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Anne Lehmans, Professeure des universités,  Institut National supérieur du Professorat et de l’Éducation de l'Académie de Bordeaux (INSPE) anime une table ronde lors des Boussoles du numérique IV : L’accès à des plateformes, l’utilisation des Environnements Numériques de Travail, les dispositifs proposés par les ED TECH, l’Intelligence Artificielle, les techniques immersives, l’éducation aux médias et à l’information : sont-ils déployés et qu’apportent-ils dans les classes ?

Anne Lehmans : Avant d’entrer dans une réflexion collective sur ce qui a réellement changé avec le numérique, je voulais d'abord commencer par dire que cette question du changement avec le numérique est presque toujours associée à celle de l'innovation et donc on est très souvent dans une vision du monde qui évoluerait vers toujours plus de progrès technique, une forme d'utopie de la technique ce matin Anne cordier disait un techno messianisme qui modifierait radicalement notre rapport au savoir à l'éducation à l'enseignement.

Cette idée du changement m'a remémoré un numéro de la revue hermès à laquelle nous avions collaboré Camille et moi d'ailleurs et qui avait été pilotée par Vincent Liquète qui s'intitulait du cahier au clavier donc en deux mille dix-sept. La revue hermès interrogeait déjà les résonance ou dissonance que le numérique apporte dans le monde formaté de l'école particulièrement dans les nouvelles modalités de face à face pédagogique impulsées par des politiques d'équipement massif,  la tentative des politiques éducatives d'adapter l'école à un environnement technologique en perpétuelle évolution donc quelques années plus tard - cinq ans plus tard - l'interrogation est toujours la même.

Qu'est-ce qui a réellement changé ?

C’est une évolution où les changements sont marqués par des moments de remise en question récemment par exemple par la crise du covid et par la problématique d'une continuité pédagogique difficile notamment à cause des équipements mais aussi à cause de de la culture numérique que pouvaient avoir les enseignants et aux réactions que pouvaient avoir les élèves dans ce contexte-là ou encore la porosité entre le monde social et l'école on en a parlé ce matin notamment avec les smartphones …ou encore plus récemment et là ça semble nous obséder tous,  l'intrusion – des-  de l'IA générative et les interrogations qu'elle pose sur notre façon de travailler à l'école.

Quelle que soit la qualification de ces changements, ces processus semblent inéluctables, vécus par les acteurs de l'éducation comme prometteurs, porteurs de progrès mais parfois aussi comme catastrophiques ou interrogeant des pratiques qui étaient bien ancrées.

Plutôt que de nous intéresser principalement à la question des outils des techniques des équipements dans cette question du changement on va essayer de réfléchir à ce qui a changé dans le cadre dans la forme et dans les contenus des évolutions en cours portés par le numérique.

Nous avons plusieurs invités Camille Capelle, enseignante chercheuse en sciences de l'information et de la communication à l'université de Bordeaux, formatrice à l'INSPE, Rémi Carayon, chef d'entreprise dirigeant de la société ENTEIS qui équipe des établissements scolaires des centres de formations, Jean-François Cerisier, enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers où je dirige le laboratoire technique laboratoire de recherche Techné, Patrick Galan, formateur académique dans la voie professionnelle qui intervient essentiellement dans le cadre de la formation initiale des enseignants, avec trente-neuf métiers différents dans le secteur des sciences techniques industrielles et intervenant en termes d'assistance aux corps d'inspection pour le déploiement du numérique.

Extraits

1 Capture décran 2023 11 21 140720Camille Capelle : J'interviens aujourd'hui sur cette table ronde, je ne sais pas si je suis la personne la plus à même pour dire ce qui a réellement changé dans l'école mais je m'appuie en tout cas sur quelques illustrations qui sont issus de différents projets de recherche auxquels j'ai participé ces dernières années avec l'équipe dont l'un a porté sur la perception du risque numérique par les enseignants, l'autre sur l'enfance et les literacy numériques et qui vient de se terminer - avec Anne Cordier et André Tricot-
Je participe également et je coordonne un GTNum qui a pour titre "défi pour donner pour l'éducation la formation et l'innovation" et qui est financé par la DNE, direction du numérique éducatif : https://edunumrech.hypotheses.org/4185

Sur un micro terrain, avec une collègue, on a suivi un professeur deux ans qui nous dit "je fais les séances d'informatique tous les lundis matin". Ok donc on s'est dit cela a l'air très innovant ça et en fait en observant non. On est venu tous les lundis matin dans la classe de cet enseignant pour voir ce qui se pratiquait réellement. On a pu observer que cet enseignant était précisément en train de répondre aux demandes institutionnelles à travers du cadre de référence des compétences numériques.
Il mobilise le matériel qui est à disposition dans son école il fait la réservation pour le lundi matin du chariot informatique qui contient des ordinateurs portables mais aussi des tablettes pour que ses élèves puissent pratiquer les deux supports, un comme l'autre et ne pas justement être conditionné par la technique et par l'outil.

Qu'est-ce qu'il fait ? Il apprend aux élèves à sécuriser leur compte, à se connecter déjà aux équipements mais aussi à se connecter à l'humanité. Là aussi il mobilise donc tous les outils qui sont mis à sa disposition par la collectivité il utilise le moteur de recherche et alors quand je dis d'utiliser le moteur de recherche c'est vraiment en autonomie. Les élèves sont allés faire les recherches nécessaires pour répondre à la consigne de l'enseignant.

Ils apprennent à communiquer par messagerie avec leurs enseignants, et de manière assez ludique puisque en fait l'enseignant leur pose une devinette à laquelle ils doivent chercher la solution et répondre à leurs professeurs par le moyen de cette messagerie de l'ENT.

Ils publient des comptes rendus de lecture sur le blog pendant leurs vacances donc les le lundi et l'espace numérique est ici convoqué aussi en dehors de l'école.  C'est vraiment un espace de d'échange de publications qui est mobilisé par les élèves de la classe et donc les familles participent aussi à ce travail-là en ayant un regard sur les articles qui sont proposés. Les élèves apprennent à rédiger des commentaires qui soient des commentaires constructifs et non pas des commentaires qui puisse porter atteinte ou blesser leurs camarades. Ils travaillent ensuite avec les tablettes et avec l'ordinateur la grammaire, les mathématiques, les langues à l'aide des applications dédiées qui sont proposées sur sur l'ENT.

Ce qui est vraiment essentiel, ce qui nous a paru vraiment important, c'est l'autonomie que développent les élèves à travers ce travail là et alors peut-être que ça n'a rien d'innovant, l'innovation là aussi c'est un terme qui peut être sans doute repris et critiqué.

En tout cas voilà, ça nous paraît très intéressant de de ce point de vue-là mais on voit finalement que les enseignants y bricolent aussi cette séance. Elle s'appelle informatique mais parce que cet enseignant il le dit lui-même, il aimerait avoir ces outils informatiques dans sa classe tous les jours, que ses élèves puissent s'en servir comme ils se servent du dictionnaire ou de tout autre manuel mais finalement ils sont obligés de bricoler en réservant le matériel et en construisant des séances finalement pas du tout de l'informatique,  mais on pratique des disciplines on apprend à faire de multiples choses et on développe des compétences pour s'insérer dans le monde numérique au travers de ces outils.

1 jfc Capture décran 2023 11 20 152627Jean François Cerisier : Je dirige le laboratoire de recherche TECHNE dont tous les travaux portent sur l'appropriation des techniques numériques par les acteurs de l'éducation avec des projets de recherche qui peuvent aller de travaux très microscopiques comme l'étude d'appropriation par des élèves et des enseignants de certaines applications. Ce matin il était question dans le tableau projeté lors de la table ronde précédente l'étude à de la demande, d'une application qui s'appelle adaptive maths que tout le monde semble connaître parce que je pense que beaucoup expérimentée localement sur le territoire de de cette académie.

Un travail de d'analyse d'usage qui va pouvoir illustrer ce que l'on fait, postule que, entre les meilleures intentions de tous les concepteurs, tous les enseignants et la réalité des usages il y a un monde. C’est ce monde-là que nous explorons de façon plus rigoureuse possible par des modèles scientifiques c'est-à-dire des processus d'appropriation au service bien sûr de la compréhension de ce qui se passe mais au service aussi d‘une amélioration des situations d’apprentissage. C’est la réduction de cette distance entre ce qu'on pense pouvoir faire et ce qui se passe vraiment, c'est un exemple microscopique à l'échelle macroscopique comme cela a été évoqué gentiment par Sébastien Gouleau ce matin.

Notre laboratoire réalisé avec un autre laboratoire français Bonheurs (Cergy Paris Université) l'évaluation du programme Territoires Numériques Educatifs (TNE)

Nos rapports disponibles en ligne : https://edunumrech.hypotheses.org/5653

Il y a, là aussi, une très grande marge entre ce que postulait les politiques publiques et la réalité de ce que l'on peut observer sur le temps.

1 Capture décran 2023 11 21 141123Patrick Galan : Je suis formateur académique dans la voie professionnelle et j'interviens essentiellement de la formation initiale des enseignants - près trente-neuf métiers différents dans le secteur des sciences techniques industrielles - et puis j'interviens en termes d'assistance aux corps d'inspection pour le déploiement du numérique.

C’est donc à ce titre je vous proposerai donc de témoignages somme toute, modestes et ce qui m'a intéressé dans ce sujet c'était le mot réellement.

Je vous propose de voir dans quelle mesure les programmes, les injonctions ministérielles, les moyens technologiques qui ont été déployés dans les établissements répondent aux enjeux sociaux culturels.

On pense bien sûr encore une fois, il y a de l'esprit critique à l'évolution des pratiques d'information ! Les projets de recherche et notamment au travers d’interviews de beaucoup d'enseignants, pour recueillir leur représentation du numérique, leurs pratiques numériques aussi bien personnelles que professionnelles, - c’était il y a 5 ans- on voyait que la compréhension des attentes ministérielles était assez floues pour les enseignants et qu'il y avait beaucoup de d'appréhension dans la manière dont ils pouvaient se saisir du numérique.

Il apparaissait dans ces entretiens qu’on avait mis à disposition du matériel, que les politiques ont procédé à la mise en place des équipements dans les établissements scolaires, sans forcément se demander avec les enseignants comment allaient être utilisé le matériel à disposition.

Même ceux qui souhaitaient s'y intéresser et se lancer n'en n'avaient pas forcément les moyens parce que manquaient un accompagnement, une formation.

Il me semble qu'une sorte de culture commune s'est progressivement installée et aujourd'hui cet événement témoigne bien de la richesse des pratiques de chacun, que ce soit le monde des techs, que ce soit les politiques, les cadres de l'éducation et les enseignants eux-mêmes.

En participant tous à la construction d'une culture commune autour de ce qu'on peut faire avec le numérique à l'école, j'ai le sentiment effectivement que les choses se sont précisées pour les enseignants

On l'a vu dans le projet Iris, au départ c'était surtout une réflexion autour des risques et beaucoup d'appréhension sur le numérique. Dès lors qu'on va le déployer notamment en classe avec des élèves, progressivement, on a vu aussi dans les discours se profiler un écosystème où on voit citer les différents acteurs qui sont représentés ici aujourd'hui, où on voit apparaître de plus en plus de sources et des vidéos de formations, des ressources qui sont maintenant accessibles et qui sont rendues accessibles.

Ce n'est pas le cas pour tous, il me semble qu’il y a encore beaucoup d'enseignants qui restent éloignés du numérique ou qui ne s'y intéressent pas dans leur sphère privée et donc là ça c'est plus difficile pour eux de rejoindre l'aventure en quelque sorte.

Progressivement, davantage de formations sont proposées et même nos étudiants à l'INSPE sont de moins en moins frileux quand on leur parle de réseau social, d'aller voir un petit peu ce qui se fait pour avoir un regard critique.

Au début, les enseignants futurs enseignants nous disaient « ah non je ne veux surtout pas rentrer et créer un compte sur ce réseau social là » et aujourd'hui ce n’est plus du tout le cas parce qu'on a bien conscience que ça fait partie de notre monde informationnel et que ce sont des objets qu'on doit aussi regarder en tant qu'enseignant en tant que qu'éducateur de jeunes qui utilisent ces outils-là.

Jean-François Cerisier :  Je me retrouve assez bien dans ce qui a été dit. Je vais présenter un point de vue peut-être un tout petit peu différent mais globalement on se rejoint.  Je vais baser mes remarques sur le suivi d'une cohorte de deux vingt-cinq classes de vingt-cinq écoles primaires que l'on suit avec lesquelles on essaie de comprendre justement la genèse de l'utilisation qu’ils font des techniques numériques dans leurs pratiques pédagogiques.

Cela a été dit ce matin dès la première prise de parole, l'importance donnée au terrain, parce que les pratiques pédagogiques ne s'inventent pas dans des cabinets ministériels, dans les grandes institutions, ce sont les enseignants qui les élaborent. La question qui se pose c'est : quel cadre peut-on leur fournir qui puisse être un cadre favorable à l'élaboration par eux-mêmes individuellement et ensemble, en réseau, en communauté pour des activités qui soient efficaces -au sens utile plus qu'efficace -où elles répondent à leurs propres intentions, à nos propres finalités.

C'est peut-être là où le changement parfois coince un peu.

Il y a le cadre politique c'est-à-dire au fond, qu’est-ce que la nation attend de l'école et ce qu'elle attend du numérique, la nation mais aussi ceux qui nous représentent dans une démocratie représentative. Il y a ensuite le cadrage institutionnel et la traduction institutionnelle du projet politique. Celui-ci doit se traduire en quelque sorte par le contrat professionnel de l'enseignant c'est-à-dire ce que lui dit son employeur, tout ce qu'il doit faire ou ne pas faire avec le numérique et pourquoi, dans son activité professionnelle.

Il y a deux autres cadres au moins qui sont importants il y a le cadre qui est constitué par les compétences de l'enseignant qui constitue son horizon, de ce qu'il peut faire et ce qu'il ne peut pas faire.

Un quatrième est le cadre fourni par les techniques elles-mêmes. C'est l'agentivité propre des techniques elles produisent elles-mêmes des effets car elles ne sont pas si neutres que ça.

Tout dépend de la façon dont on les utilise mais elles ont des caractéristiques qui font qu'elles constituent un cadre à l'activité des enseignants et des élèves, ce sont ces quatre cadres là, principaux qui permettent à l'enseignant d'agir et d'exercer cette liberté pédagogique que j'évoquais, cette responsabilité pédagogique.

1 Capture décran 2023 11 21 140531Rémi Carayon : Je vais faire un petit peu de hors-piste en parlant de hors-cadre justement. Il me semble avec tout ce qu'on a entendu ce matin, tout ce que je vois sur le terrain au niveau 2, que l'enseignement public me semble plus en phase, plus pertinent qu’à l'époque des premières Boussoles.

Depuis quelques années, la prise en compte des infrastructures, à savoir aussi le réseau du wifi qui marche, des PC qui fonctionnent et des vidéoprojecteurs qui s'allument, me semble avoir été considérée au niveau de sa haute importance stratégique. Avant de faire de l'innovation pédagogique un premier socle technique est indispensable ce n'est pas forcément, pour de nombreuses raisons techniques complexes, d’en faire le déploiement massif.

Je dirais que ça a l'air de fonctionner mieux qu'au début ce qui est normal au regard de cette lourde machine.

Parmi les questions qui se sont posées : Quand on se trouve confronté à une obsolescence de son matériel et quand vient le moment de renouveler et de se poser des questions avec l’équipe pédagogique qu'est-ce qui se passe au niveau du pouvoir de décision ?

Il y a un certain nombre de problématiques qui sont, par exemple, l'inégalité des salles informatiques et quand on n’est pas dans les salles info, si on n'a pas accès à Internet, tout s'arrête. C’est un vrai facteur d'inégalité qui peut être encore plus criant dans l'enseignement professionnel.

Le deuxième point c'est que le numérique est devenu en vingt ans un enseignement transversal donc, chaque enseignant devait savoir pratiquer, donc le numérique n'était enseigné par personne, donc en fait je me retrouve en tant qu'employeur avec des jeunes qui arrivent qui ne savent pas par exemple, ce qu'est un tableau croisé dynamique parce qu’ils ne savent pas ce que c'est qu'un excel…

Ensuite il y a un facteur qui était parfois un peu difficile, c’était d'embarquer toute l'équipe des enseignants vers un projet numérique, les collègues motivés qui pratiquaient, ceux qui avaient un peu plus de mal qui restaient campés sur leurs positions puis les autres qui attendaient de voir.

Dans les alternatives proposées il y avait les fameuses tablettes qui étaient inadaptées un environnement type agora où on leur demande justement de savoir-faire des tableaux croisés dynamiques avec un vrai tableur et de ne pas glisser avec le doigt sur une tablette pour consulter des documents …

Les dispositifs que, en tant que technicien, je connais, ils ont des numéros de série ils ont des adresses, je peux les déployer, je peux les gérer quand il y en a un qui est cassé je peux l'échanger par le même en cinq minutes, on peut mettre les stratégies de sécurité qui vont bien pour verrouiller les filtrages internet. Pour moi ce n’est pas une flotte de bring your own device

Les chemins que prennent de plus en plus de régions en dotation individuelle me semble plein d'espoir et donc voilà, oui ça a changé.

Est-ce que le numérique a changé les espaces temps des apprentissages c'est ce qu'on appelle la forme scolaire ?

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Patrick Galan : Qu'est-ce qui a réellement changé ?  Je dirais l'évolution de la prise en charge des outils dans la classe et qu'est-ce qui n'a pas encore réellement changé ... je vais reprendre un terme cher à jean-François c'est la prise en compte de l'expérience techno pédagogique.

Jean-François, est-ce que la forme scolaire a changé quelque chose dans les classes que vous avez observées ?

Je pense que l'utilisation de cette notion, de ce concept de forme scolaire pour appréhender et apprécier les changements éventuels que l'on observe à l'école et qui peut être peuvent être liés au numérique c'est une bonne approche mais on peut répondre de façon beaucoup plus générale.

La société a changé, les élèves ont changé, les enseignants ont changé et s'agissant de la forme scolaire, c'est quand même un mot qui est un peu problématique parce qu’il est utilisé pour dire des choses différentes et on l'utilise beaucoup dans les discours, à l'intérieur et autour de l'éducation on fait semblant de se comprendre ou on pense qu'on se comprend alors qu'on ne parle pas de la même chose

Il n'y a pas de mauvaises et de bonnes définitions y a juste des approches différentes et si on ne précise pas ce dont on parle, c'est problématique et en particulier la forme scolaire qui est un concept qui vient de la sociologie des formes. C'est un concept qui n'est plus la question ou très peu la question des espaces au sens de l'ordre de la géométrie, ça n'est pas réduit à la question des espaces physiques d'apprentissage. Ce n'est qu'une des dimensions de la forme scolaire et d'autres dimensions apparaissent dès lors qu'on se réfère à la définition de la sociologie des formes ou en fait la forme scolaire désigne la façon dont les relations entre les acteurs de l'école sont organisées dans l'école, ce qu'il peuvent faire ensemble et comment ils interagissent les uns par rapport aux autres…

La forme scolaire se traduit par certaines normes de fonctionnement de l'école, des déterminants principaux de l'école.

Ils s'expriment selon quatre types de normes :

La première norme qui est très forte à l'école c'est le rapport qu'on y institue entre chacun, le prof, l'élève et la connaissance donc ça passe par les savoirs scolarisés.

La parole du maître le manuel scolaire les programmes d'enseignement etc… ce sont des interactions particulières qui sont donc constitutifs de la forme scolaire et je ne veux pas le l'illustrer mais tout le monde sait combien ce rapport à l'information et ce rapport à la connaissance est complètement transformé simplement par la disponibilité du numérique et quand un élève ou un étudiant me demande après que j'ai dit j'ai pu dire un truc très intelligent dans un cours et il me dit mais monsieur Cerisier, je viens de vérifier et en fait l'auteur que vous citez il n'a pas vraiment dit ça…

La deuxième c'est le rapport que l'on a avec les acteurs de l'école, avec l'espace et le temps et là aussi c'est évident que les techniques numériques permettent de jouer ou de se jouer des contraintes de temps et d'espace.

La troisième norme c'est celle qu'on pourrait appeler la sociabilité scolaire c'est-à-dire comment est-ce qu'on voit le prof. (Elèves et Parents)

La quatrième qui est de nature un peu différente c'est simplement celle qu’on peut appeler poïétique celle qui est liée à la création d'activités. C'est tout ce qui concerne la nature même des activités qu'on peut proposer aux élèves et qui évidemment a été tellement transformée par l'utilisation de techniques numériques que parfois ce qui se passe en classe ne ressemble pas beaucoup du point de vue de l'activité des taches à ce qui s'y passait dans un passé assez proche.

Tout cela doit être observé. Est-ce que ça a beaucoup changé je n'en sais rien, ce qui est sûr c'est que ces changements sont vraiment fondamentaux et que on aurait tout intérêt à les penser plutôt qu'à les subir.

Des vœux pour l'avenir pour que le changement soit réel ? et avez-vous des vœux également à formuler des points de vue sur ce qui va se passer ?

C'est que y ait un vrai souci chez les fabricants chez les éditeurs les constructeurs les décideurs et autres à faire très attention au rapport coût efficacité

Former (A l’échelle) les enseignants à l'ingénierie technique pédagogique que ce soit en formation initiale en formation continue

Tordre un peu le cou au fonctionnement d'un système qui ne permet pas la prise de risque, les initiatives qui sont nécessaires à la créativité

Donner de l'autonomie des équipes pour des établissements

Ce qui va se passer ? L'intelligence artificielle est un vrai sujet pour nous dans les années à venir..

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Dernière modification le jeudi, 12 septembre 2024
Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.