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Article publié par David-Julien Rahmil sur Digital Society Forum - Jeune spécialiste, meilleur connaisseur que ses parents de l’usage du numérique ou ado incapable de gérer son image publique sur les réseaux sociaux et à la merci de prédateurs sexuels : ces deux visions de l’adolescent face au web semblent s’imposer, révélant une méconnaissance certaine des pratiques des adolescents sur le web comme des réseaux.
En effet, les perceptions d’utilisation entre les jeunes et leurs parents sont souvent en décalage. Ainsi, les parents surestiment le temps passé sur le web et sur les consoles de jeux. Ils pensent que les enfants sont plus prompts à donner leur adresse mail à des inconnus et surestiment leur propension à dévoiler leur vie privée et à être exposé à des contenus pornographiques ou des documents qui ne les concernent pas. Inquiétés par des pratiques qu’ils n’ont pas connues dans leur jeunesse et par un message médiatique anxiogène sur les dangers du web, les parents sont donc souvent plus inquiets que leur progéniture.
 
Des navigateurs...
 
Du côté des jeunes, l’image de spécialiste du net qu’il leur colle à la peau est exagérée. Ainsi, la plupart des adolescents ne navigue jamais sur le web au hasard. Ils regardent des vidéos sur You Tube, écoutent de la musique, discutent avec des amis ou font des recherches. Près de 30% des 11-18 ans développe même une routine de navigation. On est donc loin de l’image de l’adolescent spécialiste des réseaux surfant sur une multitude de sites inconnus des parents. Cependant, même ceux qui passent plusieurs heures sur un écran n’utilisent pas d’outils, comme les marque-pages, pour rendre leur navigation plus rapide. Comme certains adultes peu expérimentés, ils se font piéger par des bannières publicitaires qu’ils confondent avec les fonctionnalités des sites. Le téléchargement accidentel de malwares et autres virus est d’ailleurs la première expérience négative citée par les plus jeunes avant le visionnage involontaire d’images pornographiques ou violentes. En cas de souci comme un bug ou un plantage, la demande d’aide s’avère souvent compliquée. Soit les parents n’ont pas les compétences nécessaires pour débloquer la situation, soit les jeunes ont peur de se faire réprimander et de voir leur accès restreint. Du coup, le dépannage passe généralement par des amis mieux informés.
 
… pas si naïfs
 
S’ils ne sont pas des experts, les jeunes ne sont pas pour autant des victimes naïves. Si l’identification précise des risques vient avec l’âge et l’expérience, ils ne sont que 3,5% à affirmer que le web est sans danger. La grande majorité noue très peu de relations directement sur Internet et utilise plutôt les outils de chat et de discussion pour dialoguer avec des personnes qu’ils connaissent déjà. Les inconnus rencontrés le sont souvent dans le cadre de jeux en ligne ou de discussions sur forum et le restent une fois sur trois. S’ils oublient parfois que le net est un endroit public et que tout le monde peut voir leur activité, la plupart des jeunes connaissent les risques sociaux liés à la divulgation d’informations privées. Comme leurs parents, les plus méfiants sont souvent les utilisateurs les moins expérimentés. Ils sont environ 60% à considérer le web comme un endroit potentiellement dangereux et perçoivent même mieux que leurs parents les possibilités de nuisance apportées par les réseaux sociaux. Cela ne les empêche pas pour autant de prendre des risques calculés et d’exposer certains aspects de leur vie privée sur Facebook. S’il peut parfois déraper, ce dévoilement s’apparente plus à une quête d’identité et à une certaine mise en scène destinée à provoquer des réactions et des commentaires de la part du cercle d’amis. Au final, les ados supportent mal la surveillance des adultes, surtout passé l’âge du collège. Il faut dire que la moitié d’entre eux sont « amis » avec leurs parents sur Facebook. Reste que les discutions entre parents et enfants sur l’usage des réseaux est assez rare. En fait, la surveillance s’opère plus au niveau du temps passé que des contenus partagé et des expériences vécues. Les jeunes préféreront toujours le regard critique et la discussion avec les parents plutôt qu’une interdiction pure et simple, signe de non respect de ses choix. D’ailleurs, 87% d’entre eux considèrent même qu’il est important de familiariser les plus jeunes sur les risques qu’ils encourent sur le web.
 
David-Julien Rahmil Digital Society Forum
Dernière modification le jeudi, 16 octobre 2014
An@é

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