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Le 22 août 2022, le Président de la République a prononcé un discours d’ouverture au cours duquel il a annoncé qu’à partir du niveau de classe de cinquième des collèges, « une demi-journée « avenir » hebdomadaire fera découvrir aux élèves de nombreux métiers », et ce dès l’année scolaire 2022/2023. 

Cette annonce d’Emmanuel MACRON a surpris car elle n’est pas nouvelle : dès 2008,  une circulaire (N° 2008-092 du 11 juillet 2008) relative à ce qu’on appelait alors le « parcours de découverte des métiers et des formations » (PDMF), incitait les établissements secondaires à mettre à la disposition des élèves, dès la classe de cinquième, de quoi leur permettre de découvrir des secteurs d’activité et des métiers, « par des visites d’entreprises et organisations administratives, des conférences faites par des professionnels, des enquêtes … », en plus de la découverte des divers itinéraires d’orientation scolaire.

Ce même texte ajoutait qu’il convenait de travailler sur ce thème « dans une logique de continuité s’étendant de la classe de cinquième en collège jusqu’aux classes terminales des lycées. Quelques années après, cette  approche de l’orientation fut confirmée par la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole de la République » du 8 Juillet 2013 qui, entre autres dispositions, instaurant l’obligation de mettre à la disposition des élèves un « Parcours Avenir » dans chaque établissement secondaire, et ce dès la classe de sixième. Le but officiellement poursuivi est de permettre aux élèves de « mieux s’orienter en découvrant plus tôt les différents métiers et les univers professionnels qui composent notre société ».

Alors, pourquoi une telle annonce de la part du Chef de l’Etat ? Force est de penser qu’à ses  yeux, ces textes règlementaires n’ont que très insuffisamment été suivi d’effet. Sans nier l’existence de nombreux établissements secondaires au sein desquels des actions efficaces ont lieu dans ce domaine, encore trop de collèges et lycées négligent cette « impérieuse nécessité ». Le Président de la République a donc décidé d’en faire une priorité, et pour cela de demander fermement que l’on relance ce type d’action. A cet effet, divers textes réglementaires et moyens pédagogiques sont en cours d’élaboration qui seront prochainement communiqués aux acteurs de terrain.

1- L’orientation doit reposer sur trois grands piliers. Qu’un seul d’entre eux vienne à manquer, et c’est l’efficacité de l’ensemble du dispositif d’aide à l’orientation qui fait défaut.

Le travail sur le projet d‘orientation scolaire et professionnelle des élèves doit normalement reposer sur trois grands piliers : la connaissance des divers itinéraires de formation, la connaissance de soi et la connaissance des métiers.

Concernant le pilier « connaissance des métiers », un rapport récent de l’Inspection Générale de l’Education nationale et de la recherche publié en 2020 (« L’orientation de la quatrième au master »), accessible gratuitement sur le site  education.gouv.fr/rapport-thematique-igesr-2020-l-orientation-de-la-quatrieme-au-master-325088  ) met en avant le fait que l’approche des métiers et des univers professionnels est un des thèmes qui, en France, sont insuffisamment pris en charge dans le cadre des dispositifs d’accompagnement des élèves à leur orientation mis en œuvre dans les collèges et lycées. En page 3 de la note de synthèse du dit rapport, les rédacteurs écrivent que « bien qu’une nouvelle conception de l‘orientation, plus éducatrice et centrée sur l’individu, tende à se répandre au sein du monde éducatif, cette vision continue de se heurter à la dimension historique de l’orientation qui confère une priorité à la régulation des flux (d’élèves).

Or, c’est (…) dans le monde du travail qu’il faut chercher les causes profondes des évolutions qui vont affecter l’approche de l’orientation en France.

A cette analyse officielle, il convient d’ajouter deux autres facteurs explicatifs de la difficulté ressentie dans les établissements pour aborder la question du devenir professionnel des élèves.

La difficulté principale, tant pour les élèves et parents que pour les divers accompagnateurs susceptibles d’intervenir dans ce domaine (psychologues de l’Education nationale, conseillers d’orientation, professeurs principaux et autres, préfets des études, membres des équipes de direction, parents d‘élèves…) découle du fait que les métiers d’aujourd’hui sont trop nombreux – la nomenclature officielle en recense plus de 20000 - pour que chacun puisse être abordé dans tous ses détails.  Ce n’est d’ailleurs pas ce qui est demandé. Plus modestement, il est suggéré d’inciter les élèves à commencer par découvrir le monde du travail en entreprise ou administration. Pour ce faire, il est proposé des visites d’entreprises et/ou organisations administratives, des conférences/métiers faites par des professionnels divers, de courtes enquêtes locales et régionales sur les métiers les plus recruteurs, un stage obligatoire d’observation durant l’année scolaire de troisième, l’utilisation des ressources du CDI de l’établissement scolaire fréquenté, des visites de salons centrés sur les métiers et les recrutements, l’organisation de « journées métiers » au sein de l’ établissement , etc. 

En outre,  de plus en plus fréquemment, ce qui préoccupe les élèves et leurs parents, c’est moins l’état actuel de l’univers des métiers, que celui qui les concernera lorsqu’ils se présenteront pour la première fois, au terme de leurs études initiales, à la porte du marché de l’emploi. Sur ce point, rappelons que pour un élève de collège (classe quatrième par exemple), dont une importante partie ne  frapperont pour la première fois à la porte du marché du travail qu’à bac + 2/3 et plus,  les métiers de référence ne sont pas ceux qui existent en 2022, mais ceux qui existeront en … 2030 et après. Et même pour celles et ceux  qui, scolarisés en collège, seront enclins à demander leur orientation vers la voie professionnelle, la quête d’un premier emploi ne les concernera qu’après le baccalauréat professionnel, donc vers 2025/2028, selon le niveau de la classe fréquentée.

2- Une approche des métiers qui exige une vision prospective :

Il est donc nécessaire de se livrer dans ce domaine à une analyse prospective : que seront les métiers du futur ? Quelles seront les grandes caractéristiques du monde du travail de demain ? Il n’est pas facile d’y parvenir. Lorsqu’un élève ou étudiant fait un stage d’observation en milieu professionnel, discute avec un professionnel des grandes caractéristiques de son métier, que sur un salon de l’orientation ou dans le cadre d’une « journée métiers » organisée dans son établissement scolaire il échange avec un ou des professionnels, qu’il découvre les grandes caractéristiques de divers métiers à travers des documents écrits et des sites dédiés à cette question… il est essentiellement renvoyé à des réalités d’aujourd’hui. Diverses études prospectives permettent de ne pas se contenter d’une approche des réalités d’aujourd’hui.

Divers organes de recherche publient périodiquement des études prospectives sur ce que seront « les métiers du futur » ou « les métiers de demain ». Pour la rédaction de cet article, nous nous sommes plus particulièrement  fondé  sur les études récentes réalisées par divers organes de recherche tels la DARES (« Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques »), rattachée au Ministère chargé du travail, et par France stratégie, organisme public de recherche rattaché au Premier Ministre, qui ont publié récemment un très intéressant rapport d‘étude intitulé « Métiers 2030 » (téléchargeable sur le site :https://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2030

Autre organe de recherche prospective  qui a récemment mis à notre disposition une très intéressante étude prospective sur les métiers de demain : l’institut  américain Dell, dit « Institut du futur, qui a publié  en 2019 un rapport très remarqué intitulé « Emergy Technologies’impact on society and work in 2030 », qui pourrait se traduire par « L’impact en 2030 de l’émergence des nouvelles technologies sur les sociétés et dans le monde du travail ».

Ces études, et bien d’autres,  convergent pour annoncer qu’entre aujourd’hui et 2030, de très importantes mutations des métiers surviendront  tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

D’après les chercheurs de l’Institut Dell, « 85% des « emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui » (à la date de publication de ce rapport d ‘étude, soit en 2019). Autre façon de présenter une telle évolution : d’après la DARES, « 40 % des métiers d’aujourd’hui auront disparu ou quasi disparu » en 2030. 

Commençons par expliciter le sens de l’expression « n’existent pas aujourd’hui ». Parmi les métiers qui existeront en 2030, une partie, que les chercheurs de l’Institut Dell estiment à environ 20/25%, seront véritablement nouveaux. Ils ajoutent que 60% des métiers qui existent aujourd’hui continueront d’exister, mais en ayant dû intégrer des mutations tellement profondes que le « portefeuille de compétences » qu’il conviendra d’avoir acquis pour pouvoir les exercer aura profondément changé.

En outre, affirmer que « 40 % des métiers d’aujourd’hui auront disparu ou quasi disparu » d’ici 2030, renvoie à l’idée que certains métiers vont effectivement disparaître (de l’ordre de 15%), mais aussi – et surtout – que 25% d’entre eux vont connaître une sorte de processus de type « mourir pour renaître », en ce sens que leur mutation les amènera à devenir des métiers très différents de ceux dont ils sont originaires aujourd’hui.

Les métiers constituent donc un univers fortement changeant que les experts de l’Institut Dell pré cité n’hésitent pas à comparer à des sables mouvants.

3- L’évolution prévisible des besoins en recrutement d’ici 2030, selon le statut professionnel :

Compte tenu des nombres des jeunes sortant de l’appareil de formation, des départs en retraite, et de diverses évolutions (technologiques, environnementales, sanitaires, démographiques, économiques, politiques, sociales…) qu’il est possible d’anticiper sur la période qui va jusqu’en 2030, les chercheurs présentent, pour chaque grande catégorie de statut professionnel, ce que seront les besoins quantitatifs en recrutement en 2030.

Pour s’en faire une bonne idée, nous avons extrait de l’étude réalisée par la DARES et France Stratégie deux tableaux particulièrement significatifs : le premier concerne l’expansion prévisibles des métiers qui vont probablement connaître la plus forte expansion des besoins en  recrutement d’ici 2030 ; l’autre met en lumière la liste classée de secteurs de métiers qui auront les plus grands besoins en recrutement en 2030.

Les métiers qui vont connaître la plus forte expansion  entre 2019 et 2030

Métiers

Taux de croissance prévisibledes besoins en recrutement (sur la période 2019/2030)

Cadres du bâtiment et des travaux public 30%
Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie 24%
Ingénieurs de l’informatique 26%
Infirmiers, sages-femm 18%
Aides à domicile 18%
Ouvriers qualifiés de la manutention  16%
Cadres commerciaux et technico-commerciaux  17%
Aide soignants  15%
Médecins et  assimilés 13%
Personnels d’études et de recherche 13%
Cadres des services administratifs, comptables et financiers 11%
Techniciens des services administratifs, comptables et financiers 11%
Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance 10%
Professions paramédicales  9%

Lecture du tableau: en 2030, on prévoit qu’il y aura un nombre d’emplois de cadres du bâtiment et des travaux publics en augmentation de 30% par rapport à 2019

Source: Rapport pré cité (DARES/France Stratégie)

Ce tableau doit être complété par un autre, qui présente les métiers qui auront le plus grand nombre de postes à pourvoir en 2030 et au-delà. Il offre regard prévisionnel sur les secteurs d’activité professionnelle appelés à beaucoup recruter. Ce  ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui apparaissent dans le tableau précédent. Ainsi, par exemple : on continuera  de beaucoup recruter d’enseignants (330000 en 2030), et ce bien que ce type de métiers n’apparaissent pas dans la liste des  métiers qui vont connaître les plus fortes expansions, ces derniers étant plutôt appelés à régresser légèrement d’ici 2030.

Les métiers qui vont connaître la plus forte expansion  entre 2030

Métiers  Nombres de postes à pourvoir (en 2030)
Agents d’entretien                            490000
Enseignants  330000
Aides à domicile 305000
Constructeurs de véhicules 300000
Aide soignants  290000
Cadres des services administratifs, comptables et financiers 280000
Cadres commerciaux et technico-commerciaux   260000
Ouvriers qualifiés de la manutention 230000
Ingénieurs de l’informatique 190000
Ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment 170000
Vendeurs 160000
Médecins et assimilés  160000
Techniciens et adjoints de maîtrise de la maintenance  160000
Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie 160000
Lecture du tableau : En 2030, 480000  emplois seront à pourvoir chez les agents d’entretien
Source : Rapport pré cité (DARES/France Stratégie)

L’intérêt de ces données chiffrées prévisionnelles est qu’elles permettent de repérer dès aujourd’hui les métiers qui pourraient se montrer porteurs de bonnes perspectives d’emploi vers 2030, donc au moment où la plupart des jeunes collégiens et lycéens d’aujourd’hui se présenteront à la porte du marché du travail. Corrélativement, cela permet d’anticiper les études professionnelles secondaires ou supérieures dans lesquelles ils auraient intérêt à s’engager,en raison des bonnes perspectives d’emploi qu’elles procureront à leur issue.

4- Les grandes tendances prévisibles :

Il est très probable que dans les dix ans à venir, des groupes entiers ou quasi entiers de métiers, actuellement plus ou moins fortement recruteurs, vont connaître une réduction de leurs besoins en recrutement, voire disparaître, du fait de l’introduction progressive de la numérisation et de la robotisation. Nombre d’experts s’accordent pour estimer que nous vivons une phase durant laquelle on assiste au transfert de diverses actions professionnelles actuellement confiées à des êtres humains, vers des machines. Cette évolution, due aux progrès du numérique , au développement de l’intelligence artificielle, et à la conception qui en découle de machines se substituant progressivement à l’homme, a d’ores et déjà conduit à supprimer nombre d’emplois manuels dans des secteurs tels que les caissiers en magasins et organismes financiers, les ouvriers sur chaîne de production,  les comptables de base, les ouvriers peu qualifiés du bâtiment et des travaux publics, les secrétaires administratifs, les métiers de la maintenance, les personnels de sécurité (gardiens, concierges, agents de sécurité , vigiles, policiers …) et d’entretien, les ouvriers agricoles, les personnels d’accueil, les militaires au combat, etc.

Cette évolution va très probablement s’amplifier. Pour le moment, elle ne concerne que les métiers qui nécessitent des qualifications professionnelles relativement peu complexes,  et sont donc aisément substituables par les machines et autres robots. Cependant une telle évolution n’est qu’une première étape : elle sera (elle est déjà dans certains secteurs d’activité) suivie d’une second étape qui verra le numérique et la robotisation mettre à disposition des organisations (entreprises, administrations…) des machines capables d’aller beaucoup plus loin, prenant en charge des tâches plus complexes, qui relèvent de l’intelligence cognitive.

Ne voit-on pas d’ores et déjà monter en puissance l’usage des algorithmes dans le recrutement (y compris pour le recrutement de lycéens lors du passage dans l’enseignement supérieur), des machines conçues pour se livrer à certains diagnostics médicaux, juridiques … ? Après la prise en charge par les machines de tout ce qui est de l’ordre de la simple pensée logique, on pourrait voir l’avènement d’outils porteurs d’une intelligence plus cognitive, capables d’interpréter des données, voire de proposer des solutions permettant de résoudre certains problèmes complexes. Ne voit-on pas déjà émerger des outils capables d’établir certains diagnostics médicaux, comptables et financiers, de transmettre des connaissances, etc. En d’autres termes, l’avenir sera très probablement favorable à  celles et ceux qui sauront se former (en milieu scolaire puis durant leur vie professionnelle) en vue d’exercer des métiers que la machine ne saura pas (pas encore ?) prendre en charge.

C’est ainsi qu’il faut comprendre une phrase importante figurant dans le rapport pré cité de Dell (la « Cité du futur ») : « La capacité à acquérir un nouveau savoir vaudra plus que le savoir déjà appris ». Autrement dit : on ne pourra plus compter durant toute sa vie professionnelle sur le bagage acquis durant sa formation initiale. Une « formation tout au long de la vie professionnelle » sera nécessaire, du moins si on veut exercer un métier qui garde une longueur d’avance sur la machine, et donc protège les humains du risque d’exclusion professionnelle.

Il est d’autant important d’insister sur ce point que les actifs du futur exerceront, tout au long de leur carrière, un nombre de métiers qui ira en augmentant. Selon de nombreuses études prospectives, les actifs de demain seront de plus en plus nombreux à devoir changer de métier plusieurs fois en cours de carrière, et cette tendance ira en se renforçant. Quant à celles et ceux qui resteront dans leur type de métier, ils seront de plus en plus soumis au besoin de s’adapter aux évolutions professionnelles qui les concerneront.

D’après les experts de Pôle Emploi, on constate en 2021 que les jeunes étudiants des années 1990 se sont, en moyenne, livré à quatre métiers différents au cours des trente années suivant leur sortie de l’appareil de formation initiale. Aujourd’hui, ils prévoient que pour celles et ceux qui se présenteront pour la première fois à la porte du marché du travail vers 2030, le nombre de métiers vécus au cours d’une carrière sera de huit en moyenne.

De telles tendances conduisent d’ores et déjà nombre de jeunes à ne pas se contenter de formations professionnelles trop courtes et trop fortement spécialisées, conçues pour permettre d’accéder à des emplois appelés à voir les femmes et hommes qui les exercent  progressivement remplacés par les machines. Ils sont donc  de plus en plus nombreux à privilégier des formations de plus longue durée, plus polyvalentes, débouchant vers des métiers plus intellectuels, pour lesquels les êtres humains sont potentiellement non ou moins remplaçables par les machines. C’est par exemple une des explications du fait que la part des bacheliers professionnels qui se destinent au marché du travail baisse d’année en année, au profit d’études supérieures professionnelles complémentaires en deux ans (BTS ou équivalent), trois ans (bachelor, BUT, écoles spécialisées diverses…) ou plus (masters, diplômes de grandes écoles, expertise comptable, notariat, doctorats…). 

Ce processus de transition est une manifestation de ce que l’on  nomme « destruction créatrice ». Il s’agit d’un processus mis en lumière par l’économiste Joseph Schumpeter, dans un ouvrage célèbre publié en 1942 : « Capitalisme, socialisme et démocratie ». Selon lui, les innovations – principalement portées par les entrepreneurs – s’accompagnent en continu, et de façon simultanée, de la disparition progressive de certains secteurs d’activité, et corrélativement,  de l’émergence de nouveaux secteurs d’activité venant se substituer à ceux qui s’effacent. Ainsi, par exemple, en alla-t-il, au XIXème siècle, de l’invention du métier à tisser, qui provoqua l’effacement progressif des métiers manuels du tissage, au profit de métiers nouveaux caractérisés par la mécanisation, et corrélativement, un fort accroissement de la productivité, sans laquelle il n’aurait pas été possible de répondre à la forte croissance de la demande de tissus et vêtements.

De ce point de vue, nous pouvons considérer que la transition actuelle qui découle de la robotisation des activités professionnelles les moins complexes, avec les milliers d’emplois qu’elle détruit, et les milliers d’autres qu’elle crée, est un bon exemple de ce « processus de destruction créatrice ». Pour se convaincre de la réalité de ce phénomène, il suffit de prendre l’exemple de l’évolution du fonctionnement des chaînes de production de l’industrie automobile. En automatisant les actes professionnels de base, la robotisation supprime des milliers d’emplois correspondant à des compétences plus ou moins simples (gestes pour soudure, assemblage, peinture…), mais en créé d’autres, exigeant des compétences plus complexes, de niveau technicien supérieur voire ingénieur. Bien entendu, un tel processus affecte bien d‘autres secteurs d’activité.

Conclusion :

L’objectif d’inciter les élèves et leurs parents, à travailler en vue de faire émerger en eux une vocation professionnelle est louable. Comment pourrait-on bien décider de son orientation scolaire, tout particulièrement à partir des années lycée,  et plus encore durant les années d’études supérieures, sans prendre en compte ce critère de décision ?

C’est dans ce but que, ces dernières années, plusieurs textes officiels incitent, voire obligent, les responsables d’établissements scolaires secondaires et supérieurs, à développer diverses actions visant à permettre aux élèves de découvrir l’univers des métiers. C’est dans cette ligne que s’inscrivent les propos tenus par le Chef de l’Etat le 25 août 2022. Dans l’enseignement secondaire, c’est par exemple l’obligation que chaque élève de classe de troisième fasse un stage d’observation d’une semaine en milieu professionnel (auquel s’ajoutent parfois d’autres stages du même type durant les années de classe de seconde et première générale ou technologique).

C’est en outre l’organisation de journées des métiers, fréquemment conçues en liens étroits avec les parents d‘élèves … Hors les murs des établissements scolaires, on a vu ces dernières années se multiplier la participation des grands employeurs aux  divers salons de l’orientation, et même se mettre en place des salons spécialisés par secteurs professionnels (le salon des formations artistiques, de santé, etc.). Enfin, nombre d’organisations professionnelles mettent désormais à disposition des élèves et étudiants, des sources d’information sur les secteurs professionnels qu’elles représentent.

Pour être véritablement utiles, ces diverses façons de présenter l’univers des métiers doivent faire l’effort de tenir compte de la nécessité de se projeter dans le futur, et pas simplement de se contenter de décrire les réalités d’aujourd’hui, comme on le fait trop souvent. Ce n’est pas simple, mais il y a en cela une impérieuse nécessité qui, le plus souvent, n’est pas suffisamment prise en compte.

Bruno MAGLIULO

Inspecteur d’académie honoraire
Agrégé de sciences économiques et sociales
Docteur en sociologie de l’Education
Diplômé de SKEMA business school
Auteur/Formateur/Conférencier
Auteur, dans la collection L’Etudiant de :

 

  • SOS Parcoursup
  • Parcoursup : 50 questions à vous poser absolument avant de choisir votre orientation
  • Quelles études sont vraiment faites pour vous ?
  • SOS Le nouveau lycée

 

  • A paraître, début novembre 2022 aux éditions Fabert : Les grandes écoles (la fabrique des meilleurs)  
Dernière modification le jeudi, 03 novembre 2022
Magliulo Bruno

Inspecteur d’académie honoraire -Agrégé de sciences économiques et sociales - Docteur en sociologie de l’éducation - Formateur/conférencier -

(brunomagliulo@gmail.com)

Auteur, dans la collection L’Etudiant (diffusion par les éditions de l’Opportun : www.editionsopportun.com ) :

  • SOS Parcoursup
  • Parcoursup : les 50 questions que vous devez absolument vous poser avant de choisir votre orientation post baccalauréat
  • Quelles études (supérieures) sont vraiment faites pour vous ?
  • SOS Le nouveau lycée (avec en particulier toute une partie consacrée aux liens entre les choix d’enseignements de spécialité et d’option facultative, et le règles de passage dans le supérieur)
  • Aux éditions Fabert : Les grandes écoles : une fabrique des meilleurs, mode d’emploi pour y accéder

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