Culture, identité, pratiques sociales, pratiques numériques…
Ce peut être un processus de "métissage" qui se produit entre les cultures qui peut être visible d’'un point de vue ethnique, religieux, linguistique, gastronomique, artistique. On peut noter à travers les âges et les pays du monde, d'innombrables adaptations, qu’elles soient utiles à la survie comme cela est le cas dans des périodes de troubles (Famines- Guerres- Migrations-), ou qu’elles soient adoptées par la naissance dans un environnement pré-établi avec ses normes.
Le métissage pose la question de l’identité. Le numérique multiplie les possibilités.
Jennifer Elbaz : Combien d’opportunités économiques, professionnelles, sociales, culturelles, politiques me sont offertes par l’extraordinaire caisse de résonnance numérique ? Une infinité, sans nul doute. Je peux, tu peux, elle peut, il peut, nous pouvons, vous pouvez, elles peuvent, ils peuvent s’offrir une narration de soi sur mesure, libre de toute contrainte.
Trouver ou retrouver des amis, rester en lien, informer, m’informer, échanger avec des personnes que la vie tangible ne m’aurait pas permise de rencontrer ou d’atteindre, découvrir des œuvres de toutes sortes, écouter, apprendre, travailler avec des personnes du monde entier depuis mon salon, exercer mon pouvoir d’achat, exercer mes droits. Je peux tout faire.
A quel prix ? Quel prix paye-t-on pour accéder à ce monde de possibilités ?
Et si… et si ce que je préfère, c’est la discrétion ?
Et si … et si je suis limitée par ma condition sociale ?
Comment puis-je comprendre une logique numérique qui ne m’a pas été enseignée à l’école, ou à la maison, n’est jamais entrée dans les tâches liées à mon travail ?
Puis-je être, hors ligne ?
https://educavox.fr/accueil/debats/en-ligne-hors-ligne-qui-sommes-nous
Michel Guillou, le sens des mots
J’ai essayé, pour ma part, fort de l’observation que ce siècle est celui des approximations sémantiques, métonymies, synecdoques, anglicismes et barbarismes fleurissant et contribuant à obscurcir le débat, de m’éloigner de cette notion d’hybridation dont je sais, en tant que biologiste, qu’elle est souvent inopérante, les hybrides étant généralement stériles. Je termine en proposant de remplacer le mot d’« hybridation » par celui, plus élégant, de « métissage » qui prend toute sa dimension dans le lien numérique, contribuant à renforcer et enrichir le patrimoine génétique – et numérique.
https://educavox.fr/accueil/debats/mal-nommer-les-choses-c-est-ajouter-au-malheur-du-monde
Aucune culture en contact avec le monde extérieur ne reste étrangère aux influences des autres.
Ninon-louise LePage : L’hybridation des cultures est présente aujourd’hui parmi vous … je suis l’hybride. Je suis de lointaine origine française mais aussi très nord-américaine car « je partage une certaine expérience continentale » avec mes voisins du sud comme le disent Christine Beeraj et Louis Balthazar dans Le Québec et la culture américaine [i]. Je suis américanisée car les industries américaines voisines exportent avec leurs produits une vision du monde, un mode de vie, des valeurs sociales, un mode de production, etc. qui sont, jusqu'à un certain point, propres à la société américaine dont je suis un être hybride.
Et d’ailleurs … C’est connu que « La musique adoucit les mœurs », depuis Platon dans « La République ». Aristote dans « La Politique » écrit que l’art, dont la musique, est une catharsis qui purifie l’âme.
Attention ! Ceci serait-il l’un de ces mythes véhiculés en éducation ? Au Québec, certains constats universels sont traités de mythes par les gourous qui n’acceptent que les intentions pédagogiques soutenues par des données probantes.
Ouf ! Quelle chance, au cas présent, l’idée est appuyée par plusieurs études de neurosciences. Le chant, la danse et la musique qu’on l’écoute, la joue ou la compose mobilise en réalité la quasi-totalité des zones du cerveau, mais aussi la presque totalité du système nerveux périphérique.
https://educavox.fr/accueil/breves/la-musique-adoucit-les-moeurs
Thierry Happe : L’hybridation des mondes, c’est la Tech appliquée à tous les sujets de notre culture, de notre économie, qui va changer le monde.
Ce que l'on peut dire ? On surestime souvent l’impact immédiat des technologies et on sous-estime leur impact à long terme.
Deux sujets fondamentaux :
L’Intelligence artificielle Générative et ChatGPT : 1ère innovation technologique ouvre des champs de modifications dans le champ du travail
La plus grande croissance d'une tech : 200 millions d’utilisateurs dans le monde suscite débats et réflexions et qui aura un impact important sur nos manières d’apprendre aujourd’hui.
2ème tendance : hybridation technologie et développement durable.
Le sujet est dans la tête de tous les chercheurs et start-up. Ce rapprochement est extrêmement puissant et va apporter des modifications avec les data, objectiver les situations où nous en sommes et apporter l’information sur les impacts de nos actions
Quel est l’impact sur l’éducation et les métiers : vertigineux !
Les tâches vont se modifier. Nos fonctions nos missions vont évoluer. L’accompagnement personnalisé sera central dans tous les domaines.
Laurent-Pierre Gilliard : L'hybridation est au centre de notre société et donc de l'éducation.
En fait, on est dans l'hybridation qui n'est pas nouvelle, l'automatisation, la robotisation, l'intelligence artificielle.
Franc Morandi : Le monde numérique est hybride par lui-même
Le terme est attribué à différents systèmes et expériences que devons explorer. L’hybridation n’est pas un écueil : c’est le flux. Le terme décrit le processus de transformation, les clivages et les paradoxes -dont celui de l’intelligence qu’il soulève, le « monde » qui s’y construit.
Nos « humanités numériques » (paradigme hybride en lui-même) en sont les enjeux.
Pour exemple, la greffe de l’auteur et du lecteur, l’hybridation du texte par les reformulations informationnelles et leur circulation, remettent en cause l’ordre des idées, des vérités et de la hiérarchie des institutions. Peut-on parler d’institutions hybrides ou d’une simple juxtaposition avec le numérique ?
https://educavox.fr/accueil/reportages/forum-educavox-franc-morandi-nous-sommes-tous-des-hybrides
Quelles hybridités avec le numérique ?
Elle est dans notre manière de vivre avec d’autres perceptions des lieux, des temps, des espaces, des actions, dans des expériences multimodales avec des expériences immersives, l’interconnexion dans toute forme d’échanges sur des plateformes, forums de discussions, réseaux sociaux, jeux, dans la manière de créer, de s’informer, de se former …
Avons-nous mesuré la transformation de nos comportements, l’intégration de l’intelligence artificielle comme intelligence auxiliaire dans nos déplacements, nos recherches d’information, nos achats, nos modes de vie, nos loisirs, nos relations… ?
Et quid du monde éducatif habitué à gérer un monde de ressources en stocks, vérifiées, classées, médiatisées au service d’apprentissages scolaires ? Comment faire dans un monde de flux ? Ce sera notamment une des réflexions de la quatrième édition des Boussoles du numérique qui se déroulera le 27 septembre 2023 à l’hôtel de la Région Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec la Région, l’Education Nationale et de nombreux partenaires.
Jacques Puyou : Face aux défis, l’éducation ne peut pas éviter un réel questionnement :
- Doit-on toujours apprendre les mêmes choses ?
- Quels sont les fondamentaux ?
- Comment préparer aux métiers d’avenir alors que nous ne les connaissons pas ?
Quelques pistes :
Développer l’esprit critique, construire une réflexion, formuler une question (s’adressant à un logiciel d’intelligence artificielle la formulation de la requête conditionne fortement la qualité de la réponse), apprendre à apprendre, développer la curiosité… Cela n’est certes pas nouveau mais prend dans ce contexte une importance accrue.
On en vient rapidement, ici aussi, à un projet plus politique car, au vu de l’interdépendance des facteurs, il faudra agir à la fois, individuellement et collectivement. Le problème sociétal qui en découle est, en effet, celui de l’acceptation sociale de changements énormes. La technologie va aider à cela mais il va falloir beaucoup de pédagogie.
https://educavox.fr/accueil/reportages/hybridation-des-cultures
Michel Guillou : En éducation, le choix du métissage obligerait à interroger et reconsidérer la forme scolaire, le point de vue des champs disciplinaires sur l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité, en termes d’objectifs, de compétences, de regards, de postures, pour enseigner à être et se comporter en société – remède au harcèlement –, éduquer aux médias, à l’information, à la citoyenneté, à la sexualité jusqu’à la pornographie…
Nous vivons dans un monde hybride
Les territoires physiques sont désormais doublés de coordonnées numériques et de données sémantiques, les liant dans l’intelligence de nos actions.
Nous vivons dans une logique de flux d’où émergent des formes de relations nouvelles. La culture de la réappropriation, du mix, de l’hybride et la convergence des outils du numérique, permettent les interactions en temps réel, la virtualisation des relations et ainsi leur tissage.
L’hybridation, ce n’est pas se contenter d’ajouter du numérique à ce que je fais
« Au fond de nous, nous savons bien que nous sommes tous des centaures, c’est-à-dire des êtres hybrides, insaisissables, contradictoires, hétéroclites, en perpétuelle métamorphose » Gabrielle Halpern. "L'Hybridation est au cœur de toutes les réflexions sur l’adaptation des institutions éducatives" : Jean-François Cerisier, directeur de l’unité de recherche Techné de l’université de Poitiers. Il convient de s’interroger avec Joël de Rosnay sur la réalité de la cybermodernité aujourd’hui afin d’en anticiper les évolutions qu’elle nous laisse entrevoir pour demain. Ninon-Louise LePage : L'’hybridation est incontestablement vectrice de changement...
A suivre...François Cerisier : La créativité est dans le processus de l’hybridation…
Vous découvrirez bien d'autres interventions :
Les articles sont publiés dans ce dossier au fur et à mesure...
https://educavox.fr/les-reportages/content/431-hybridations/
Dernière modification le jeudi, 12 septembre 2024