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La crise sanitaire a fait ressentir dans l’opinion l’impérieuse nécessité de la réindustrialisation de la France que notaient de nombreux rapports, dont le Pacte pour la compétitivité de l'industrie française de Louis Gallois en 2012. Le plan France 2030 annoncé par le Président de la République complète de 30  milliards d’euros sur 5 ans le plan de relance du gouvernement de 100 milliards en ciblant des filières stratégiques. Pourtant la tribune de Maroun Eddé du journal Le Monde du 22-12-21 alerte que ce « plan se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences », et « qu’il est voué à l’échec, s’il omet le problème d’un système éducatif ne parvenant plus à former pour la science et l’industrie ».

L’AFDET partage son analyse : Aucune politique industrielle ne peut fonctionner sans suffisamment d’ingénieurs et de techniciens. Or le système universitaire français n’en forme plus assez. Pas d’industrie, non plus, sans techniciens et ouvriers qualifiés. Au lycée professionnel, les filières industrielles attirent de moins en moins. Une politique industrielle qui omettrait d’investir dans la formation des enseignants … se condamne. 

La perte d’une culture scientifique et d’une compréhension de ce qu’est l’industrie constitue un barrage supplémentaire à la réindustrialisation du pays.

Sans un puissant souffle, inspirant l’ensemble du pays, les efforts déjà engagés ne pourront suffire à faire face à ce défi immense.

1 galloisC’est pourquoi l’appel de Louis Gallois à Faire de la réindustrialisation, une priorité nationale, tombe au plus juste moment pour relever le défi dans la durée (10 déc. 2021). « L'Etat doit s'engager dans un aménagement du territoire qui soutienne les écosystèmes dynamiques locaux », ajoute-t-il. Ce sont là, dans ces Territoires d’Industrie, que se trouvent les gisements de compétences répondant aux besoins des entreprises ; c’est là qu’a été amorcée la dynamique des Territoires d’Industrie en 2018, associant entreprises et collectivités locales, pilotés avec l’appui des Régions et de l’Etat.

Mais comment gagner cette bataille centrale de la qualification pour qu’elle réponde à ces enjeux d’innovation, de formation professionnelle sur les territoires eux-mêmes ?

D’abord en poursuivant la transformation de la voie professionnelle et de l’apprentissage, développant la connaissance des métiers, le goût du travail et de l’industrie auprès des jeunes pour favoriser leur orientation et leur insertion, promouvant la culture scientifique et technique et l’investissement dans la formation des enseignants, en encourageant la mise en place depuis 2013 des Campus des Métiers et des Qualifications reliant les établissements de formation professionnelle autour de filières professionnelles essentielles aux bassins d’emploi. C’est là, depuis 120 ans,  le cœur de la politique de l’Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET) !  

C’est aussi en mettant en œuvre une stratégie orientant les qualifications promues par les établissements et les CMQ  vers les besoins et demandes des entreprises des Territoires. C’est la stratégie Qualifications Campus Territoires d’Industrie (QCTI) que promeut l’AFDET, visant à faire converger sur les territoires ces deux dynamiques nationales des 100 Campus des Métiers et des Qualifications et les 146 Territoires d'industrie. C’est là que se joue la bataille de la qualification face aux pénuries de compétences !

L’enjeu des compétences nécessite aujourd’hui que le Programme d'Investissement d'avenir (PIA), qui soutient prioritairement les projets d’innovation, s’ouvre pleinement à cette urgence. C’est ce qu’a réalisé l’AFDET en 2021 en constituant un démonstrateur de sa politique QCTI dans son projet Accompagnement RH de la transformation des filières dans les Territoires d’industrie en réponse à l’appel à projets générique du PIA  Accompagnement et transformation des filières. (Cf. l’illustration ci-dessous).

Avec le plan France 2030, ce sont 2,5 milliards d’euros sur 5 ans fléchés dans les PIA vers la formation pour accompagner ces nouvelles filières industrielles. Gageons que ce projet AFDET trouvera sa place en 2022 dans ce dernier appel à projets pour contribuer pleinement à cette priorité nationale !

Bruno Racine

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Dernière modification le vendredi, 07 janvier 2022
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Bruno RACINE, AFDET - Administrateur Délégué national chez AFDET - section de Paris, conseiller pour l'alternance-apprentissage, l'emploi et la formation professionnelle dans le développement des territoires.