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Réussites et erreurs... Leçon dite "d’adieu" aprés mon retrait des activités professionnelles (j’ai seulement quitté l’université...je reste actif sur le plan "militant du savoir", notamment en banlieue...)

Après de telles Après de telles laudationes de la part du Président et du Doyen, il m’est difficile d’en rajouter sur… mes réussites. Je renvoie au petit fascicule sur les 30 années de recherches au LDES … Autant parler plutôt de mes erreurs !.. ou pour être plus précis de mes ratés, de mes manques, de mes lacunes... voire de mes illusions…
 

Recherches et recherches appliquées du LDES

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Pas question de parler de mes ratés sociaux ; j’appartiens à une génération –celle de 68- qui pensait changer la vie, le monde. Nous avons eu tout faux !.. Je me limiterai ce soir à mes ratés en éducation et n’en prendrai que trois. J’aurais pu faire un programme pour l’année ! J’ai pris ceux qui me tiennent plus particulièrement à cœur, ils concernent le partage du savoir… Je me suis toujours considéré d’abord comme un militant du savoir. Les recherches que j’ai entreprises n’avaient de sens pour moi que dans cette optique.

 

Je souhaiterais vous faire partager mes préoccupations sur 3 domaines différents où j’ai échoué ou dans lesquels j’ai rencontré de sérieuses limites :



1. Je n’ai pas réussi à faire bouger la pédagogie universitaire, et pour commencer dans ma propre Faculté ! Bien sûr, ce n’est pas un problème spécifique… les questions se posent à l’identique dans les autres facultés… La pédagogie reste un oublié de l’Université.



2. Je souhaitais au début de ma carrière contribuer à faire évoluer l’école. Elle a régressé, notamment le Cycle à Genève ou le Collège en France…



3. Mon modèle de l’apprendre est connu certes… mais surtout à l’étranger ! Il est plus cité sous les vocables allosteric learning model ou modelo alosterico de aprentizaje que sous son nom d’origine ! Un livre vient de sortir en chinois par exemple. J’ai peu réussi à le faire partager en Europe et… il faut que j’avoue quelques insuffisances… encore.



Les lacunes de la pédagogie universitaire


 
Commençons pas ce qui peut fâcher le plus ce soir ! La période était favorable pour transformer la pédagogie à l’université. On a dû adapter nos cursus à la Convention de Bologne. On doit prendre en compte une société qui change à toute vitesse, notamment par des modifications fortes des repères économiques et sociaux. N’est-on pas au seuil d’une nouvelle Renaissance ?..



Pourtant -je pense qu’il n’est pas exagéré de le dire- la pédagogie universitaire, même en Sciences de l’éducation à Genève, dans cette Mecque de l’éducation, n’est pas à la pointe. Elle reste un « peu-pensé ». Une des principales raisons est qu’elle n’est en aucun cas une priorité de la vie universitaire. Disons schématiquement pour ceux qui ne connaissent pas ce métier qu’elle demeure un sous-produit des enjeux, disons plutôt des territoires de la recherche.
 

Le but recherché est de « caser » un titre de cours pour développer un domaine. Ensuite, le « cours universitaire » -puisqu’il faut bien le faire- est au mieux orienté vers la pertinence des contenus, c’est-à-dire vers la connaissance de la structure interne du domaine. Seuls sont valorisés les savoirs qui s’adressent à une petite frange –disons « élite »- appelée à perpétuer l’institution.
 


Certes… nous avons bien tenté d’innover à l’intérieur de nos enseignements. Nous avons tenté avec mes assistants de ne pas en rester aux seuls cours, travaux dirigés ou travaux pratiques. Nous avons mis en place de véritables activités de recherche scientifique, avec du matériel simple, quotidien, pour redonner le goût des sciences. Les échanges ont été multiples dans les séminaires pour tester, critiquer et améliorer les productions. Certains groupes ont discuté ferme… les débats furent parfois passionnés, passionnants et très critiques…
 


En plus des multiples projets, nous avons proposé des défis surprenants, pour susciter les étudiants, les « pousser » à chercher ou à différencier une démarche technologique par rapport à une démarche scientifique. Par exemple, ils devaient trouver un moyen de « lancer un œuf cru du 6 étage sans qu’il se casse ! » Par là, ils étaient conduits à inventer des dispositifs équivalents à ceux utilisés pour atterrir sur Mars. Ils ont dû imaginer des moyens de transport sans action directe sur l’objet transporté, la production d’objets insolites ou du quotidien suivant un cahier des charges… Des situations « géniales » -d’après leurs dires- pour évoquer indirectement des contenus de physique, sur la mécanique, sur la propulsion, les frottements… Ce qui a transformé parfois la salle de cours en champ de bataille !


 

La suite de l’article dans le PDF ci-dessous

en savoir plus...

Site Web LDES : http://www.ldes.unige.ch

Site personnel : http://www.andregiordan.com/

Dernière modification le mardi, 02 décembre 2014
Giordan André

André Giordan est le fondateur et directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences de Genève. Ancien instituteur, professeur de collège, animateur de banlieue, il  est l’auteur d’un nouveau modèle de l’apprendre (modèle d’apprentissage allostérique) et l’initiateur de nombreuses innovations scolaires, muséologiques et médiatiques.