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Quand les efforts individuels se joignent aux échanges virtuels (Facebook) et l’animation en classe dans une perspective interculturelle - Dans la foulée de mes interrogations sur la mise en place de projets TIC dans une salle de classe en langue seconde (Voir : L’intégration pédagogique des TIC en L2 et le défi de la persuasion), j’aimerais m’inspirer de la recherche-action pour en arriver à décrire des pratiques gagnantes, aussi bien en matière de projets individuels que collectifs.
Cela nécessite que la salle dispose d’un projecteur et d’un accès à Internet et qu’un compte Facebook du groupe soit créé pour répondre à divers besoins de communication et de formation. Tous les documents servant au cours y seraent alors référencés, qu’il s’agisse d’exercices de français ou de vidéos en ligne, etc.
 
Ainsi, le déroulement d’une journée consacrée à la tenue de présentations orales en L2 peut prendre la forme de kiosques touristiques grâce à la conception de documents d’appoint composés d’images personnelles ou prises dans le Web. Il nous serait alors possible de visiter des pays d’Amérique latine, d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, etc., et des régions du Québec et du reste du Canada sous l’angle de la nature, de la culture, de la science, de l’histoire et même du romantisme, bref des intérêts des étudiants. Cette expérience contribuerait à tisser des liens interculturels entre les participants, inscrivant par le fait même l’expérience linguistique dans une démarche de communication interculturelle.
 
 
Des intentions pédagogiques à préciser
 
 
Rappelons qu’il est théoriquement possible de diviser les compétences requises pour apprendre une L2 en six grandes catégories : la compréhension, la production et l’interaction écrite ; la compréhension, la production et l’interaction orale. De toute évidence notre intention initiale porte sur la pratique des deux dernières, ce qui requiert beaucoup de préparation préalable.
 
Comme nous voudrions, par exemple, amener des étudiants de niveau avancé à formuler un récit de voyage au passé, nous devrons prévoir la tenue en classe d’exercices de révision sur l’usage de temps de verbes comme le passé composé et l’imparfait. Dans le cas d’un groupe de niveau intermédiaire, il faudrait au préalable prévoir une séquence d’enseignement et de systématisation de ces mêmes notions. Il est également important d’habiliter les étudiants à l’art du récit de voyage comprenant diverses étapes : la planification et le choix des lieux, l’arrivée, les anecdotes de la visite, etc. Et, bien entendu, de les amener à s’exprimer de manière naturelle sans le support de l’écrit.
 
En ce sens, il convient d’exiger la réalisation d’un plan de présentation orale avant l’exécution de celle-ci. En classe, nous devrons nous-mêmes prêcher par l’exemple en leur faisant découvrir des régions du Québec et leurs principaux attraits touristiques à partir de textes et de photos et de vidéos servant à divers récits. Nous réaliserions aussi avec les étudiants de nombreux exercices sur les règles du français oral, question d’éviter la reproduction de structures de l’écrit oralisé au moment de l’exposé.
 
Une fois ces travaux de mise en train accomplis, un devoir serait alors demandé aux étudiants : trouver des photos de voyage ou faire une sélection d’images tirées de sites Web qu’il convient de placer dans une séquence correspondant au plan de la présentation orale. Trois modes de diffusion des images seraient alors proposés : a) la tenue d’un album photo sur Facebook, b) une séquence d’images sur une clé USB pour un diaporama avec le lecteur Media Player ou c) la confection d’un diaporama PowerPoint. Sur ce dernier point, il faut s’assurer d’enregistrer le document dans un format compatible avec le logiciel de l’ordinateur qui serait employé en salle de classe lors des présentations. En cas de difficultés majeures, les étudiants peuvent toujours se rabattre sur l’usage de photos sur un site Web ou sur Google Maps.
 
 
L’animation des présentations orales sous un angle éducatif
 
 
De manière générale, de nombreux étudiants en L2 apprécient qu’on leur donne l’opportunité de s’exprimer et de découvrir des volets importants des origines de leurs pairs. Des interventions du professeur correspondant à différentes compétences langagières ajoutent de la valeur à l’expérience. Ainsi, peut-il poser des questions aux présentateurs, invitant les pairs à agir de même ; il peut relever aussi des mots de vocabulaire, des expressions et des éléments de confusion linguistique qu’il prendrait la peine d’expliquer aux étudiants, de sorte que les exposés subséquents servent de modèles additionnels au groupe, alors invité à porter une attention particulière aux éléments linguistiques mentionnés.
 
Il en va de même par exemple, de confusions entre l’usage des auxiliaires Avoir et Être avec certains verbes, comme Passer, de la nécessité d’un pronom complément dans un verbe pronominal ou de certaines distinctions entre le passé composé et l’imparfait. Non seulement des observations de ce genre se révèlent-elles importantes pour assurer la tenue de présentations de bonne qualité, mais elles mettraient en relief des points faibles à reprendre dans des leçons subséquentes. À la fin des présentations, un bilan évaluatif est indispensable, question de faire ressortir la valeur éducative du travail accompli. L’usage de l’image, facilité par les TIC, permettrait de maintenir l’intérêt du spectateur, lui procurant même souvent le goût du voyage. Des commentaires seraient aussi livrés au groupe par le biais de Facebook
 
 
Conclusion
 
 
Dans la perspective du développement d’un ensemble cohérent d’activités éducatives menant à une présentation orale d’un récit au passé, nous aimerions mener un projet de classe de kiosques touristiques, ce qui nécessite plusieurs tâches préalables : 1) pratique des règles du français oral, 2) révision des temps du passé, 3) pratique de répliques de manière naturelle, 4) exercices de compréhension de récits présentant des régions du Québec, 5) réalisation d’un plan de récit et 6) préparation d’une d’un document d’appoint comprenant une séquence d’images correspondant au plan. Le Web facilite grandement la tenue de la plupart de ces tâches lors des périodes d’enseignement, mais aussi dans le cadre d’une préparation autonome à l’extérieur du cours.
 
Si la préparation de l’exposé oral est de nature individuelle, le contexte de réalisation impliquantFacebook permettrait de transformer l’expérience en activité collective riche et de tisser des liens plus étroits sur le plan interculturel, ce qui jette des bases intéressantes pour la réalisation d’éventuels projets collectifs, aussi à inscrire dans le répertoire prévu de pratiques gagnantes d’intégration des TIC en L2.
 
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation
Renaud Luc

Luc Renaud est spécialisé en technologie éducationnelle et enseigne le français langue seconde depuis plusieurs années auprès d’une clientèle adulte immigrante. Détenteur d’une maitrise en éducation, il a aussi été chargé de cours à l’Université de Montréal dans le domaine de l’intégration pédagogique des TIC, et a participé à des projets de recherche portant sur la formule hybride et le socioconstructivisme. Il possède également une solide expertise en développement et expérimentation de formations en ligne et s’intéresse vivement à la collaboration internationale. 
Mal à l’aise dans le milieu scolaire, il croit à une remise en question continuelle de l’école ; il tient d’ailleurs un blogue, L’éduc-acteur, le Blogue de Luc Renaud, sur des thèmes variés, qui mettent de l’avant l’importance de l’autoformation.
Il est aussi entrepreneur, ayant démarré récemment une entreprise de consultant en technologie éducationnelle, La boîte à idées E.T.L.R. Ideas Boxdans la région de Montréal.


Montréal, Québec (Canada)