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Bien que les éléments politiques et économiques soient reconnus comme des moteurs du progrès national, l'importance de l'eau et de l’accès à l’eau sont fréquemment minimisés. Néanmoins, son impact sur des secteurs tels que la santé et l'éducation est avéré. Ainsi, comment l’eau est-elle une condition nécessaire, sans être suffisante, du développement ?

L'accès à l'eau sur notre planète présente une répartition inégale, avec un petit groupe de pays, nommément l'Inde, le Canada, la Chine, la Russie, l'Indonésie, les États-Unis, le Brésil, le Congo et la Colombie, qui détiennent 60% du débit annuel global d'eau. En dépit du fait que 73% de la population mondiale ait accès à cette ressource cruciale en 2022, ce sont principalement les pays en voie de développement qui ressentent le plus durement les effets de sa rareté.

D'après les projections de l'OCDE [1], la demande globale en eau est susceptible de croître de 55% d'ici 2050, une augmentation attribuable à l'expansion urbaine et à la croissance démographique mondiale.

L'Organisation des Nations-Unies alerte sur le fait que si des améliorations significatives ne sont pas réalisées, des milliards d'individus pourraient se retrouver incapables d'accéder à cette nécessité fondamentale d'ici 2030, nécessitant une multiplication par quatre des efforts actuels.

Face à cet enjeu crucial de la décennie, une collaboration étroite entre les autorités gouvernementales et les organisations non gouvernementales est impérative pour garantir un accès élargi à l'eau. L’importance des enjeux liés à l'eau se révèle d'autant plus dans le contexte où un cycle économique prospère dépend largement de l'accès à cette ressource naturelle. La pénurie d'eau potable et l'absence d'infrastructures sanitaires élémentaires, telles que des toilettes dans certaines écoles, entraînent une propagation des maladies et augmentent le taux d'absentéisme des élèves. Cette situation impacte particulièrement les jeunes filles, qui se voient souvent contraintes à manquer l'école durant leurs menstruations [3].

Au-delà des répercussions sur l'éducation, l'eau occupe une place centrale dans la problématique de la malnutrition.

L'insalubrité de l'eau, source de maladies telles que la diarrhée ou les infections intestinales, contribue à une assimilation insuffisante des nutriments, à une baisse de l'appétit et à une déshydratation accrue, particulièrement chez les enfants [4]. De surcroît, une disponibilité limitée en eau freine considérablement les activités de production alimentaire, tant dans le domaine de l'élevage que de l'agriculture, et affecte également la préparation des aliments [5]. D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, réduire le temps consacré à la collecte d'eau et diminuer les incidences des maladies liées à l'eau libérerait du temps pour des activités économiquement plus avantageuses, stimulant ainsi la croissance économique [6].

Au cours des dernières années, un nombre croissant d'Organisations Non-Gouvernementales s'est investi dans la lutte pour faciliter l'accès à l'eau potable, notamment dans les zones défavorisées.

Parmi ces acteurs, l'ONG LIFE s'est distinguée par son engagement dans cette cause, principalement en Afrique et dans certaines parties du Proche-Orient et du Maghreb. Cette organisation a réussi à se positionner comme un acteur clé dans le domaine, grâce à la réalisation de projets d'envergure tels que la construction de plus de 2 000 puits et infrastructures hydraulique. La stratégie de LIFE consiste à voir au-delà de la simple fourniture d'eau : elle envisage la mise en place de points d'eau comme un levier essentiel pour améliorer la santé, l'éducation et l'environnement des communautés bénéficiaires. Parallèlement, LIFE soutient également des projets comme les cantines scolaires, contribuant ainsi à renforcer l'assiduité des élèves et à leur offrir une nutrition adéquate.

La démocratisation de l’accès à l’eau constitue donc le point d’entrée à des politiques plus larges de développement pour les populations concernées.

« Une fois que vous avez réglé, au moins en partie, le problème de l’accès à l’eau potable, vous pouvez développer d’autres actions, et agir sur l’éducation ou l’environnement. Mais il ne sert à rien de construire une école si les enfants sont obligés de passer leurs journées à s’acquitter des corvées d’eau », résume Fanny Fernandes, directrice exécutive de l’association [7][8].

Tout comme LIFE, des centaines, voire des milliers d'ONG à travers le monde, se sont mobilisés autour de la question de l'accès à l'eau potable, jouant un rôle fondamental dans le soutien aux populations en besoin. Grâce aux efforts conjugués d'organisations telles que Charity : water [9], WaterAid [10] et Water.org [11], plus de 108 millions de personnes ont désormais accès à une source d'eau potable, marquant des progrès significatifs dans ce domaine crucial.

Ces associations jouent également un rôle central pour sensibiliser et informer la population sur les possibilités d’accès généralisé à l’eau.

« Ce n'est pas un problème d'approvisionnement ; c'est un problème de distribution. Et je pense qu'il y a ce sentiment que, parce que nous allons passer de 7 milliards à 8 milliards puis à 9 milliards, et que tout le monde s'agite à propos de la rareté de l'eau et de la sécurité hydrique, nous devons dissiper l'idée qu'il n'y aura pas assez d'eau pour les pauvres—car ce n'est tout simplement pas vrai. », déclare le célèbre acteur et producteur américain Matt Damon, co-fondateur de Water.org [16].

Ces efforts ne font pour autant pas toujours l’unanimité parmi la population. Scott Harrison, fondateur de Charity water, révèle à quel point les ONGs peuvent susciter la défiance parmi la population :

« J'ai réalisé cependant que beaucoup de mes amis ne faisaient pas confiance aux associations caritatives. En fait, 42% des personnes en Amérique ne font pas confiance aux œuvres de bienfaisance et 70% pensent que les associations gaspillent de l'argent. » [17]. Gagner la confiance des donateurs, voilà un véritable défi de ces associations caritatives.

En complémentarité des actions des ONGs, les gouvernements des pays développés sont sollicités pour contribuer significativement à combattre la rareté de l'eau dans certaines zones.

Depuis 2011, le Royaume-Uni s'engage dans le financement de projets WASH, des initiatives centrées sur la promotion de l'accès à l'eau salubre, l'établissement d'infrastructures sanitaires appropriées et la sensibilisation aux bonnes pratiques d'hygiène [12]. De son côté, l'Union Européenne a mis sur pied la Facilité ACP-UE en 2004, dans le but de soutenir l'assainissement de base dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique [13].

Toutefois, les fonds alloués restent insuffisants au vu des enjeux actuels, le Royaume-Uni ne contribuant par exemple qu'à hauteur de 2% au financement des initiatives WASH.

Il apparaît donc nécessaire d'augmenter ces engagements financiers pour assurer des avancées concrètes et répondre à l'Objectif de Développement Durable n°6 fixé par les Nations Unies, qui vise à "assurer l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement de manière durable" [14]. L'appel à l'action lancé lors de la Conférence des Nations Unies sur l'eau en 2023, qui reconnaît l'eau comme un vecteur essentiel de développement économique, devrait encourager les pays membres à intensifier leurs efforts et à investir davantage dans la garantie d'un accès universel à l'eau potable [15].

Assurer un approvisionnement équitable en eau est essentiel pour soutenir le développement durable des pays émergents. Cette ressource doit être placée au sommet des agendas des gouvernements et des organisations non gouvernementales, étant donné son rôle fondamental dans l'avancement de l'éducation, l'amélioration de la santé publique et la création d'opportunités économiques. De plus, garantir un accès universel à l'eau pourrait réduire significativement les conflits nés de la compétition pour cette ressource précieuse, illustrés par les tensions dans le bassin du Nil. Les défis posés par le changement climatique, tels que les sécheresses et les inondations, risquent d'exacerber la rareté de l'eau et les disputes qui en découlent. Reconnaître l'importance cruciale de l'eau dans le progrès économique des Nations et prendre des mesures appropriées représente donc un des défis majeurs de notre époque.

Dernière modification le jeudi, 04 avril 2024