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Des emplois supprimés par dizaines de milliers, une réforme de la formation ratée, calamiteuse, une politique avec pour objectif prioritaire de tailler dans le budget et pour objectif secondaire de semer le trouble dans les rangs (incitation aux heures sup, déclarations intempestives, mesures décrétées et non suivies comme la réforme de la carte scolaire…), la méthode sarkosienne laisse un système éducatif exsangue, épuisé, sans perspective.

Pour tenter de masquer ce bilan, le candidat président enfonce le clou néolibéral : plus d’argent mais surtout plus de tâches pour les profs, plus de transparence (? !), plus d’exigences pour tous, plus d’autonomie pour les établissements. Sans peur des contradictions : il faut maintenant “remettre des adultes dans les établissements pour écouter les enfants…“. Alors que le programme prévoit toujours plus de suppressions de postes.

Revenons sur l’autonomie accrue des établissements. Il faut voir ce que cela donne dans l’enseignement supérieur, avec la réforme dont se vante la clique sarkosienne. L’autonomie des universités (qui avait été installée par la loi Edgard Faure en 69…) se décline désormais aussi sur le plan financier. Résultat immédiat ! Les universités sont confrontées à des problèmes lourds de masse salariale — alors qu’elles ont dû accroître sensiblement leur personnel administratif pour gérer les responsabilités qu’elles récupèrent — et font l’objet de contrôles de plus en plus tatillons — conséquence de leur autonomie financière… L’idée d’autonomie est un slogan qui se vend bien dans l’idéologie néolibérale. Sur le terrain, elle peut se transformer en marché de dupes.

Pour sortir l’école de l’ornière (dans laquelle notre société l’a peu à peu placée, et dans laquelle le dernier quinquennat l’a enfoncée un peu plus), ce n’est pas avec toujours plus de la même chose qu’on y parviendra. Il faut mobiliser les enseignants, et pour cela les aider à avoir non seulement le moral, mais la “pêche“. Il faut libérer leur puissance imaginative, les aider à organiser des actions collectives. Cela ne se fera pas sans moyens, mais les moyens seuls ne suffiront pas. Seul un sursaut républicain, pour l’école publique comme pour l’école privée, peut assurer le recadrage indispensable. Déclarer haut et fort que “l’éducation n’est pas une dépense mais un investissement“ est un bon début. Envisager “un nouveau pacte pour l’école“, en fondant sa construction sur la négociation et la tenue d’états généraux, envisager “un évolution souple“, constitue la moins mauvaise méthode pour sortir de l’ornière.

Envisager “un nouveau pacte pour l’école“, en fondant sa construction sur la négociation et la tenue d’états généraux, envisager “un évolution souple“, constitue certainement la moins mauvaise méthode pour sortir de l’ornière.

Mais le débat est ouvert !

Jean-Claude Sallaberry

Sallaberry Jean-Claude

Professeur émérite à l'université Montesquieu-Bordeaux IV.  Professeur de sciences physiques en lycée (20 ans), puis professeur des universités (sciences de l'éducation et science de la cognition) durant 20 ans, Directeur de l'IUFM d'Aquitaine pendant 7 ans 1/2.

Centrés sur une théorie des représentations, ses travaux explorent les phénomènes de la cognition et de la culture en modélisant l'articulation du niveau logique individuel et du niveau logique collectif.  Il publie notamment sur les thèmes “représentation et cognition“, “didactique des sciences“, “dynamique des groupes“, “théorie des système et théorie de l’institution“.

Co-rédacteur en chef de la revue L’Année de la recherche en sciences de l’éducation, il co-dirige, chez L’Harmattan, la collection “Cognition et Formation“.