fil-educavox-color1

Par André Giordan et Jérôme Saltet - Résumé des chroniques précédentes - Cessons de nous lamenter... Le collège est très « malade, mais en s’appuyant sur des expériences préparées et évaluées, en France et dans d’autres pays, il est possible d’avancer des propositions concrètes[1]. Arrêtons cependant le toujours plus ! La solution n’est pas que dans les moyens. Un projet global, parti de la base, peut désormais être mis en place.

Le Collège que nous mettons en place a une mission. Cette mission immuable se distingue des objectifs éducatifs annuels que fixent globalement en début d’année le Conseil du collège d’une part et tous les groupes d’élèves avec leur équipe éducative de référence d’autre part.

Cette mission que l’on peut résumer de la manière suivante :

« Former des personnes citoyennes, autonomes, responsables, entreprenantes et… heureuses ! »

La formule est lapidaire, mais chaque mot a son importance.

1. Former... Le Collège que nous mettons en place transmettra bien sûr des savoirs, mais plus encore des savoir-faire (dont le savoir apprendre), des savoirs sur les savoirs et des savoir-être.

2. …des citoyens…

• Le Collège enseignera ET pratiquera la démocratie[2].

• On y apprendra à vivre ensemble ; en particulier, on y apprendra à communiquer, convaincre, débattre, écouter, organiser…

• Le Collège veut donner aux élèves, futurs citoyens, les moyens d’exercer une vraie citoyenneté, c’est-à-dire de faire des choix éclairés, avec une bonne compréhension des enjeux du monde actuel.

3. …autonomes…

• Les élèves sont dotés des savoirs suffisants pour :

- affronter les enjeux de leur vie d’adulte et du monde actuel ;

- ne se fermer aucune porte, donc réussir les examens actuels et intégrer les formations supérieures s’ils le souhaitent[3] ;

• Les élèves sont rendus capables de faire des choix personnels et collectifs ;

• Ils acquièrent les outils pour apprendre toute leur vie.

4. …responsables…

• donc « acteurs » du développement durable ;

• donc solidaires entre eux ;

• donc solidaires avec le monde extérieur.

5. …entreprenants…

• Les collégiens seront toujours « auteurs » de leurs propres stratégies, jamais passifs.

• Ils apprendront à imaginer et à faire aboutir des projets.

• Ils apprendront à gérer les risques et les incertitudes.

• Ils cultiveront leur créativité.

6. … et si possible heureux …

• Le Collège cultivera le désir et le plaisir d’apprendre.

• Les collégiens apprendront à être bien dans leur corps, à gérer leur santé, leurs émotions, leur sexualité.

• Les collégiens pourront y clarifier leurs propres valeurs et faire émerger la personne qu’ils souhaitent être.

• Ils se donneront les moyens de vivre une vie professionnelle et personnelle choisie et épanouie.

• Ils participeront à la vie sociale, y compris en enrichissant la démocratie.

Pour y parvenir, dessinons à grands traits, en 10 innovations clé, ce collège, fruit de 30 ans d’expérimentations et de 6 ans de veille sur les établissements qui « marchent »[4] :

1. Les savoirs, les savoir-être (c’est-à-dire les attitudes comme la curiosité ou l’esprit critique,..), les savoir-faire (en d’autres termes les démarches comme la maîtrise de l’information, les démarches scientifique ou historique, et surtout la démarche systémique, celle qui permet de comprendre les liens), mais également les savoir-vivre ensemble et les savoir-apprendre sont d’égale importance.

2. Le programme habituel est entièrement revu. Le Collège est centré sur l’essentiel des savoirs pour un jeune d’aujourd’hui. Des contenus disciplinaires devenus indispensables pour comprendre la société, comme le droit, l’économie, la psychologie, l’anthropologie sont ajoutés. La philo démarre dès l’entrée au collège. D’autres matières sont envisagées de façon transdisciplinaire autour de l’apprendre, de l’adolescence, de la connaissance de soi et des autres.

(suite à la prochaine Chronique)

  • André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Ancien instituteur, professeur de collège, animateur de banlieue, il est l’auteur et le coordonnateur de nombreuses innovations.
  • Jérôme Saltet est co-fondateur et directeur associé du groupe Play Bac (Les Incollables, Mon Quotidien). Il anime le blog www.changerlecole.com

Tous deux travaillent ensemble depuis six ans sur ce projet de collège et ont déjà publié ensemble deux ouvrages sur « apprendre à apprendre ».

Changer le collège c’est possible !

Coédition Playbac Editions & Oh ! Editions - 216 pages


[1] : J. Saltet et A. Giordan, Changer le collège c’est possible ! Coédition Playbac Editions & Oh ! Editions - 216 pages

[2] Pratiquer la démocratie par des élèves ne veut pas dire le laisser-faire ou même la discussion sur tout... tout le temps ! Dans ce Collège, un projet éducatif est mis en avant, il peut même être inscrit dans une sorte de « Constitution ». Elle constitue un cadre contraignant dans lequel les élèves se situent, travaillent et débattent.

[3] Dans un premier temps, les exigences du brevet et du baccalauréat sont maintenues pour ne pas pénaliser les élèves sur ce plan. Des moments de préparation « intenses » à ces épreuves sont prévus. 

[4]Ces idées sont à disposition d’équipes qui souhaitent s’en emparer pour monter depuis le terrain un projet de Collège. Pour plus de détail : J. Saltet et A. Giordan, Changer le collège c’est possible !Coédition Playbac Editions & Oh ! Editions - 216 pages

Dernière modification le mercredi, 30 novembre 2016
Giordan André

André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Ancien instituteur, professeur de collège, animateur de banlieue, il  est l’auteur d’un nouveau modèle de l’apprendre (modèle d’apprentissage allostérique) et l’initiateur de nombreuses innovations scolaires, muséologiques et médiatiques.