés dans les cursus scolaires et universitaires et dans les formations tout au long de la vie. Il s’agit là d’enjeux forts favorisant la citoyenneté et des apprentissages en réseaux, socles de l’existence des biens communs. »

Ces dernières années ont vu l’émergence du concept de biens communs dans l’éducation et notamment auprès des professeurs documentalistes. Ce billet est donc l’occasion de faire un état des lieux (non exhaustif) de ce que sont les communs dans l’enseignement et comment les prendre en compte.
Brigitte Pierrat, Chargée de veille chez Ministère de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, cite les biens communs parmi les 4 concepts émergents en éducation : « nomades, mooc, biens communs, datas » (à partir de diapo 19)
 
La lettre TicEdu documentation 40 sur Eduscol consacre pour la première fois en mai 2014 une partie sur « Droits d’auteur, biens communs et ressources éducatives » - renvoyant à deux vidéos d’une intervention d’Hervé Le Crosnier, maître de conférence en informatique à l’université de Caen- sont mises en ligne sur le site de l’académie de Rouen. »
 
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet intérêt pour les communs :
  • La viralité de la diffusion : avec les technologies numériques, connaissances, savoirs, ressources se diffusent, se copient rapidement.
  • La non rivalité de ces ressources entre elles (j’aime beaucoup cette image très parlante : si j’ai une pomme et que je te la donne, je ne l’ai plus, mais si je te donne une information, un savoir, nous serons deux à l’avoir).
  • Les questionnements autour de pratiques telles que le copié-collé.
  • Le développement des activités de curation, d’agrégation sur des plateformes telles que Scoop.it.
Conscients des enjeux qui y sont liés, les professeurs documentalistes se forment donc :
** L’ARDEP Midi-Pyrénées (Association Régionale des Documentalistes et professeurs documentalistes de l’Enseignement Privé) a proposé à ses adhérents une formation avec Bastien Guerry en octobre 2013 lors de l’opération « Villes en biens Communs » : « Des ressources libres pour l’éducation : lesquelles et pourquoi ? ».
** A Rouen, lors de la journée académique des professeurs documentalistes de décembre 2013 la question « En quoi les communs de la connaissance modifient l’enseignement en information-documentation ? » a été abordée dans un premier temps avec une intervention d’Hervé Le Crosnier puis sous la forme d’une table ronde avec Gildas Dimier qui a parlé Copy Party, Hélène Mulot sur les notions enseignées à travers l’enseignement des communs : Copier-créer-partager : enseigner les communs et Marion Carbillet avec une réflexion sur l’utilisation des données des archives de Toulouse dans le cadre des commémorations de la Première Guerre Mondiale Partage et création numérique : exemple du projet tarnais : du patrimoine local à une réalité augmentée.
** A Rouen encore, une journée académique a été proposée aux collègues en février 2014, qui a permis de préciser le vocabulaire des communs et proposé des ateliers parmi lesquels : « Concevoir une formation pour des élèves sur le thème des biens communs ».
 
I- Comment définir les communs dans l’enseignement ?
Les communs sont des ressources gérées collectivement par une communauté. La communauté s’organise pour gérer et protéger cette ressource. Ces dangers sont de deux sortes : des enclosures et des usages abusifs de cette ressource.
La ressource peut être matérielle ou immatérielle. Dans l’enseignement, nous parlons plus particulièrement des communs de la connaissance, en particulier numériques.
 
  1. Quelles ressources sont des « communs » de l’enseignement ?
** Les ressources produites par les enseignants et partagées sous des licences Créative Commons (les blogs de certains professeurs documentalistes par exemple),
** Les ressources éducatives libres (REL),
** Les ressources produites par les élèves,
** Les data libres (données des élèves ou des enseignants),
** Les productions institutionnelles et culturelles libérées par :
 
2- Quelles communautés peut-on identifier ?
** Les communautés des enseignants, et en particulier de professeurs documentalistes qui se sont développées en ligne autour
  • de l’autoformation (exemple des MOOC comme celui de Besançon MOOCdocTICE dont on peut lire le bilan ici) ;
  • du partage et de la mutualisation (comme le site Doc pour docs qui s’inscrit dans le Move Commons) ;
  • de la production de contenus tels que les ressources éducatives libres ;
  • de besoins spécifiques et/ou locaux.
** Les communautés des élèves, souvent moins formalisés, qui peuvent se créer dans le cadre d’une classe, autour d’un projet d’établissement ou de centres d’intérêt (dans un club lecture par exemple).
** Les communautés d’intérêt comme celle de documentalistes Doc@Brest, communauté dépassant le cadre du seul milieu enseignant.
 
3- Quels modes de gestion et de gouvernance peuvent être proposés ?
A travers ces modes de gestion, il s’agit à la fois de préserver les ressources comme des communs mais aussi de les accroître.
** Le droit d’auteur peut se penser autour des licences Creatives Commons avec un partage à l’identique (c’est-à-dire sous les mêmes conditions de licence) et autour du domaine public (La licence CC0 - Creative Commons Zéro - permet de contribuer au domaine public puisque l’auteur abandonne ses droits).
** L’éditorialisation des ressources qui doit à la fois prendre en compte les besoins de la communauté (choix de ressources pertinentes) et proposer une plus-value sur le contenu (avec des annotations, des commentaires par exemple).
** Le stockage des ressources sur des plateformes ouvertes avec une attention portée à l’interopérabilité des outils (par exemple, il est impossible d’épingler une image issue de Facebook sur Pinterest, aussi libre de droit soit elle).
** L’attention portée aux enclosures éventuelles : captation des ressources par des sociétés privées par exemple (Avec les élèves on peut évoquer l’exemple de Facebook et les droits des images).
 
II- Quelles formations peut-on proposer autour des communs ?
  1. Former massivement à la littératie numérique de l’enfance à l’âge avancé
  2. Former au numérique les publics exclus (précaires, migrants, sans papier, détenus, etc.)
  3. Former les enseignants, les formateurs professionnels et les travailleurs sociaux
  4. Constituer des référentiels communs de littératie numérique.
Je vous invite en particulier à lire les pages 21-22 de ce rapport où il est question de littératie numérique.
Pour moi ces 2 pages justifient à elles seules toutes les réflexions de ces derniers mois et les parcours de culture numérique ou translittératie qui fleurissent ici ou  dans nos établissements.

Pour les professeurs documentalistes il s’agirait donc de produire des biens communs de la connaissance (images, textes, son, vidéos, ou données) avec les élèves en utilisant des outils comme wiki, réseaux sociaux, logiciels libres...dans le respect du droit d’auteur et de ses usages élargis.
 
1- La formation au droit et à la notion d’auteur
  • La copy party au CDI et Les licences libres
Lors d’une copy partie, les participants peuvent copier pour leur usage privé n’importe quel document de la bibliothèque ou du CDI, s’appuyant pour cela sur sur l’article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle. Plusieurs copy parties ont été organisées dans plusieurs établissements scolaires :
En lycée : copy partie Dont Doc pour Doc c’était fait l’écho ;
  • L’autoritativité et la cartographie des sources
Cartographier les sources d’information, « c’est demander aux élèves de présenter les sites trouvés lors d’une recherche d’information sous la forme d’une carte présentant une typologie des sites. Il s’agit d’utiliser la méthode de la carte mentale pour amener les élèves à se poser cette question, après la collecte d’information : « Qui parle sur ce sujet ? ».
 
2- La formation à la culture de l’information : la copie et le document de collecte
Certaines académies (comme Nancy) ont fait du copier-coller un axe de leur politique documentaire : avec l’intervention d’Anne Cordier (Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication - Université de Rouen Laboratoire GRHIS), « Face au copié‐collé, d’une identité d’emprunt à une identité construite » .
Silvère Mercier (bibliothécaire engagé pour le développement des biens communs de la connaissance », auteur du blog Bibiobsession , co-fondateur de savoirsCom1) donne des perspectives intéressantes avec l’utilisation de Citamap pour rendre compte de ses lectures : quel lien entre la copie de citations et les biens communs de la connaissance ?
 
3- La formation à la publication
Cela peut passer par :
**L’écriture collaborative (plusieurs séances ).
** De nouvelles formes de production  : « revoir les restitutions académiques attendues » dit Anne Cordier. Plutôt que d’exiger une biographie de Molière – alors que l’on sait qu’ils vont aller sur le premier site référencé sur Google, et nous rendre tous la même copie ! –, on peut demander aux élèves d’inventer une interview fictive de Molière. V@l du blog Didacdoc parle d’un » copier-coller-créer » (exemples de séances ).
** La publication en ligne des travaux d’élèves : à la fois pour une mise en valeur et unevalorisation de ces productions et pour un partage des connaissances (un blog ou un site réalisé par les élèves).
 
4- La présence en ligne (gérer ses données)
 
5- La culture numérique
La loi pour la Refondation de l’Ecole de la République de juillet 2013 qui précise qu’il est aujourd’hui " impératif de former les élèves à la maîtrise, avec un esprit critique, de ces outils qu’ils utilisent chaque jour dans leurs études et leurs loisirs et de permettre aux futurs citoyens de trouver leur place dans une société dont l’environnement technologique est amené à évoluer de plus en plus rapidement. "
On peut ainsi s’appuyer sur 3 points d’appui
- la compréhension de son environnement numérique
- la critique des outils et de leurs usages
- la participation par la création de contenus en ligne.
 
Des exemples avec
 
6- Culture de la participation et de la contribution
Il s’agit ici de la formation au partage et à la co-création.
 
* A travers des exemples de séances très simples nous pouvons passer d’une culture de l’information à une culture de la contribution en amenant nos élèves à devenir des lecteurs « experts », qui s’approprient des informations en devenant eux-mêmes auteurs et en partageant leurs contenus (devenant des contributeurs).
 
« Transformer une production locale et éphémère en production médiatique et durable »par Aline Bousquet. « Ce projet a permis aux élèves (binômes) de créer trois productions : une cartoline, un dialogue lu à voix haute, une chronique radio ».. . « La publication en ligne, quelle que soit sa forme (podcast, post de blog, page Web, diaporama en ligne, vidéos sur Youtube ...) assure (en plus de multiples compétences liées à la translittératie) une pérennité et une visibilité au travail des élèves ». L’idée, ici de pouvoir faire écouter aux autres son propre travail, se situe bien dans une idée de partage.
 
* Des projets Eco-Ecole qui s’appuie sur les expériences des Incroyables Comestibles ou desgrainothèques ou plus généralement toutes actions de développement durable, de solidarités et actions humanitaires menées dans nos établissements. Pour nous professeurs documentalistes, autant d’actions sur lesquelles s’appuyer pour permettre aux communs de prendre une place plus importantes dans nos écoles.
 
* Du côté des enseignants cette initiative très intéressante de collaboration entre enseignants :« Proflab, le Fablab des profs, pour une intelligence collective de la pédagogie ». « Le Proflab est un modèle de Fablab adapté au monde de l’éducation qui met en place une collaboration et une intelligence collective dans un monde où l’on a plus l’habitude de travailler les uns à côté des autres plutôt que les uns avec les autres. Bienveillance, coopération, convivialité et échanges. ».
 
Cette idée de fab labs pourrait être décliné comme le suggère Emmanuel Davidenkoff dans son ouvrage « Le tsunami numérique » : « on se prend à rêver que les lycées professionnels industriels ouvrent des fab labs et deviennent, localement, des pôles d’innovation réunissant univers de la formation, société civile et monde économique ».
 
III- Quelques ressources pour aller plus loin :
Une série de 6 webinaires proposés par l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense sur le thème des biens communs numériques au premier trimestre 2014.
 
Dernière modification le mardi, 22 août 2023
Association scientifique odyssée céleste

Bonjour,

L’Odyssée Céleste est une association de vulgarisation scientifique.

Nos objectifs sont de sensibiliser le public aux sciences et techniques, promouvoir les savoirs scientifiques liés à l’aérospatial et à l’astronomie à destination d’un large public.

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