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Crédit photo : Rolex Learning Center par nicolasnova – licence CC-by-NC - Publié par Jean-Marie Gilliot le 10 juin 2013 sur TIPES. Accès à l’article.
L’EPFL a pris les devants et organisé « dans l’urgence » une réunion des acteurs autour des MOOCs en Europe. 
 Réunion sur invitation, par manque de place nous a-t-on assuré, avec comme objectif d’organiser une conférence ouverte sur ce sujet, j’ai eu la chance de participer à cette première du genre. Pierre Dillenbourg et son équipe ont bien fait les choses. Efficaces et sympathiques, ces gens ont du talent. Leur centre sur l’éducation numérique, hébergé dans le Rolex Learning Center mérite la visite.
 
Ouverture à deux voix entre Karl Aberer et Pierre Dillenbourg qui ont détendu l’atmosphère, tout en positionnant clairement la nature des débats : pas question d’embellir, de dénigrer, ni de dire qu’il n’y a rien de nouveau, rester dans une ligne concrète. C’est un réseau d’échanges qui démarre ici. Un chiffre en passant : 70% des élèves qui ont suivi un MOOC à l’EPFL annoncent qu’ils préfèrent cette modalité.
 
Dans la foulée, nous avons fait un tour d’Europe avec un récapitulatif rapide par pays des MOOCs ouverts, en préparation et des initiative d’entreprise. Plutôt riche, l’Allemagne et l’Espagne paraîssent très dynamiques, avec notamment des nouveaux portails comme Iversity ou Difundi (basé sur OpenMOOC :-) ). 13 pays étaient présents. La situation en France a pu paraître confuse à l’assemblée. Notons d’ailleurs que la délégation française était particulièrement nombreuses, avec des établissements prestigieux qui ont, ou non pas encore, annoncé officiellement leurs projets (et qui sont restés excessivement discrets), avec des chercheurs (CNRS et INRIA), avec des associatifs, avec l’AMUE et autres associations, et avec deux industriels dont Orange qui continue à affiner et à affirmer son projet. En tout cas, jetez un coup d’œil sur ce tour d’Europe.
 
Deuxième volet de présentations, les associations supra-nationales (européennes) qui n’ont pas encore de position affirmée sur le sujet, excepté Fred Mudler (chaire Unesco sur les OER et EADTU, qui a monté le portail Openuped) qui considère que les MOOCs sont un outil pour faire avancer l’Open Education.
 
Nous sommes ensuite passés à un panel assez complet de représentants des portails, censés nous présenter leur stratégies et leurs modèles pour eux et leurs partenaires : Coursera, edX, Google, FutureLearn, MiriadaX, Defundi et IMC. Présentation dynamique et salve des questions de la salle. EdX, terriblement convaincant, réaffirme son coté « non profit », en soulignant que les cours sont partagés entre les partenaires, que le code est libre, et disponible, que leur but est d’améliorer les campus. En tout cas, ces partenaires ont été très présents, ainsi qu’Orange.
 
IBM, Cisco, F-Secure étaient pour leur part venus prendre la température.
 
Le lendemain matin, séparation en 4 groupes : « europeanism or platformism », « Bologna2.0 ? », « University strategies », « disruption or Continuity ? » – nos hôtes ont le sens des titres chocs.
 
Le groupe « europeanism or platformism » a convenu de l’importance d’avoir plusieurs plate-forme et modèles économiques, de l’approche ouverte, de la collaboration, de l’intérêt d’avoir des cultures multiples et du caractère vital de l’éducation. La proposition de ce groupe est de développer rapidement un portail mettant en avant les MOOCs européens, fédérant les plate-formes européennes.
« Bologna2.0 » semble dire qu’il va de soi que des crédits ECTS puissent être échangés, mais qu’il est difficile d’aller plus loin (trop difficile par exemple de développer des centres d’examens de MOOCs). On espère plutôt des progrès sur l’évaluation en ligne. Notons en passant la proposition, faite la veille, de l’EPLF d’échanger des informations pour permettre à des élèves d’une université de suivre un MOOC et passer les examens.
 
« University Strategies » nous donne comme idées : que les amphis sont morts, que la valeur ajoutée des campus est bien l’expérience de vie et les échanges qu’il permet. Il rappelle (et cela a été dit à de nombreuses reprises) que les MOOCs visent d’abord l’apprentissage tout au long de la vie. Il considère également que le curriculum doit rester de la responsabilité des universités, pas des personnes, ni des entreprises, mais les raisons ne m’ont pas paru convaincantes. Dernier point évoqué, la possibilité de synergies entre établissements au travers de l’infrastructure et de la mise en place de mécanismes d’interopérabilité.
 
Je n’ai retenu de « Disruption or continuity ? » encre une fois que le fait que la formation tout au long de la vie était une opportunité pour les MOOCs.
La dernière partie de cette rencontre a donc été consacrée à un échange sur cette future première conférence européenne sur les MOOCs : ce sera donc à Lausanne, vraisemblablement en janvier 2014, avec des temps de rencontre, d’échanges, une journée préalable de tutoriaux, et 4 sessions en parallèle : politique, retours d’expérience, recherche, et business. Il y aura également des temps pour apprendre à construire son propre cours. Rendez-vous pris début 2014 (date à confirmer).
 
Et pour finir, une question posée plusieurs fois : et vous, comment vous positionnez vous dans 5 ans dans une offre de cours ouverts ?
Gilliot Jean-Marie

Enseignant chercheur au département informatique de Télécom Bretagne
Persuadé que le futur de l’école est numérique, je publie sur mon blogTechniques Innovantes pour l’Enseignement Supérieur. Vous pouvez également me retrouver sur Tiwtter : @jmgilliot
Thot Cursus a publié un interview "l’apprentissage passe par la réutilisation" qui me parait assez juste.