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Quel impact a le déferlement Internet et des technologies sur notre façon d’apprendre ? Il me semble que cela modifie au moins 3 aspects fondamentaux  : notre relation au savoir, ce qu’il faut apprendre et notre rapport à l’effort nécessaire pour apprendre.

1 – Internet change la relation au savoir

Internet transforme l’économie de la connaissance (et des biens immatériels en général, comme le présente si bien Serge Soudoplatoff) en passant d’un modèle basé sur la rareté (le maître détient un savoir) à un modèle basé sur l’abondance (la connaissance est déjà distribuée et accessible). Les organismes de formation (initiale ou continue) doivent s’adapter à ce nouveau modèle où le cœur de métier passe de « l’enseignant qui dispense » à « l’élève qui apprend ». Cette évolution du contexte nécessite ainsi une remise en question profonde de l’organisation et des objectifs de la Formation : « Que doit apprendre l’élève ? Comment l’aider dans ses apprentissages ? Comment structurer la formation ? etc… » puisque « tout est déjà transmis », comme le dit Michel Serres dans son discours Eduquer au XXIe Siècle.

2 – Apprendre = mémoriser ?

L’évolution des technologies nous permet de déléguer notre mémoire à la machine. Si cela peut être pratique pour des informations qui n’ont pas de sens en elles-même (numéro de téléphone, adresse IP, …), il me semble que cela pose un problème pour toutes les informations qui ont du sens. En effet, on est de plus en plus conscient qu’apprendre à l’heure d’Internet correspond à deux actions complémentaires :

  • reconstruire la connaissance qui est éparse,
  • créer des liens entre des concepts plus ou moins proches.

Ce travail ne peut se faire sans mémoriser les éléments essentiels de chaque notion pour pouvoir les ressortir, sur commande, en cas de besoin : on ne pourra jamais créer des liens avec quoi que ce soit, si on a la tête vide … Cet aspect est déjà abordé de façon plus approfondie ici.

3 – Apprendre en faisant

Ainsi, apprendre consiste donc à mémoriser mais cela ne suffit pas ! Le plus important n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on sait faire avec ce que l’on sait. A un moment, il faut passer au stade de la compétence qui consiste à savoir mobiliser des ressources (humaines, temporelles, cognitives, …) pour aboutir à une réalisation. Et cela ne peut se travailler que dans l’action ! C’est la base du « learning by doing » mis en avant par Michel Briand dans son intervention à ITyPA 3.

4 – L’évolution du public

Un autre paramètre à prendre en compte dans une formation est l’évolution du public. J’avais présenté différentes motivations possibles pour apprendre (visant l’élitisme, l’intérêt structurant ou l’épanouissement personnel). Force est de constater que c’est toujours vrai et que l’émergence des MOOC favorise encore plus cet engament ‘de plus ou moins loin’ dans la formation : j’y vais pour voir, sans aucune contrainte. Cet aspect très individuel, avec un certain refus des contraintes risque de limiter l’implication des participants. Or la recherche nous rappelle que l’apprentissage nécessite du temps et des efforts ; ça ne peut pas tomber tout cuit !

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10 constats clés de la recherche sur l’apprentissage, à partir du travail de jean Heutte 

Même si nous sommes dans un monde où tout doit être immédiat, il ne faudrait pas que, pour ‘vendre’ des MOOC (ou tout autre formation), on donne l’illusion que l’apprentissage devient facile, instantané et accessible sans effort.

Vous tous qui suivez (ou avez suivi) une formation récemment, que vous l’ayez fini ou non, votre avis est intéressant : n’hésitez pas à vous exprimer et réagir à ces idées, on a tout à gagner à écouter les différents avis !

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Dernière modification le lundi, 01 décembre 2014
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