fil-educavox-color1

Grain de sel (6) - Hélène Trocmé-Fabre, docteur en linguistique et docteur d’Etat en Lettres et Sciences Humaines, m’envoie son dernier livre, « Le langage du vivant » avec ces mots :
« Pierre. Avant d’être des humains, nous sommes des vivants. Maintenons sans cesse notre lien au « fond de vie » (cf Bin Kimura, page 57). Bien cordialement à vous. Hélène T-F ».
 
La curiosité aiguisée par la dédicace, le souvenir de ses entretiens sur Educavox, l’intérêt porté à l’un des ses ouvrages précédents, « Né pour apprendre » (2006), ont fait que j’ai dévoré ce petit livre de 130 pages, préfacé par André de Peretti.
 
Ce livre est le fruit d’une longue réflexion, le temps nécessaire pour comprendre, pour admettre l’immense fossé qui sépare nos langues européennes du langage du vivant. En ce XXIème siècle presque neuf, alors que les technologies nous offrent la possibilité d’être ici et là-bas dans l’instant présent, les recherches en neurobiologie confirment l’importance d’interroger le langage du vivant pour en repérer les mots clés sur lesquels construire notre intensité d’être au monde.
 
Hélène Trocmé-Fabre a repéré cent mots clés pour nous aider à donner du sens, « à réinventer une nouvelle reliance à notre environnement, aux autres et à nous même. »
 
Evidemment, le pédagogue repère rapidement ceux qui sont de nature à réfléchir et à agir pour construire l’école du futur. Ils le sont tous, et les fabricants de programmes pour les ESPE feraient bien de s’en inspirer plutôt que d’être obsédés par la reproduction du passé et par la préservation de leur place, mais, pour créer le désir de lire et de partager, je vous en offre deux :
 
Apprendre… évidemment. Avec des références au chinois et au russe et, implicitement à l’anglais. Page 75 : « … Il s’agit d’un processus qui implique le corps tout entier (dans son espace-durée), c’est-à-dire accueillir le nouveau dans le déjà là. Les recherches sur les « neurones-miroirs » confirment qu’agir et voir agir sont étroitement liés (cf aussi autonomie, enseigner, structure apprenante) ».
 
Savoir – apprendre. Page 112 : « Le mot résume et contient à lui seul les savoir-faire fondamentaux. Il a été choisi de préférence à « apprendre à apprendre » car il souligne que nous sommes nés pour apprendre. Malheureusement, notre environnement se charge souvent de nous enseigner comment perdre confiance en nous-même. L’expression anglaise est plus forte : « learned helplessness » (mot à mot : impuissance apprise). Si l’on apprend très vite, il faut par contre beaucoup de temps – et d’effort – pour ré-apprendre cette auto-confiance. Ce sont, en effet, les couches profondes de notre être qui sont atteintes, celles qui veillent à notre survie et à notre équilibre affectif ». Voilà bien une définition dont les malades de l’évaluation / remédiation devraient s’imprégner !
 
Savoir-faire fondamentaux. Page 113 : savoir découvrir, percevoir, contextualiser, percevoir, reconnaître, organiser, comparer, sélectionner, coder, abstraire, généraliser, comprendre, intégrer, communiquer… On est à mille lieux des indigents programmes de 2008 et des sommaires didactiques des manuels scolaires !
 
Merci Hélène !
 
Puissiez-vous être entendue par les refondateurs !
 
 
Les interviews de Partick Figeac
 
 
Vous avez évoqué" l’arbre du savoir apprendre", pourquoi avoir choisi cette métaphore et quelles sont les étapes du savoir apprendre ? Interview
 
 
Pierre Frackowiak
Dernière modification le jeudi, 13 novembre 2014
Frackowiak Pierre

Inspecteur honoraire de l’Education nationale. Vice-président de la Ligue de l’Enseignement 62. Co-auteur avec Philippe Meirieu de "L’éducation peut-elle être encore au cœur d’un projet de société ?". Editions de l’Aube. 2008. Réédition en format de poche, 2009. Auteur de "Pour une école du futur. Du neuf et du courage." Préface de Philippe Meirieu. La Chronique Sociale. 2009. Auteur de "La place de l’élève à l’école". La Chronique Sociale. Lyon. Auteur de tribunes, analyses, sur les sites educavox, meirieu.com. Prochainement, une BD avec les dessins de J.Risso :"L"école, en rire, en pleurer, en rêver". Préface de A. Giordan. Postface de Ph. Meirieu. Chronique Sociale. 2012.