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La polémique autour de la supposée précipitation du nouveau ministre de l’éducation a eu l’immense avantage de provoquer le débat autour de la question de la refondation de l’école à travers le calendrier et la méthode qui seront adoptés.
A entendre les nombreuses prises de positions la concertation serait par nature trop lente et la prise de décision trop rapide. Le bon rythme est celui de la bonne décision.
 
 
Pendant les longs mois de pré- campagne et pendant la campagne présidentielle elle- même, l’éducation, au sens large, a été un sujet majeur, offrant aux français et aux électeurs la capacité de choisir entre deux projets différents.
 
 
La question des rythmes scolaires avait fait, rappelons- le, peu débats puisque l’ancien ministre de l’éducation, Monsieur Chatel avait conduit une concertation repoussant « seulement » la prise de décision alors que le constat partagé était pour une fois, presque, consensuel.
 
 
Pour autant Vincent Peillon a annoncé, lors de sa prise de fonction, la fin de la semaine de 4 jours et une nouvelle phase de concertation qui déterminera le meilleur choix du nouveau rythme scolaire.
 
 
Si le débat a eu tendance à se focaliser sur le seul temps scolaire et de l’organisation d’une nouvelle semaine en réintroduisant le mercredi ou le samedi matin, les enjeux semblent pourtant plus larges que celui des préoccupations d’une corporation, des parents ou des industriels du tourisme dont on pourra compter assurément sur le lobbying.
 
 
De nombreux chrono-biologistes se sont déjà positionnés contre la semaine de 4 jours ainsi que de nombreux enseignants et parents qui peuvent aussi attester des conséquences négatives de la concentration du temps scolaire sur 4 jours, épuisant les uns et les autres pour contenter une minorité.
 
 
Prenons garde cependant de ne pas réduire le débat au seul temps scolaire, de la répartition des 26 heures d’enseignement et de soutien dans la semaine, mais de prendre en compte aussi la question des apprentissages et des programmes dans le cadre d’une journée globale.
Trois chantiers complémentaires sont donc ouverts au moins sur ce point : la réorganisation de la semaine avec une nette préférence pour le mercredi matin, gage de continuité éducative, la question cruciale des apprentissages à l’école dans le cadre d’un temps annuel scolaire à discuter, la prise en compte des temps péri et extra scolaire permettant aux enfants et élèves de passer une meilleure journée à l’école.
 
 
La mise en place d’une nouvelle organisation pour la rentrée 2013 laisse suffisamment de temps pour consulter et trancher ces problématiques en entendant évidemment tous les acteurs éducatifs et en particulier les collectivités locales qui assument l’accueil des élèves et les temps péri et extra scolaires avec les associations d’éducation populaire.
 
 
La commune de Lomme a ainsi proposé à un groupe scolaire volontaire d’expérimenter un nouveau rythme pour les élèves dès la rentrée 2012, l’aménagement du temps de l’enfant, comme c’est déjà le cas à Epinal ou à Lille.
 
 
Le projet travaillé depuis près de 2 ans en collaboration avec les parents d’élèves, les enseignants, l’inspection académique et les services municipaux organisera une nouvelle semaine scolaire sur 9 demi- journée, le mercredi matin étant retravaillé, concentrant les plages scolaires sur le matin et libérant 2 après midi pour la mise en place de parcours sportifs, culturels, environnementaux ou citoyens permettant par exemple de « discuter philosophie » ou d’appréhender des formes d’expression artistiques liées au théâtre et à la musique.
 
 
C’est ainsi que le débat a moins tourné autour du temps scolaire et du retour au mercredi ou samedi matin mais s’est concentré sur le « temps global » passé à l’école entre le temps scolaire obligatoire et les temps péri et extra scolaires, les parents souhaitant légitimement la garantie d’une continuité des temps et du contenu des journées.
 
 
Ce projet expérimental affiche ses ambitions : celui de nouer enfin une politique éducative nationale et locale dans laquelle les collectivités auraient un rôle reconnu. Ce sera assurément une des questions importantes dont nous aurons l’occasion de débattre en 2013.
Caremelle Olivier

Enseignant et militant pour la promotion du service public d’éducation. Adjoint au maire de Lomme, délégué à la culture et au projet éducatif global.