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Si ce n’étaient pas les fêtes, je pourrais m’agacer de la réponse faite par la ministre de l’égalité des territoires et du logement à un sénateur qui l’interrogeait à propos du déploiement du très haut débit de telle manière à permettre l’égalité des citoyens. La ministre promet l’accès de tous à un « bon débit » de 3 à 5 Mb/s d’ici 5 ans ! Autant dire rien… Un tel débit ne permettant aucun des usages numériques raisonnables aujourd’hui, il ne risque pas d’être suffisant dans 5 ans !
Si ce n’étaient pas les fêtes, oui, je pourrais aussi, dans le même ordre d’idées, m’alarmer de l’apparente absence de volonté politique du ministre de l’éducation qui, voulant proposer des « solutions concrètes pour faciliter l’action des collectivités territoriales en matière d’équipement et de raccordement au très haut débit », se contente de démarches d’incitation et de mise en relation des partenaires. C’est bien le moins qu’on attend quand la situation est si grave. L’école, peu à peu, entame lentement mais sûrement un processus de désertification numérique, l’absence de débits suffisants s’aggravant de politiques de censure de contenus aveugles !
 
 
Si ce n’étaient pas les fêtes, je pourrais aussi m’inquiéter de l’absence totale de la prise en compte des enjeux du numérique dans la réformette qui semble se profiler à propos des rythmes scolaires. Plus que de la répartition annuelle des temps de classe, des vacances, le nombre d’heures et leur répartition dans la semaine, qui s’est vraiment préoccupé de toucher aux sacro-saints contenus disciplinaires et donc aux séquences de cours et à ce qu’on pouvait bien y faire ? Qui s’est soucié de la répartition du temps de travail éducatif entre l’école, d’autres espaces éducatifs et la maison ? C’est certes un chantier pharaonique mais qui ne peur souffrir de retard dans son lancement. Et pourtant… Il peut être intéressant, à ce sujet, de lire cet article qui pose la bonne question qui vaille : « que reste-t-il du projet de temps éducatif de l’enfant ? ». Je préciserais volontiers : de l’enfant tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit.
 
 
Si ce n’étaient pas les fêtes, je pourrais aussi m’attarder à réfléchir et donc m’inquiéter, là encore, de ce qu’on nous prépare à propos de formation initiale et continue des enseignants. Pour ce qui concerne leur nécessaire acculturation numérique, je ne perçois pas dans la volonté politique, de détermination suffisante, résolue et adéquate aux enjeux. Il ne suffit pas de dire qu’on va former grâce au numérique pour former au numérique. Il ne suffit pas non plus de former au numérique pour que les apprentissages en soient imprégnés. Il ne suffit pas de certifier à la va-vite des millions d’enseignants pour que leurs pratiques soient changées en classe ! Il ne suffit pas non plus de se contenter d’inciter les cadres à changer, eux qui sont sans doute les plus rétifs, les plus « réactionnaires » et conformistes. Qui va former les formateurs ? Qui va contraindre l’encadrement et toute la hiérarchie à changer le logiciel de pilotage pour être en capacité d’impulser et de promouvoir ? 
 
 
Si ce n’étaient pas les fêtes, je pourrais aussi me soucier d’un dossier qui ne semble intéresser strictement personne : celui de la nécessaire évolution de l’architecture de nos écoles, collèges, lycées et universités et des espaces de travail (cours, travaux pratiques, collaboration, recherche documentaire travaux dirigés, travaux autonomes) réels ou virtuels — ce n’est pas le carcan contraint des ENT qui risque de changer quoi que ce soit ! Il y a là des enjeux considérables à mesurer et aussi, très probablement, des marchés considérables à investir.
 
 
Si ce n’étaient pas les fêtes, j’aurais sans doute encore bien d’autres raisons de réveiller de vieilles démangeaisons…
 
 
Mais ce sont les fêtes de fin d’année… Il convient donc pour moi, malgré tout, de vous souhaiter une belle année 2013, tout spécialement pour les lecteurs d’Éducavox, et de souhaiter à l’école de France la modernisation numérique et pédagogique qu’elle, ses élèves et la société méritent.
 
 
 
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Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.