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uel genre de citoyens la société recherche-t-elle ? Des personnes conformistes ou des maîtres de la créativité ? Et le monde adulte qui exerce son influence sur les jeunes vise-t-il par son enseignement le développement d’employés qui répondent aveuglément aux règles dictées par les grands financiers, ou des personnes capables de mordre à pleines dents dans la vie ?

L’école doit-elle assurer le développement cognitif des élèves et l’obtention de résultats scolaires, ou bien devenir surtout un milieu de vie qui permette de grandir, et d’apprendre autant de la socialisation et du partage des expériences vécues partout ?

 

Dans un contexte où les jeunes emploient les ressources du Web 2.0 dans leurs pratiques habituelles, quelle place devrait-on accorder à ces techniques dans l’organisation scolaire ? Dans le présent article, nous défendrons les valeurs de l’autoformation et de la collaboration dans l’élaboration de dispositifs éducatifs les impliquant.

 

 1- Des fondements philosophiques

 

Nous croyons que la personne doit être maître des systèmes sociopolitiques et économiques et non l’inverse. Nous les avons conçus en vue de nous doter d’un espace nous permettant d’exercer nos libertés individuelles dans un contexte de respect du bien collectif. Il nous apparaît dès lors tout à fait normal que le jeune puisse exercer son droit de parole et participer à l’élaboration des mécanismes de démocratie. Il s’agit pour lui d’une occasion en or de procéder à l’étude des mécanismes politicoéconomiques mis de l’avant par le monde adulte.

 

Dans cet esprit de droit à l’expression personnelle, le jeune devrait être encouragé à découvrir des passions et à les mettre à l’épreuve durant ses emplois d’été ou d’autres travaux d’appoint, toujours dans un esprit d’une meilleure connaissance de soi et de ses attentes face à la vie. Il s’agit d’un effort de réflexion nécessaire pour permettre aux gens de faire des choix de carrière éclairés, qui tiennent compte à la fois de valeurs personnelles et des opportunités réelles du marché du travail.

 

Dans notre modèle éducatif, les expériences vécues à l’extérieur de l’école deviennent donc des matières scolaires fondamentales, que le milieu académique se doit de récupérer pour répondre aux besoins des jeunes, en visant l’intégration de l’apprentissage informel et formel. Le bien-fondé de cette approche repose sur le principe que toute situation de vie est une source d’apprentissage, et que celui-ci se poursuit tout au long de la vie.

 

1- Des principes psychopédagogiques

 

Notre approche met donc l’accent sur deux principes psychopédagogiques fondamentaux : l’autoformation et la collaboration. Si toute personne est appelée à vivre sa vie selon ses valeurs et ses attentes, les autres jouent un rôle majeur à notre épanouissement personnel. Notre besoin fondamental de socialisation se manifestera par de la compassion et des gestes essentiels de solidarité, mais aussi par le partage de bons coups dans nos relations amicales ou amoureuses.

 

Par exemple, dans son approche pédagogique centrée sur l’apprenant, le professeur d’anglais François Guité s’est entre autres inspiré de quatorze principes psychopédagogiques répartis dans les quatre noyaux de facteurs suivants : cognitifs et métacognitifs, affectifs et émotionnels, sociaux et développementaux, et des facteurs de différences individuelles. Pour répondre à ces besoins, il mettra l’accent sur une organisation de classe qui responsabilise l’élève, créant un minimilieu d’immersion, en permettant aux élèves plus rapides de travailler sur d’autres matières à la condition de le faire en anglais. Il se permettra également d’enrichir l’authenticité de son approche en disposant de Facebook et de Twitter pour prodiguer des leçons d’anglais à ses élèves à partir de vraies situations de communication, comme il l’expliquera à Daphnée Poirier dans Vie pédagogique.

 

2- Des moyens de communication

 

Si l’expérience de Monsieur Guité nous semble intéressante du point de vue de l’intégration en milieu scolaire de principes d’autoformation et de collaboration, des plateformes éducatives permettent de faciliter ce travail en-dehors de l’école, brisant carrément le cadre scolaire habituel. Educavox.fr, par exemple, est une communauté de pédagogues chevronnés, de parents ou d’autres passionnés de l’éducation qui tentent d’alimenter la réflexion pédagogique entre leurs membres et le grand public. Nous avons, par ailleurs, découvert Beebac, un site collaboratif gratuit, qui permet aux élèves de créer des communautés d’apprentissage, les soutenant des études primaires jusqu’aux études supérieures ; le site permet aussi la création de communautés de pratique permettant aux enseignants d’y diffuser et d’y partager leurs contenus de cours.

 

3- La place du monde réel

 

Des logiciels sociaux comme Facebook et Twitter, et des plateformes collaboratives comme Beebac ou Educavox nous offrent la possibilité de créer des environnements d’apprentissage indépendants du milieu scolaire traditionnel, ou hybride, que nous décrirons grossièrement comme suit : un mixte de cours en salle de classe et de formation à distance. Dans ce contexte de décloisonnement, il est clair qu’une réflexion majeure s’impose pour redéfinir le rôle de la salle de classe. De plus, ce genre d’approche nécessite un tel degré d’autonomie de la part des élèves que nous doutons nous-mêmes de la pertinence de l’appliquer auprès des élèves les plus jeunes. Pour eux, on pourrait surtout y envisager la mise en place d’un dispositif d’aide aux devoirs.

 

Pourquoi ne pas tirer profit de ces environnements d’apprentissage collaboratifs pour amener les élèves à s’inspirer de leurs expériences de vie, de leurs relations sociales notamment, dans une perspective d’épanouissement personnel et de formation citoyenne ? N’est-ce pas un peu cela qui apparaît dans leurs échanges naturels sur Facebook ?

 

Conclusion

Nous reviendrons de façon plus détaillée sur les dispositifs de formation hybrides dans d’autres articles, car ils représentent à notre avis des moyens rapprochent l’apprentissage scolaire de la vraie vie. Pour le moment, nous conclurons en rappelant que nous disposons actuellement d’une technologie qui facilite la transformation de toute situation de vie en source d’apprentissage riche et féconde à la condition de faire preuve d’autonomie et de collaboration.

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 9 mars 2012

Références :

 

· La pédagogie centrée sur l’apprenant et le recours aux technologies de l’information et de la communication.

 

· 14 principes psychologiques centrés sur l’apprenant

Renaud Luc

Luc Renaud est spécialisé en technologie éducationnelle et enseigne le français langue seconde depuis plusieurs années auprès d’une clientèle adulte immigrante. Détenteur d’une maitrise en éducation, il a aussi été chargé de cours à l’Université de Montréal dans le domaine de l’intégration pédagogique des TIC, et a participé à des projets de recherche portant sur la formule hybride et le socioconstructivisme. Il possède également une solide expertise en développement et expérimentation de formations en ligne et s’intéresse vivement à la collaboration internationale. 
Mal à l’aise dans le milieu scolaire, il croit à une remise en question continuelle de l’école ; il tient d’ailleurs un blogue, L’éduc-acteur, le Blogue de Luc Renaud, sur des thèmes variés, qui mettent de l’avant l’importance de l’autoformation.
Il est aussi entrepreneur, ayant démarré récemment une entreprise de consultant en technologie éducationnelle, La boîte à idées E.T.L.R. Ideas Boxdans la région de Montréal.


Montréal, Québec (Canada)