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Zéro pointé à la mastérisation, zéro pointé pour la formation des maîtres, titrent respectivement Libération et Le Figaro !
Comme quoi une telle évaluation ne vient pas que de l’opposition… Les deux articles commentent le rapport que vient de rendre la Cour de Comptes à propos de la formation initiale et du recrutement des enseignants. La Cour utilise bien entendu un langage plus feutré, mais “pointe“ néanmoins les écarts, voire les contradictions entre les objectifs affichés de la réforme et les résultats de son application.

Rappelant la pression exercée par les considérations budgétaires (qui ont été privilégiées, au détriment d’une préparation suffisante de la réforme), la Cour note une “mauvaise articulation de la réforme avec les orientations stratégiques de l’enseignement scolaire“ ( !). Elle souligne l’absence d’outils de suivi et de pilotage de la réforme, l’absence de cadre pour la construction des masters préparant aux métiers de l’enseignement, la déconnexion avec le socle commun de compétences et de connaissances, pourtant mis en avant par la loi d’orientation de 2005 (qui a engagé la réforme…).

Ces critiques de fond sont accompagnées d’observations pertinentes, portant notamment sur l’occasion ratée de profiter de la réforme pour assouplir les contraintes de gestion du système éducatif français (la réforme c’est pour les acteurs de terrain, pas pour le système…), la diminution préoccupante du vivier de recrutement, la non augmentation de la formation pratique (qui était pourtant l’un des objectifs affichés).

J’avais indiqué, lors du démarrage de cette réforme, mon “optimisme très fragile“ — préférant la litote à tout autre forme. D’avoir eu raison ne me cause aucun plaisir.

Sallaberry Jean-Claude

Professeur émérite à l'université Montesquieu-Bordeaux IV.  Professeur de sciences physiques en lycée (20 ans), puis professeur des universités (sciences de l'éducation et science de la cognition) durant 20 ans, Directeur de l'IUFM d'Aquitaine pendant 7 ans 1/2.

Centrés sur une théorie des représentations, ses travaux explorent les phénomènes de la cognition et de la culture en modélisant l'articulation du niveau logique individuel et du niveau logique collectif.  Il publie notamment sur les thèmes “représentation et cognition“, “didactique des sciences“, “dynamique des groupes“, “théorie des système et théorie de l’institution“.

Co-rédacteur en chef de la revue L’Année de la recherche en sciences de l’éducation, il co-dirige, chez L’Harmattan, la collection “Cognition et Formation“.