fil-educavox-color1

La ministre de l'Education nationale propose au Conseil Supérieur de l'éducation nationale le 15 octobre une uniformisation et une simplification du livret scolaire dont une des caractéristiques consiste à le dématérialiser pour tous les élèves de la scolarité obligatoire, du CP à la classe de troisième.

Accessible en consultation sur un site propre aux parents et aux Elèves en temps réel tout comme bien sur aux enseignants et particulièrement aux professeurs principaux pour le collège ce livret accompagnera toute la scolarité de l'élève quel que soit son lieu de scolarisation. Comme peut le faire "le carnet de santé ", précise Najat Vallaud Belkcem lors de la conférence de presse de présentation de l'evaluation des Elèves du CP à la classe de troisième et du nouveau brevet des collèges.

L'application de saisie des notes et des appréciations, commune aux enseignants du premier et du second degré, devrait donc se substituer aux logiciels proposés par les éditeurs. Identique dans sa forme pour tous les élèves ce " dossier scolaire" d'une trentaine de pages en fin de 3e, qui se substitue à une somme de documents disparates, pourra toutefois s'adapter aux spécificités locales avec des options de présentation.

Celles et ceux qui attendaient une suppression de la notation chiffrée ou à l'inverse la réaffirmation de leur pérennité seront déçus. La ministre a opté pour une voie médiane, certainement fruit d'une volonté de consensus, renvoyant aux équipes pédagogiques le soin de mettre en œuvre des stratégies pédagogiques adaptées à leur choix

 La réalité aujourd'hui telle que le rapport de l'inspection générale publié en 2013 la décrit, c'est plus de 70% des enseignants du premier degré qui ont abandonné la notation chiffrée alors qu'au collège ils sont majoritaires à privilégier ce mode d'évaluation. Et la ministre le rappelle " les notes ne sont supprimées ni en primaire ni au collège".
Seul impératif, dicté par la cohérence et la conformité à la loi de juillet 2012 et au socle commun de connaissance, de compétence et de culture, la maîtrise des huit champ de compétences des élèves sera appréciée en fin de chaque cycle au travers de quatre niveaux : insuffisante, fragile, satisfaisante et très bonne.
Cette fiche, pour la ministre, c'est comme un véritable check up " pour dire aux parents où en est leur enfant sur le chemin de progression personnelle vers l'acquisition en fin de 3e du socle commun."

Il s'agit donc bien d'une solution hybride qui est à l'image de la profession enseignante et des parents d'aujourd'hui partagés sur ce sujet, et qui laisse certainement la porte ouverte à une évolution ultérieure .
Car le dossier de l'évaluation et de la notation est loin d'être clos
Le regard des Medias s'est appesanti ces derniers temps sur la notation. C'est sur la forme et la nature des rubriques figurant sur les bulletins périodiques ( généralement trimestriels ) que des changements apparaissent.

Le " bulletin" s'intitule désormais " suivi des acquis des Elèves" , tout un programme ! Et justement il est demandé à chaque enseignant de se prononcer sur le niveau des acquisitions et leur évolution en référence aux "éléments du programme travaillés durant la période". Constitué d'un recto et d'un verso le bulletin apporte également des informations sur les actions et les projets réalisés dans le cadre des EPI par l'élève, permettant à ce document de valoriser plus qu'à sanctionner son travail.
Ce nouveau livret scolaire qui doit être mis en place à la rentree 2016, ouvre de nombreuses pistes de réflexion.
D'une part en permettant qu'il apporte d'autres informations sur les Compétences de l'élève que les seules disciplines permettent. Ce sont en particulier des indications sur l'implication personnelle de l'élève dans les parcours citoyen, parcours avenir ou d'éducation artistique et culturel qui sont mis en œuvre.

D'autre part en affichant plus clairement combien l'évaluation pour apprendre peut concourir à faire mieux réussir l'élève en valorisant ses acquis, on se recentre sur une évaluation formative, moins stigmatisante, plus utile à l'amélioration des performances.

A bien y regarder il ne faut pas être surpris de la situation quand on sait que depuis trop longtemps l'evaluation n'a quasiment jamais été un objet d'étude en formation initiale des enseignants et encore moins en formation continue.
La culture de l'évaluation s'est en effet plus naturellement transmise implicitement, les enseignants ayant tendance à reproduire les modes d'évaluation qu'ils ont vécus comme élèves avec la spécificité voire la particularité de chaque discipline.
Les expérimentations lancées ici et là par des enseignants innovants ont permis de prendre conscience que l'évaluation doit avant tout servir l'élève dans sa progression.
Les technologies du Numérique Educatif contribuent notablement a cette évolution : pratique de l'autoévaluation, apprentissage entre pairs, démarche de projet, individualisation des outils ....

La formation est donc essentielle pour faire évoluer ces pratiques .

La réforme du collège, les pratiques pédagogiques d'évaluation et le plan Numerique sont au programme des huit journées de formation destinées à chaque enseignant.
C'est un premier pas et un effort inédit qui devra, à n'en pas douter, se poursuivre si l'on veut faire bouger durablement les lignes.

Claude TRAN

Dernière modification le samedi, 10 octobre 2015
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.