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Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a présidé la cérémonie de remise du Prix Irène Joliot-Curie le 7 mars 2024, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes. Cette cérémonie était avant tout une belle rencontre avec des personnalités récompensées pour leurs parcours, leurs domaines de recherche et leurs engagements auprès des scolaires dans la lutte contre les stéréotypes de genre.

Des modèles au féminin pour la jeunesse

A la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, Sylvie Retailleau est venue accompagnée notamment d’Élisabeth Borne, députée et ancienne Première ministre. Le Prix Irène Joliot-Curie valorise depuis 2001 des travaux scientifiques remarquables et promeut la place des femmes dans la recherche. Il est soutenu par l’Académie des sciences, l’Académie des Technologies et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sylvie Retailleau a bien sûr évoqué l’inscription dans la Constitution de la loi sur la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Professeure des universités en Physique et ancienne Présidente de l’Université de Paris-Saclay, Sylvie Retailleau a indiqué de légères améliorations entre 2012 et 2022 dans la proportion des femmes inscrites dans les disciplines scientifiques : de 46,7 à 49,4 %. Elles sont 54 % de femmes diplômées dans le supérieur en 2022 – le chiffre est à 47 % dans l’Union Européenne.

Mais la ministre a déploré seulement 31 % de femmes diplômées dans les sciences, l’ingénierie, les mathématiques et les technologies alors qu’elles sont 37 % d’étudiantes dans ces disciplines au Portugal et 42 % en Islande. Dans les écoles d’ingénieurs, elles représentent 28 % des étudiants « contre seulement 23 % si on regarde les écoles d’ingénieurs spécialisées ».

Les lauréates du Prix Irène Joliot-Curie sont aussi des modèles au féminin pour la jeunesse. Ces chercheuses ont indiqué leur étonnement sur le manque de confiance des élèves filles rencontrées pendant leurs interventions dans les établissements scolaires. La cérémonie a permis de recueillir des témoignages touchants de femmes aux personnalités très affirmées.

« On a un beau métier quand même ! »

Le Prix de l’engagement a été attribué à la mathématicienne Olga Paris-Romaskevich.

En 2023, elle a publié son livre Matheuses avec les sociologues Clémence Perronnet et Claire Marc. Cette scientifique est très engagée pour la sensibilisation et l’orientation des élèves filles vers les sciences et notamment les mathématiques. Dans le contexte géopolitique difficile, Olga Paris-Romaskevich a évoqué l’Ukraine, elle vient de Russie. Elle a souligné le rôle fondamental de l’accès à l’éducation. Elle a aussi rappelé le poids des déterminismes sociaux dans l’orientation.

Le Prix femme, recherche et entreprise a couronné les travaux et l’approche entrepreneuriale de Marilena Radoiu, directrice de recherche en génie chimique et environnement, et également fondatrice d’une entreprise scientifique.

La chercheuse étudie la technologie micro-onde et son intégration dans la matière.

Élisabeth Borne auquel ce Prix Irène Joliot-Curie tient particulièrement à cœur a remis à trois jeunes femmes le Prix de la jeune femme scientifique.

Virginie Galland Ehrlacher, chercheuse et professeure en mathématiques appliquées, a dit ne pas avoir été confrontée à des biais de genre. Mais elle fait le constat de stéréotypes de genre très marqués et de l’autocensure dans ses interventions en milieu scolaire. Elle a cité les associations qui œuvrent pour changer les représentations et différents dispositifs comme Mathématiques : nom féminin ?

Claire de March a été récompensée pour ses travaux dans le domaine de l’olfaction.

Elle a rappelé son parcours commencé par un BTS et qui au final a abouti à un Doctorat. Elle est très engagée pour la parité et l’égalité. Elle a remercié ses anciens professeurs de chimie qui lui ont fait confiance. Laurette Piani, chargée de recherche CNRS en géologie et cosmochimie a offert un beau moment d’émotion. Elle conseille de discuter avec des femmes scientifiques et de leur demander ce qu’elles retirent de leurs professions et activités. Selon elle, la liberté est un avantage obtenu dans l’exercice des professions scientifiques. Elle a rappelé le poids des facteurs sociaux dans le déterminisme scolaire au-delà du genre et a regretté le manque de diversité socio-culturelle dans les institutions de recherche et les laboratoires.

Le Prix de la femme scientifique de l’année a été décerné à Anne Canteaut, directrice de recherche en informatique à l’Inria.

Elle étudie la cryptographie qui correspond au système de chiffrement des données. Anne Canteaut a défendu l’informatique comme discipline et domaine d’applications. Elle désapprouve que l’informatique soit désormais éclipsée par les sciences du numérique. Elle a raconté avec humour comment elle captive les élèves en leur expliquant le rôle de la cryptographie dans la sécurisation des « codes secrets ». Pour conclure son discours, elle a confié en riant : « On a un beau métier quand même ! »

Fatma Alilate

22ème édition du Prix Irène Jolliot-Curie 

Dernière modification le lundi, 11 mars 2024