L'école a été attaquée, meurtrie, blessée au coeur.  Elle  ne se relèvera pas seule d'un défi lancé à notre société toute entière. Mais ce qu'elle peut faire, à son échelle, c'est aller chercher les élèves là où ils sont, hypnotisés, pris dans les filets d'idéologies religieuses  liberticides, stigmatisantes, dangereuses..

"Même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave" nous dit Condorcet; c'est malheureusement vrai :l'être humain ignorant est souvent maltraité et ignorant mais  ce père de l'école républicaine  ajoute "l'enthousiaste ignorant n'est plus un humain, c'est la plus terrible bête féroce." Il est vrai que l'ignorant enthousiaste peut devenir un monstre et ce n'est guère un hasard si aujourd'hui les enseignante(e)s  peuvent devenir les cibles privilégiées des terroristes.

Samuel PATY,  Dominique BERNARD, deux enseignants assassinés par deux terroristes tchétchènes  dans l'exercice de leurs fonctions. "Morts d'avoir été un professeur" est tout simplement insupportable. Bien sûr, il n'existe pas de victimes "supportables" du fanatisme religieux; 16 octobre 2020, 13 octobre 2023 cette proximité ne peut qu'interpeller, raviver les plaies d'une communauté éducative, une fois encore prise pour cible et qui  est devenue une profession à risque.

Si le ministre de l'Education nationale a choisi de s'occuper des vêtements des jeunes filles et des habits dits religieux afin de l'imposer comme discussion de la rentrée scolaire, ne tombons pas dans le panneau. Alors que 12 millions d'élèves ont retrouvé leurs établissements,  l'inquiétude principale c'est plutôt "abay'a pas de profs"que l'abaya tout court.. Beaucoup de postes sont en effet non pourvus :4000 l'an dernier, plus de 3000 cette année. De quoi rendre impossible la promesse du gouvernement d'"un professeur devant chaque élève."

La rentrée s'est effectuée, " chaque enfant n'a pas eu un professeur face à lui" comme le rêvait le président de la République; Il n'est pas certain que les autres engagements gouvernementaux soient tenus. Ou alors, à quel prix ? Classes surchargées et surtout recrutement d'enseignants contractuels. La normalisation de ce mode de fonctionnement ne peut que fragiliser l'école, pilier de notre République.