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C'est sans doute à une grande révolution que notre Education Nationale doit s'atteler demain en intégrant la notion de service désintéressé à rendre à la société dans les apprentissages de ce qu'on appelle le socle commun des connaissances. Je dirais que là, nous parlons plutôt du devenir du socle fondateur d'une société plus fraternelle, plus égalitaire aussi pour espérer un véritable vivre ensemble porteur d'espérance et de sens.

Dans les programmes, nous voyons bien que nous prenons plus en compte la dimension de la citoyenneté à l'école et c'est une très bonne chose. Mais la question que je me pose, c'est de savoir comment on va l'enseigner ! Va-t-on tomber encore dans ce travers de ce qu'on appelle le cours magistral où l'enseignant débitera des définitions, des textes qu'il faudra apprendre parcoeur ou bien, est ce que tout cela fera avant tout l'objet de débats, de réflexions en cours autour d'évènements de l'actualité qui peuvent interpeller et susciter donc l'envie de s'intéresser vraiment à cette dimension du service à rendre à l'autre !
Moi qui ne vient pas du monde pédagogique, mais plutôt de la sphère associative, j'en appelle, dans mon petit coin, à apporter en cours, je dirais, une approche non conventionnelle et un peu plus innovante pour aborder ce thème de l'acte citoyen du don désintéressé. J'ai parfois l'occasion de parler à des élèves, à des jeunes de l'engagement pour les autres en me référant à l'actualité du moment, pour les faire réagir, pour les impliquer davantage à travers les enjeux d'aujourd'hui. J'élimine les tabous car j'estime que l'on peut parler de tout du moment que certains thèmes, on en est sûr, questionnent déjà les jeunes générations. Ils en discutent d'ailleurs beaucoup sur les réseaux sociaux, portent des avis sur tout, réagissent souvent à chaud. Mais l'école, bien souvent, peut être absente de ces réflexions, car les enseignants sont déjà absorbés par un programme officiel à faire ingurgiter coûte que coûte aux élèves durant l'année scolaire.

Pourtant, des thèmes aussi importants aujourd'hui que la pauvreté, le racisme, l'accueil de l'étranger, l'homophobie, le harcèlement, la solitude, le chômage, le handicap, etc... doivent davantage interpeller l'école afin d'en discuter très librement en classe. Nous ne sommes plus dans une école figée sur les cours traditionnels : maths, français, sciences, histoire, etc.... même si tout cela reste évidemment important ! Les enfants ou jeunes de notre époque ont aussi des questionnements bien plus larges qui les préoccupent sûrement pour leur avenir. Il s'agit donc de leur faire comprendre que ce seront eux qui auront demain le devenir de la société et celle-ci sera à l'image de ce qu'ils seront en mesure de lui apporter en fonction de leurs agissements au quotidien. Il faut leur apprendre très tôt que leur implication au service du collectif déterminera de façon définitive le type de société dans laquelle ils vivront. En fait, il faut leur faire sentir très tôt qu'ils doivent se sentir responsables les uns envers les autres pour éviter qu'ils vivent à terme chacun de leur côté en oubliant de s'engager pour une meilleure cohésion sociale.

Notre génération et les précédentes ont trop souvent attendu que le changement vienne de plus haut, des pouvoirs publics, de l'Etat providence, comme on l'a souvent appelé. Combien de fois ai-je entendu autour de moi que les problèmes à résoudre, c'était l'affaire de l'Etat et que l'on payait assez d'impôts comme cela et que donc ce n'était pas notre affaire ! On m'avait souvent dit aussi que mon engagement associatif pour les autres était inutile car il y avait trop de défis à relever et que cela ne servait à rien. Le sens des autres, l'engagement citoyen, je ne les ai pas appris à l'école ou si peu hélas, mais bien parce que j'ai rencontré de bonnes personnes qui ont suscité chez moi l'indignation et l'envie d'agir devant les injustices à combattre. Je dirais que j'ai eu de la chance de par ce parcours de vie, mais j'aurais pu aussi très bien passé à côté de toute cette dimension humaniste, même si mon action depuis des années est sans doute bien imparfaite.

C'est pour cela que je dis que de ne pas assez enseigner l'envie de se rendre utile aux autres à l'école, c'est du gâchis purement et simplement car nous ne devons pas former seulement des individus qui seront bardés de diplômes, mais aussi de futurs citoyens soucieux du bien-être de la société, cela, je crois, relève du bon sens et d'une priorité absolue ! Dès lors, tout au long du parcours scolaire, les élèves doivent avoir la possibilité de rencontrer des gens qui se sont engagés de manière désintéressée dans bien des domaines, pour montrer que l'on peut embellir la vie déjà là où on vit tout simplement. Mais pour cela, l'Education Nationale doit davantage déserrer l'étau et laisser de la liberté aux enseignants pour agir au mieux au quotidien, sans alourdir les programmes qui empêchent ces temps de découvertes, de réflexions, de débats autour des enjeux de la société. On nous dit que beaucoup d'élèves s'ennuient en classe, décrochent tellement ils ont à avaler un si lourd programme. Alors, libérons les cours en mettant de l'interactivité, de l'action, de l'engagement pour faire de nos élèves demain des citoyens acteurs de changement pour un monde plus beau............. je dirais pour finir, qu'attendons-nous car l'urgence est là !!......

Guy Gillet

Dernière modification le jeudi, 08 octobre 2015
Gillet Guy

Initiateur de l'asso festive et humanitaire "Je bouge pour les autres"  Site : http://pourlesautres.fr - Ancien Responsable-bénévole (au Téléthon - au Secours Catholique - à Saint Vincent de Paul) - Editorialiste libre à vocation éducative, pour défendre des valeurs fondamentales, afin de susciter le débat et l'engagement de tous
Mes Editos sont LIBREMENT utilisables par tous : http://echangessolidaritefraternite.centerblog.net/