La Ligue de l’enseignement a contribué à éclairer ces enjeux en organisant la première conférence de consensus scientifique autour du numérique éducatif. Autour d’Ange Ansour, chargée de la R&D à la Ligue de l’enseignement, le comité scientifique de la conférence de consensus est composé de Georges-Louis Baron, Éric Bruillard et Thérèse Laferrière.
Après un premier symposium de dissensus, organisé le 8 octobre, une plateforme numérique collaborative a été ouverte du 25 octobre au 2 novembre pour recueillir les contributions des collectifs associatifs, professionnels ou institutionnels intéressés. La conférence de consensus est venue clore ce parcours d’exploration.
Cette rencontre s’est déroulée le jeudi 17 novembre au Salon Educatec-Educatice.
Le travail préparatoire à cette conférence s’est fait autour de quatre questions :
# Quelles nouvelles formes d’apprentissage pour les élèves ?
# Quel pilotage par les algorithmes ?
# Quelle conjugaison possible de l’action publique et du privé
à l’égard des équipements et ressources numériques ?
# Le numérique, quel objet de culture dans l’enseignement obligatoire ?
Les éléments essentiels de ces travaux sont retranscrits sur le site : http://semainedeleducation.laligue.org/la-demarche-de-la-conference-de-consensus/
Concernant le premier point : # Quelles nouvelles formes d’apprentissage pour les élèves ?, il y a eu consensus pour dire que :
- l’environnement numérique ne modifie pas les apprentissages
- il ne change pas non plus les formes d’apprentissage
- en revanche, il introduit de nouvelles modalités d’apprentissage. Il modifie le contexte technique et culturel de l’apprentissage.
Le rôle de l’école pour initier à l’usage des outils et des ressources ainsi que le rôle de l’enseignant concepteur, guide, médiateur des apprentissages sont fortement soulignés ainsi que l’importance des aspects collaboratifs dans la construction des savoirs.
Le lieu du dissensus se trouve dans les tensions entre les nouvelles modalités d’apprentissage et les formes instituées de l’évaluation scolaire avec la question centrale de l’évaluation de l’impact du numérique en terme d’efficacité et des indicateurs permettant de la mesurer.
Pour le deuxième sujet : # Quel pilotage par les algorithmes ?
Le point de départ de la discussion a été la place des algorithmes et la conception de programmes informatiques au sein du système éducatif, et en particulier la plateforme APB (Admission Post-Bac) l’application Affelnet (l’affectation des élèves en lycée ou en lycée professionnel).
Le débat a porté sur les questions de gouvernance et de pilotage, mais aussi de sécurité, de confiance, de transparence et d’accès aux données avec deux sources de dissensus
- La question des algorithmes et de la démocratie
- Celle des algorithmes dans les apprentissages
C’est le dernier point # Le numérique, quel objet de culture dans l’enseignement obligatoire ? qui a donné lieu aux échanges les plus riches.
La question initiale était motivée par la recommandation : La question de la " culture numérique de base " que doivent alimenter et construire l’école primaire et le collège (l’enseignement obligatoire) et l’éducation populaire pour enfants et adolescents doit être posée non comme une possibilité souhaitable mais comme une obligation nationale urgente.
Il y a bien évidemment consensus sur la nécessité de donner aux jeunes les clés indispensables pour dépasser le domaine des utilisateurs du numérique et devenir des acteurs du monde qu’il façonne. C’est ce souci qui doit permettre d’élaborer " le socle commun de compétences " du citoyen numérique.
Qui plus est, si l’on ne veut pas que le numérique soit source d’un accroissement des inégalités dans la société, il est nécessaire de permettre à tous l’accès à cette culture. En particulier l’implication des parents dans les apprentissages est plus que jamais souhaitable et donc leur propre formation indispensable. Pour ce faire, il convient d’élaborer un processus de formalisation des besoins co-construit sur le terrain et la mise en œuvre de dispositifs de formation impliquant les tissus associatifs et les mouvements d’éducation populaire.
La conférence a débouché sur une liste de « préconisations » établie tantôt en terme de proposition tantôt en terme de questionnement au fil des interventions.
- Participation systématique de la recherche au développement des technologies éducatives
- Associer la recherche non seulement à la conception des programmes scolaires mais aussi au suivi et l’évaluation de la mise en œuvre
- Comment se poser des questions interdisciplinaires et inter-catégorielles et celles qui lient recherche et terrain ?
- Circularité et intégration recherche / terrain
- Se poser des questions interdisciplinaires et inter-catégorielles
- Intégrer la recherche au cœur de l’école
- Aspect pluridisciplinaire et pluri-échelle : la recherche sur la réussite de l’innovation ne dépend pas uniquement du dispositif économique mais convoque les aspects : économique, politique, social et psychologique
- Construire des projets de recherche qui épousent le point de vue de l’élève : comment est sa semaine ? Comment construire le curricula en dehors et dans les écoles ?
- Quelle est la mission de l’élève ?
- La notion de transparence : les rendre accessibles et compréhensibles
- Implication de l’institution : développer les compétences pour concevoir et ne pas subir
- Open datas dans l’enseignement obligatoire
- Éthique des données et algorithmes
- Enseigner dans le concret de la lecture des textes et des pratiques scientifiques les premiers algorithmes
- Quelles recherches pour modéliser les apprentissages qui associent et distinguent l’humain de la machine ?