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Informations, sciences et technologies révèlent nos failles profondes, et l’humain est dans la tourmente. Comment, dans un monde conflictuel et en équilibres précaires, où la question des ressources non renouvelables se pose dans nos sociétés engagées dans une course technologique, où les services publics se dématérialisent et proposent des services « distants » des « dispositifs » et des « solutions », alors que nos données se vendent à prix d’or, comment l’éducation peut-elle retrouver un rôle émancipateur, recréer du sens et des liens, et se réinventer ?

L’économie toujours au cœur des systèmes

Low tech, industrie circulaire, éco conception, responsabilité sociale des entreprises : Le techno-discernement des entreprises devient incontournable pour contribuer à l’avenir bas carbone et éco-responsable des filières économiques. Le coup est parti mais les entreprises s’emparent-elles vraiment de ce changement de modèle ?

Le 8 avril, une conférence, animée par Antoine CHOTARD qui accompagne les transitions et l'innovation au service des acteurs économiques de la Nouvelle-Aquitaine, fut organisée, au Conseil Régional de la Nouvelle-Aquitaine par l'ADI (L'Agence de Développement et d'Innovation de la Nouvelle-Aquitaine).

Sans être technophobe, on peut être prudent avec la course en avant high-tech.

Les solutions ne sont pas que techniques, elles sont socio-techniques, sociales, sociétales, culturelles, organisationnelles.

Je vous invite à lire ou relire cet article :

Conférence de Philippe BIHOUIX: La sobriété est-elle l'avenir de la technologie ?

https://www.educavox.fr/alaune/conference-de-philippe-bihouix-la-sobriete-est-elle-l-avenir-de-la-technologie-1

A noter sur ce thème « Le numérique à l’épreuve de l’écologie » : La fabrique de la « sobriété numérique » comme nouvelle norme ?

Les universitaires Anh NGOC CHUS, Sandra MELLOT CHUS et Magali PRODHOMME CHUS, proposent ce travail, un regard critique de la fabrique de l’émergente norme de « sobriété numérique »

Inscrite dans un nouvel imaginaire social marqué par l’avènement d’un « hyperbien écologique » contemporain, cette norme s’est avérée produite par multiples acteurs des sphères différentes (intellectuels, société civile, politiques). Mais, en tant que construit culturel, la « sobriété numérique » circule dans une logique de réénonciation permanente à travers ces divers espaces sociaux.

Sa fabrique révèle une tension que cette norme vise à concilier : celle entre l’hyperbien écologique et l’hypersystème numérique, entre Homo Ecologicus et Homo Numericus.

Le numérique à l’épreuve de l’écologie

https://www.educavox.fr/accueil/debats/le-numerique-a-l-epreuve-de-l-ecologie

Quel rôle pour l’école ?

Vincent MICHAUD, Directeur Territorial Nouvelle Aquitaine au Réseau Canopé lors du Printemps numérique en 47.

"Au moment où la démocratie est malmenée, où la pensée critique est indispensable, l’école joue un rôle fondamental. Il s’agit de créer, en mutualisant nos expertises, des parcours cohérents, d’accompagner à devenir des citoyens éclairés. »

Virginie MERLE, DANE (Déléguée Académique au Numérique Educatif) évoque les États Généraux du Numérique pour l’Education et une stratégie pour demain co construite avec l'ensemble de la communauté éducative.

"Nous sommes dans un écosystème avec tous les partenaires, chacun avec leurs regards experts et différents, enrichissent les concertations.

Continuité école/collège/lycée, rôle de chacun, rôle de formation et d’accompagnement, inclusion numérique, accroissement des compétences de littératie, enseignement hybride (qui pose les questions de gestion, de coopération, de scénarisation, la question des outils…des devoirs) autant de sujets évoqués qui permettront également des collaborations avec les partenaires, des regards experts, notamment avec des chercheurs, des formations, des parcours modulables avec Canopé, le Clémi…"

 

Un printemps numérique en Lot-Garonne !

https://www.educavox.fr/accueil/reportages/un-printemps-numerique-en-lot-garonne

Le numérique a modifié la manière de s’approprier les connaissances, l’économie, les médias, et bien entendu l’école.

Michel GUILLOU, Observateur du numérique éducatif et des médias numériques et Anne LEHMANS, Professeure à l’INSPÉ de l'académie de Bordeaux sont invités par Caroline LEVACHER à échanger sur les valeurs de la citoyenneté numérique lors de ce Printemps du numérique à l’atelier Canopé 47.

Anne LEHMANS : Il s’agit bien d’un écosystème, une culture qui change l’entrée dans la lecture, dans l’écriture. Si on est dans un écosystème devons-nous l’accepter comme tel ? Irions-nous jusqu’à la suppression des livres ? Jacques ELLUL, professeur d'histoire du droit, sociologue affirmait « la technique nous détériore » et parle de perte d’humanité. Dominique WOLTON, notamment Directeur de recherche au CNRS en sciences de la communication affirme également que la communication par la technique pose problème (Dominique Wolton : dix idées clés pour une » speed détox  Article 2017 »

Peut-on résister à la technique ?

Michel GUILLOU : Pourquoi changer de posture ? Nous étions critiques de nos environnements avant ! Nous sommes des citoyens engagés, le numérique ne change rien ou pas grand-chose à nos manières de nous engager et de porter un regard critique sur ce qui nous entoure. Il est important de raison garder, de conserver une réflexion rationnelle.

Regards croisés au Printemps numérique

https://www.educavox.fr/accueil/reportages/regards-croises-au-printemps-numerique

« Le numérique apprécié pour ce qu’il permet autant que craint par sa complexité, son influence et la remise en cause des pratiques qu’il impose »

Les dangers, note le Conseil d’évaluation de l’École, « portent surtout sur les réseaux sociaux, avec des adultes désemparés, le lien à l’éducation aux médias et à l’information étant insuffisant pour une situation qui dépasse le cadre de l’école et interroge le rôle des parents.

Si la crise sanitaire a permis le développement de compétences en lien les usages du numérique, une harmonisation de ces usages et une proximité plus grande entre adultes, élèves et familles, « elle a aussi mis au jour la fracture numérique (décrochage, difficultés de suivi), la cyberviolence et parfois le caractère perçu comme chronophage du numérique ».

 

Le numérique "Révélateur des nouveautés, fragilités et des tensions qui parcourent l'éducation", selon le Conseil d'évaluation de l'école

https://www.educavox.fr/formation/analyse/le-numerique-revelateur-des-nouveautes-fragilites-et-des-tensions-qui-parcourent-l-education-selon-le-conseil-d-evaluation-de-l-ecole?

Est-ce que le Territoire Numérique Educatif peut constituer une approche pour questionner les pratiques des enseignants et l’apprentissage des élèves ?

CAPNUM est le séminaire organisé le mercredi 6 avril dans le Palais des congrès du Cap d’Agde par l’académie de Montpellier et sa directrice régionale au numérique éducatif : Madame Sabrina CALIAROS, en collaboration avec CANOPE, atelier 34. Il marque le lancement dans le département de l’Hérault du dispositif Territoire Numérique éducatif que l’Hérault rejoint avec neuf autres départements après les expérimentations menées dans l’Aisne et le Val d’Oise.

Dans ce cadre, Madame BECCHETTI-BIZOT, Inspectrice générale et médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur est interrogée par Monsieur Christophe MAUNY, DASEN de l’Hérault

La crise a montré que des formes scolaires traditionnelles sont bousculées, y compris dans leurs règles de fonctionnement, mettant ainsi élèves et enseignants dans des situations délicates.

Mais n’est-ce pas là l’émergence de nouvelles opportunités pour repenser les relations élèves enseignants, pour faciliter les apprentissages ?

Le numérique n’est pas qu’un outil ; il entraine des modifications car il a un réel impact sur le système.

D’où l’émergence d’opportunités à réfléchir et utiliser pour répondre aux enjeux nouveaux de la société transformée par le numérique. Les dichotomies temps scolaire- hors temps scolaire, présentiel- distanciel, virtuel-réel sont des différences qui n’ont plus beaucoup de sens ni de raison d’être. Il convient de repenser un continuum pour l’éducation qui engage tout le monde dans un même processus.

Cela fait apparaître le besoin d’un scénario structuré pour l’organisation du savoir englobant les différents lieux et supports de celui-ci. Madame Bizot utilise là des formules fortes : « faire classe c’est être un chef d’orchestre ; enseigner c’est créer les conditions pour que les élèves apprennent ». Cela ne signifie pas renoncer à des formes et des pratiques qui ont déjà fait leurs preuves mais diversifier. Il n’y a pas de modèle figé mais un vrai besoin d’invention.

 

Le bien être à l’école : la réussite de chacun !

https://www.educavox.fr/accueil/reportages/le-bien-etre-a-l-ecole-la-reussite-de-chacun

Par ailleurs, il faut complètement impliquer les familles dans ce processus.

Sur la période du 15/09/2020 au 23/10/2022, un groupe thématique numérique, co-animé par Anne CORDIER, UMR ESO, et André TRICOT, EA EPSYLON pose les éléments de recherche sur cette interrogation : Comment accompagner les élèves de cycles 2 et 3 dans les premiers apprentissages littéraciques numériques, en travaillant le lien école/domicile et favorisant la transformation pédagogique au service de l’égalité des chances ?

André TRICOT, intervenant également au séminaire Capnum "Territoire Numérique Educatif " au Cap d’Agde délivre une partie des travaux, quelques analyses du questionnaire à destination des parents.

L'implication des parents, la connaissance qu'ils ont des pratiques numériques de leurs enfants, des priorités qu'ils attribuent à l'école, autant d'éléments à connaitre et qui sont précieux dans le cadre des liens école/domicile et la mise en place de compétences en littératie numérique.

 

Enfances et Littératies Numériques : Les compétences numériques des enfants, vues par leurs parents

https://www.educavox.fr/accueil/reportages/enfances-et-litteraties-numeriques-les-competences-numeriques-des-enfants-vues-par-leurs-parents

En conclusion je citerai trois extraits de l’ouvrage : "Corps connectés. Figures, fragments, discours"

Un ouvrage conçu dans le cadre d'une collaboration entre @IMT_BS et @ESADdeReims par Armen KHATCHATOUROV, Olaf AVENATI, Pierre-Antoine CHARDEL, et Isabelle QUEVAL : " Le développement actuel des objets connectés et de l’Internet des objets (de la brosse à dents connectée au compteur électrique dit « intelligent »), soulève la question de leurs influences sur le sentiment d’être soi, sur la manière dont nous éprouvons notre corps ainsi que sur notre manière de vivre la sphère de l’intime ".

… « Nous ne pouvons plus aujourd’hui, du jour au lendemain, abandonner l’usage du téléphone portable, et considérer que notre identité sera la même, c’est-à-dire notre vie intime et subjective, notre rapport au monde, à l’espace et au temps, aux autres, etc.
Il serait bien difficile de revenir à une vie d’avant ces objets connectés que sont nos téléphones portables dits « intelligents ».
La formule même d’appropriation subjective signale une interaction constante entre l’humain et l’objet, interaction dont les pôles finissent par être indiscernables tant l’un nourrit l’évolution de l’autre. Nous sommes nourris des objets, comme ils le sont de nous et, désormais, de nos données… »

 

… « Nous sommes quotidiennement confrontés au fait que nos données et nos métadonnées peuvent être à tout moment, capturées, aussi bien à des fins économiques que politiques. Nos données ainsi que leur signification s’autonomisent, elles agissent par-delà notre intentionnalité. C’est la raison pour laquelle le numérique est plus qu’un outil, il est devenu le milieu même dans lequel nos corps prennent place et se constituent. »

 

… « Un des enjeux du présent ouvrage consiste à interroger l’influence des objets connectés sur l’évolution des subjectivités et leurs capacités d’agir de manière responsable et en conscience, en rappelant qu’il existe un lien intrinsèque entre l’autonomie et l’agir responsable. C’est, à tout le moins, ce que la philosophie morale de Kant nous a appris.

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, il soulignait l’importance de la liberté et de l’autonomie de la raison humaine : « L’homme ne peut concevoir la causalité de sa volonté propre que sous l’idée de liberté (...), et à l’idée de liberté est indissolublement lié le concept de l’autonomie ». Il est ainsi rappelé que l’autonomie est le fondement de la subjectivité pratique et qu’il ne peut y avoir d’action morale que si l’on se sent être pleinement un sujet libre. »

 

"Corps connectés. Figures, fragments, discours"

https://www.educavox.fr/formation/corps-connectes-figures-fragments-discours

Voici donc, par toutes ces paroles recueillies, de bien belles propositions, réflexions et analyses qui peuvent nous éclairer dans une nouvelle conception de l’éducation dans un contexte numérique !

Michelle Laurissergues

Dernière modification le dimanche, 15 janvier 2023
Laurissergues Michelle

Présidente et fondatrice de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.