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Plus de 400 langages différents, des technologies par milliers, des dispositifs innombrables et une évolution constante… Quand je parle de numérique aux enfants et grands enfants, j’ai souvent tendance à ouvrir grand les bras en disant que je peux faire « tout ça ». Je peux embrasser le monde, tant les possibilités sont immenses. Dès lors, quiconque s’engage dans le numérique sait qu’il est condamné à apprendre tout au long de sa vie mais que ses précédents apprentissages nourriront les suivants. Que serais-je aujourd’hui sans avoir appris le BASIC 30 ans plus tôt ? J’aurais raté un certain nombre de choses bien que je n’ai pas tapé une ligne de BASIC depuis pas mal d’années. Pourtant c’est avant tout une culture, une façon de faire qui m’ont imprégné.

Les savoirs vont et viennent et on sait bien que l’on ne pourra transmettre aux enfants qu’une toute petite partie de ceux-ci.

 
Faut-il sélectionner suivant des objectifs professionnels, ne choisir que ce qui servira plus tard ? Bien évidemment non car il s’agit avant tout de donner le goût, l’envie, de lancer sur la piste et de les laisser choisir ensuite ce qui les intéresse le plus.
 
Il faut que cela reste agréable et que cela suive nos intérêts. Je me souviens d’une époque où pour ma thèse tout le monde me disait « PHP + MySQL ! » et je répondais « XML + Rebol ! ». En effet, si le tandem « PHP - MySQL » est certes très utilisé et efficace, personnellement il a le don de me filer des boutons. Impossible à expliquer mais je n’ai jamais réussi à m’y plonger sans m’ennuyer ferme au bout de peu de temps alors que l’autre combinaison me fascinait. Cela ne m’a pas empêché de mener à bien mon projet. Qui serais-je donc maintenant pour imposer aux enfants les canons du numérique alors que je prône avant tout le plaisir ?
 
Qui plus est, soyons honnêtes : le savoir-faire, je m’en fiche un peu. Parfois avec des enfants ou des jeunes, l’objectif « savoir-faire » n’est pas atteint à 100% pour diverses raisons, le plus souvent par souci d’adaptation au public, un atelier à marche forcée étant totalement exclu.
 

Je reste vigilant sur son pendant : le « savoir-être » qui est le plus important.

Ces enfants que l’on me décrit plus concentrés…
 
Ce jeune qui se sent désormais prêt à suivre d’autres formations… Même pas peur !
 
Cet autre qui veut lancer son propre atelier numérique et me demande conseil…
 
Ce tout jeune qui me dit « plus tard, quand je fabriquerai des robots »...
 
Ce n’est pas toujours évident à détecter et j’ai parfois besoin d’un regard extérieur pour évaluer l’avancée de tel ou tel jeune, tel ou tel enfant. Ce n’est pas non plus systématique. Le numérique ne fait pas de miracles mais il y contribue.
 
Au travers de la patience. On se rend compte qu’un projet ne se fait pas en claquant des doigts et qu’il va falloir en planifier les étapes.
 
Au travers de la méthode. Inutile de se jeter sur le matériel sans apprentissage sinon le « ça marche pas » n’est jamais très loin. On cherche des ressources, de la documentation. On apprend à apprendre, seul ou en partageant avec les autres.
 
Au travers de la réflexion, de la prise de risques face à des situations où on a un peu peur de se lancer et d’échouer. On réévalue l’erreur comme un écueil et non comme une fin en soi. Si la solution A ne fonctionne pas, essayons la B, puis la C. Voyons ensuite si l'on peut faire plus élégant, plus efficace.
 
Au travers enfin de la confiance en soi et la responsabilisation. « Je sais faire », « Je suis capable de » et savoir rebondir, regarder la sortie du trou plutôt que le sol. Peut-être la plus importante parmi ces fameuses « compétences du XXIème siècle ».
Dernière modification le samedi, 19 mai 2018
Cauche Jean-François

Docteur en Histoire Médiévale et Sciences de l’Information. Consultant-formateur-animateur en usages innovants. Membre du Conseil d'Administration de l'An@é.