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Par Thierry Taboy et Eric Farro : Longtemps vu comme un loisir d’écran. Derrière les claviers et les manettes se cache un univers où la rigueur, la coopération et la stratégie se travaillent aussi sérieusement que sur un terrain de sport. Pour le monde éducatif, le potentiel est immense. L’esport devient un outil  d’apprentissage concret, capable de préparer les jeunes aux exigences d’un monde professionnel en mutation rapide.

L’esport, c’est d’abord une école de la précision et de la rapidité.

Les joueurs atteignent parfois plus de 300 actions par minute, une performance motrice et cognitive comparable à celle d’un pianiste virtuose. Cette intensité entraîne la concentration, la gestion du stress, l’endurance mentale et la prise de décision sous pression. Autant de qualités transférables aux études ou à la vie active.

Mais le jeu vidéo compétitif n’est pas qu’une affaire de réflexes. Il repose sur la pensée stratégique, la lecture des situations complexes et la capacité d’anticipation. Les grands joueurs  ne réagissent pas : ils prévoient. Ils transforment leurs automatismes en intelligence de jeu. Pour un enseignant, un coach ou un formateur, l’esport devient alors un support  idéal pour développer l’esprit d’analyse et la "métacognition" — cet art de réfléchir sur sa propre manière d’apprendre.

Le jeu collectif ajoute une autre dimension : celle du travail en équipe et de la communication claire.

Dans " League of Legends" ou " Counter Strike", chaque victoire repose sur une coordination fine et un respect strict des rôles. On y apprend à écouter, à ajuster, à faire confiance. Ces “soft skills” — coopération, leadership, empathie — sont désormais au cœur des attentes du monde du travail. Les ateliers esport à l’école ou en formation deviennent ainsi des laboratoires de collaboration grandeur nature. 

Au-delà de la pratique, l’esport ouvre un écosystème professionnel d’une grande richesse : techniciens, coachs, community managers, designers, analystes de données… autant de métiers qui mobilisent des compétences numériques et organisationnelles précieuses. Les élèves qui s’y initient développent sans même s’en rendre compte leur culture digitale, leur esprit d’entreprendre et leur curiosité technique.

Enfin, l’esport est aussi une école de la discipline personnelle.

Les joueurs de haut niveau gèrent leur sommeil, leur nutrition, leur stress. Ils apprennent à s’entraîner, à se fixer des objectifs, à échouer puis à recommencer. Cette pédagogie de l’effort et du progrès, si rare dans les environnements numériques, fait de l’esport un terrain d’éducation à la résilience et à la responsabilité.

L’esport n’est donc pas un simple divertissement. C’est une plateforme d’apprentissage expérientiel où se rencontrent rigueur, créativité et intelligence collective. Le monde éducatif a tout intérêt à s’en emparer : non pour “gamifier” l’enseignement, mais pour y intégrer cette énergie ludique et exigeante qui pousse à apprendre autrement — en jouant sérieusement. 

Thierry Taboy et Eric Farro

 

Dernière modification le jeudi, 30 octobre 2025
TABOY Thierry

Membre du CA Impact AI
Référent fédéral IA CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres) - Membre du comité scientifique & coordinateur de la commission technologique du Laboratoire de la République
Membre de la Task Force "Prospective" pour la French Tech Corporate Community
Membre du comité de rédaction de l'éditeur Rio Bravo (Fondation Edgar Morin)
Responsable programme Digital Impact on Society- Orange Groupe