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Le défi d’avoir à convaincre ceux qui persistent à continuer le procès des TIC en éducation (c’est-à-dire si les technologies et le numérique devraient ou ne devraient pas avoir une place en salle de classe) reste concret. 
Comme le dit si bien Ron Canuel, DG de l’Association canadienne d’éducation, en remettant en question la place des TIC en éducation équivaut à une approche « death by delay »… (Expression partagée dans un tweet). Pendant ce temps, trop de jeunes continuent de jouer la game de l’école, qui fondamentalement reste calquée sur un modèle conçu et avancé par une poignée de penseurs au 19e siècle. La formation initiale des futurs enseignants est un élément-clé pour que ces derniers voient leur profession être toute autre de ce qu’elle est/a été depuis le 19e siècle… Faut casser le moule, à mon avis.

Afin d’alimenter les avocats de la défense, voici quelques pistes d’argumentation, gracieuseté de mon réseau d’apprentissage personnel, qui m’accompagne à tous les jours. Bien plus que des « perceptions » d’apports positifs des technologies sur l’apprentissage — ce qui est souvent mis en cause par les procureurs cherchant à réduire/minimiser le rôle des TIC pour apprendre et enseigner– il y a ici-bas des affirmations et des conclusions quant aux bénéfices observés et bien souvent quantifiables. Des initiatives rigoureuses, avec des chercheurs crédibles.
 
 
· Dr David Weinberger (Le texte suivant est repris de ce billet d’Edulogia) : "Il est à l’origine un docteur en philosophie. Il est aussi chercheur sénior au Berkman Center de Harvard et il est aussi co-directeur du Harvard Library Innovation Lab. Ses projets actuels portent sur l’impact de l’Internet sur les relations humaines, la communication et la société en général. Il traite de l’impact d’Internet sur l’évolution de la connaissance dans le monde. Il a rappelé que désormais, la connaissance n’est plus linéaire, mais elle est hyperconnectée. De plus, le médium pour diffuser cette connaissance a changé, et la population peut l’influencer."
 
· Dr Rubin Puentedura (Le texte suivant est également repris de ce billet d’Edulogia) "est le créateur du modèle théorique SAMR [schéma que j’ai eu plaisir à traduire et adapter en français] pour l’intégration pédagogique des technologies en classe. Il affirme que l’iPad est un amplificateur de la curiosité. Les appareils mobiles sont intégrés dans nos vies et l’accès à Internet est maintenant presque instantané. À son avis, tout ceci simplifie la participation à une culture et le pouvoir de l’influencer. En effet, il est maintenant possible pour tous de devenir un acteur actif de la création de cette culture." 
 
· À souligner l’initiative de l’Ontario francophone (pour laquelle j’ai eu le plaisir de prononcer quelques mots vendredi dernier) qui fait le virage numérique des écoles, selon 4 axes  : 
infrastructure/ergonomie des espaces, rôle de l’enseignant, rôles de l’apprenant, l’espace numérique pour la construction identitaire.
 
· Dr Michael Fullan, OISE, notamment dans son livre Stratosphere : "The inevitable influence of technology on teaching and learning must not be resisted, but rather embraced and applied in meaningful ways to positively impact school classrooms."
 
· Dr Barry Wellman "The Internet is no longer a separate world for the in-group millions of people routinely come online. Rather than isolating users in a virtual world, the Internet extends community in the real world, and connects people through individualized and flexible social networks rather than fixed and grounded groups."
 
· Dr Steve Masson, neurosciences appliquées à l’éducation : Prix d’excellence 2013 de l’ACE pour la qualité de ses recherches. Il aborde la question des neuro-mythes, trop présents dans les écoles (et parfois ailleurs) et aussi 3 conclusions appuyées par la recherche sur le cerveau. Je reproduis ici une partie de son billet, où il avance ses conclusions. À noter la 3e, qui a un impact majeur par rapport à la technopédagogie :
· "La première : apprendre modifie le cerveau. Plus précisément, apprendre modifie les connexions entre les neurones du cerveau. Lorsqu’un élève apprend à lire ou à compter, son cerveau change. À l’aide notamment de l’imagerie cérébrale, il est possible d’observer les effets des apprentissages scolaires sur le cerveau. 
· La deuxième découverte : la structure du cerveau influence l’apprentissage. En fait, la configuration du cerveau avant l’apprentissage influence la façon dont les nouveaux apprentissages vont s’installer dans le cerveau. Ainsi, mieux connaître le cerveau des élèves, c’est mieux connaître les contraintes cérébrales inhérentes à l’apprentissage et c’est mieux connaître les difficultés que les élèves peuvent rencontrer. 
· La troisième découverte, possiblement la plus importante et certainement la plus récente : la façon d’enseigner influence les changements cérébraux découlant de l’apprentissage. Autrement dit, deux types d’enseignement ne provoquent pas nécessairement les mêmes changements cérébraux chez l’élève. Des recherches ont notamment montré que le fait d’enseigner la lecture selon une approche syllabique ou selon une approche globale a un impact significatif sur le fonctionnement du cerveau. Ainsi, non seulement le cerveau des élèves change suite à l’apprentissage, mais les enseignants peuvent jouer un rôle déterminant dans le développement du cerveau de leurs élèves."
 
· Recherche-action sur l’intégration des TIC en classe, par le CRIFPE : Carole Raby (UQAM), Brigitte Gagnon (CSDHR), Gabrielle Fortin-Clément (UQAM) et Annie Charron (UQAM), présenté le 2 mai lors du Colloque international en éducation : enjeux actuels et futurs de la formation et de la profession enseignante, à Montréal.



· Résumé : 
· "Le constat des faibles résultats des élèves en lecture et en écriture a mené à la mise en place d’une recherche-action dans une école primaire de la Rive-Sud de Montréal. Cette recherche visait à accompagner les enseignants dans le développement de leurs compétences professionnelles à concevoir et à piloter des activités en lecture et en écriture réalisées avec les TIC et à soutenir, à l’aide des outils technologiques, leurs élèves à risque et en difficulté d’apprentissage dans le développement de leurs compétences à lire et à écrire. Les données ont été recueillies auprès des onze enseignants de l’école, en début et en fin d’année scolaire, à l’aide d’un questionnaire et d’une grille d’utilisation des TIC. Des journaux de réflexion et d’accompagnement, complétés à chaque rencontre, ont également permis, tout comme l’entrevue individuelle en fin de projet, de recueillir des données au regard des pratiques technopédagogiques et du développement des compétences professionnelles des enseignants. Au terme du projet, dans l’ensemble, les enseignants intègrent plus régulièrement et de manière plus diversifiée les TIC en classe et se sentent plus en mesure de soutenir, à l’aide des outils technologiques, le développement de la compétence à lire et à écrire chez leurs élèves."
 
· Site ETSB (Eastern Townships School BoardQuels impacts ont les technologies sur l’enseignement, l’apprentissage et le développement de compétences au primaire et au secondaire ?
 
· De la France, le CNDP, Agence des usages TICEQue dit la recherche ? Des articles sur les recherches scientifiques récentes au sujet de l’enseignement et l’apprentissage avec les TICE. 
 
· Et voici, en vrac, mes signets Diigo, avec le mot-clé « Recherche ». On y trouveras 72 liensdivers, sur la thématique de la recherche en éducation, dont plusieurs liant les TIC à l’apprentissage.
 
Je termine avec cette belle phrase :
 
La recherche fournit la structure qui sous-tend l’art d’enseigner (Carol Hunter, traduction libre)
Cet art d’enseigner doit se transformer de façon importante afin que l’école soit de son temps.
(Un chausson avec cela ?)
 
Mise à jour, mardi 3 décembre 8h45 :
Dans le même sens, voici le billet que viens de publier Patrick Giroux, de l’UQAC. Il a tellement raison d’ajouter à l’argumentaire que c’est l’adéquation école et vie quotidienne qu’il faut aussi considérer dans l’offre de formation aux futurs enseignants :
 
"Qui va apprendre à ces jeunes comment bien utiliser les TIC ? Quelqu’un doit le faire ! Sinon ils vont apprendre à utiliser les réseaux sociaux, le Web et les TIC seuls, sans encadrement… C’est la recette d’un désastre ! Cyberintimidation qui mène à des problèmes d’estime de soi ou pire encore, dépendances à Internet ou aux jeux en ligne, vol d’identité et de données personnelles parce qu’elles auront été mal protégées…
Les TIC sont des outils puissants, mais ces outils sont dangereux !
Voici donc, en 15 minutes, comment je structurerais mon argumentation."
 
Article publié le 2 décembre 2013 sur mon site
 
Jacques Cool
Dernière modification le vendredi, 10 octobre 2014
Cool Jacques

Jacques est natif du Nouveau-Brunswick où il a travaillé dans le système d’éducation publique pendant 30 ans, à diverses fonctions : enseignant, conseiller en évaluation, responsable de programmes d'études, gestionnaire elearning. Depuis 2015, il dirige le CADRE21 -https://www.cadre21.org/- organisme à but non-lucratif visant le développement professionnel en éducation -- situé à Montréal, Québec