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René Filhol, instituteur, membre du parti communiste, est suspendu de ses fonctions d’enseignant en 1941 pour son opposition au régime de Vichy. Le 14 juillet de la même année, il organise une manifestation patriotique, à Agen, porte du Pin. Arrêté en 1942, il sera interné successivement à Agen, puis à Toulouse, puis à la Centrale d’Eysses à Villeneuve/Lot. Il participe à l’insurrection de la centrale en 1944 et sera transféré, avec 50 autres détenus, à la prison de Blois avant d’être déporté à Dachau par le train de la mort. Son épouse, Marguerite Filhol, résistante également, arrêtée en 1943 sera déportée à Ravensbrück. Le retour du père, témoignage de sa fille Janine.

Témoignage lu par Léa Milhet, Manon Quintana, Mélissa Jonteaux et Marin Crayssac, élève du Collège Jean Monnet à Fumel en cité scolaire avec le Lycée Marguerite Filhol, portant le nom de la mère qui n’est malheureusement pas revenue de déportation.

Le retour du père : témoignage de Janine, fille de René Filhol

En avril 1945, nous n'avions aucune nouvelle de papa et maman. Lorsque les premiers convois de déportés libérés sont arrivés en France et que nous apprenions petit à petit les souffrances qu'ils avaient subies dans les camps, à l'inquiétude se mêlait quand même l'espoir de les revoir. Nous vivions à Fumel , chez notre grand-mère maternelle. Elle apprend , fortuitement, que le Dr. Garnal (de Cahors), de retour de Dachau , aurait vu un certain Filhol à l'infirmerie du camp. Grand mère, ma scur aînée et moi nous rendons à Cahors et le docteur nous confirme que papa était apparemment en bonne santé. Rassurées, nous revenons à la gare pour reprendre le chemin de Fumel.

Dans notre compartiment, nous attendions l'heure du départ quand on nous annonce l'arrivée d'un train venant de Paris . Arlette , ma sœur aînée, observait , à la fenêtre , le va-et-vient des voyageurs et , tout à coup, elle m'appelle : Janine , viens voir ....et nous voyons un homme , très maigre, dans un costume trop grand , portant béret et une musette sur l'épaule. Elle me dit : on dirait papa.....c'est lui, c'est lui ! .....il cherchait le train pour Fumel . Il nous aperçoit , monte dans le train .....longues embrassades , larmes , grand-mère est effondrée. Puis papa nous demande :....et maman ? Long silence pesant et nous comprenons que nous allons devoir attendre encore pour retrouver notre famille enfin réunie. L'étreinte prolongée de papa fait momentanément se dissiper nos tristes pensées.

Puis ce fut, à l'arrivée, l'accueil des Fumélois, du reste de la famille et la surprise de ma jeune seur Pierrette quand papa l'a prise dans ses bras. Maman, hélas, n'avait pu résister aux conditions de vie imposées aux déportées par les S.S et les Kapos des camps de concentration de Ravensbrück et du camp de Neubrandenbourg où elle avait été transférée. Elle décédait le 2 avril 1945, d'épuisement physique et moral , soutenue par 2 amies déportées qui nous raconterons, plus tard , ses derniers moments.

Le lycée de Fumel porte son nom . Mon père , dès 1946, a été un des artisans de la création en Lot et Garonne de l'Association départementale des déportés, internés, résistants, patriotes (ADIRP) et de la réalisation du monument départemental des déportés, à Lacapelle Biron, le village où la tristement célèbre division Das Reich a raflé 47 Capelains qui ont rejoint Dachau.

Dernière modification le mercredi, 01 juillet 2020
Figeac Patrick

Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/