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Un changement de paradigme nécessaire - De l’usage des appareils numériques mobiles en classe : L’usage des appareils numériques mobiles dans l’enseignement est un sujet à la fois polémique et passionnant. Il est parfois considéré comme une intrusion, une faille vers le monde extérieur par certains, ou comme un outil incontournable par d’autres. S’il ouvre une brèche vers le monde des connaissances et des relations extérieures à l’environnement de la classe, il ouvre également le champ de nouveaux possibles et celui d’une continuité de l’apprentissage pour l’élève.

Publié sur le site : http://www.creg.ac-versailles.fr/spip.php?article824 par Olivier Mondet

Depuis dix ans, les appareils connectés, dont les ordinateurs reliés à internet sont la première forme, servent à ouvrir la classe sur le monde. Les pratiques pédagogiques ont évolué et se sont ouvertes à de nouveaux supports d’apprentissage, en puisant dans le monde numérique l’information qu’il véhicule. Aujourd’hui, la littératie est une modalité d’apprentissage incontournable, favorisée par une myriade de sites web dont l’activité est basée sur l’information. On enseigne aujourd’hui aux élèves à relever et exploiter l’information via internet, on évalue leurs capacités à traiter de manière compétente les informations.

Pourtant, et de façon très surprenante, les appareils numériques nomades sont très souvent mal vus dans l’enseignement et particulièrement au sein de la classe. Ils sont d’ailleurs très souvent interdits au sein de la salle de cours, par les règlements intérieurs d’établissement. On leur reproche de faciliter une forme de décrochage avec les liaisons qu’ils permettent, par l’envoi de sms notamment et par la navigation internet de plus en plus. Car l’élève peut se tenir informé en temps réel, vérifier les informations, se renseigner immédiatement en s’échappant de l’univers confiné de la classe. Le smartphone est une interface ouverte vers le monde qui souvent exclu l’enseignant.

D’ailleurs, de plus en plus, l’enseignant lui-même est connecté de son côté, et se tient aussi informé sans accorder ce privilège à ses élèves.

Tant que les appareils numériques nomades sont considérés comme des moyens de fuite, ou des obstacles qui nous séparent de nos élèves alors nous resterons sur des postures figées et pénibles à vivre parfois.

Changer de paradigme

Il faut changer de paradigme et reconsidérer ses pratiques pédagogiques sous un autre angle, sans craindre certaines remises en cause.

Selon un rapport du CREDOC de 2014 (http://www.credoc.fr/pdf/Rapp/R317.pdf), 62% des élèves et étudiants possèdent un smartphone, ce taux est de 81% pour la tranche des 18-24. Nous ne pouvons donc pas ignorer ce fait. Surtout que le « portable » est devenu un outil courant et assumé, non plus pour y avoir une activité intime et confidentielle, mais pour être connecté, pour partager et s’ouvrir sur le monde. L’élève ne voit pas son smartphone comme un outil de dissidence par rapport au groupe-classe, c’est souvent l’enseignant qui y voit une menace sur la liaison qu’il a avec l’élève.

Il faut donner leur place aux appareils numériques en tant qu’outils et que l’enseignant habilite ceux-ci comme faisant part de l’activité du cours.

Et si, comme on demande aux élèves de préparer leurs affaires, on disait : « Bon maintenant, sortez vos smartphones ! » ?

Si on regarde objectivement notre façon d’utiliser le smartphone pour des usages courants, alors l’usage équivalent qu’on peut en faire en classe devient banal :

Usage courant Usage en classe
Noter des rendez-vous. Noter ses devoirs, des échéances.
Chercher des informations. Chercher des informations.
Lire ses courriels. Lire ses courriels.
Chercher l’orthographe d’un mot, d’une expression. Chercher l’orthographe d’un mot, d’une expression.
Faire des calculs. Faire des calculs.
Photographier des informations. Photographier le tableau, le résultat d’une expérience, un montage, ...

On remarque immédiatement que ces activités sont communes dans des contextes de vie courante et qu’ils ont un sens identique au sein d’une classe. Pourquoi les élèves ne peuvent-ils pas actualiser une information, rechercher des informations avec leur téléphone ? Nous ne sommes pas toujours dans une salle avec des équipements informatiques et faut-il attendre de démarrer un ordinateur, ouvrir une session pour lancer une simple recherche ?

Le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation (http://www.creg.ac-versailles.fr/squelettes/img/out.gif) 100% 50% no-repeat scroll transparent;">Bulletin officiel n° 30 du 25 juillet 2013) comporte une compétence spécifique au numérique :

9. Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier

  • Tirer le meilleur parti des outils, des ressources et des usages numériques, en particulier pour permettre l’individualisation des apprentissages et développer les apprentissages collaboratifs.
  • Aider les élèves à s’approprier les outils et les usages numériques de manière critique et créative.
  • Participer à l’éducation des élèves à un usage responsable d’internet.
  • Utiliser efficacement les technologies pour échanger et se former.

Nous avons le réflexe d’utiliser nos appareils personnels nomades de plus en plus au dépend des ordinateurs. Il y a une réattribution des rôles de nos appareils à penser.

C’est à l’enseignant de donner du sens à l’utilisation des appareils numériques mobiles. C’est à lui de valoriser l’usage adéquat de l’appareil en permettant à l’élève de distinguer l’usage en classe et celui hors classe. Ainsi l’enseignent participe activement, orchestre, l’ouverture de la classe sur le monde et pourquoi pas participe à cet échange.

A peine sommes nous investis dans notre peau d’enseignant 2.0 qu’il faut déjà s’ouvrir à celle du « prof 3.0 ».

Apportez vos smartphones

Sans aller plus loin dans l’implication nécessaire de l’enseignant et le changement de posture qu’il doit avoir vis à vis de l’usage du portable, cet article propose un premier pas dans cet univers.

De nombreuses applications intéressantes, basées sur les smartphones, s’accaparent le vaste marché du numérique éducatif. Nous vivons actuellement de grandes mutations qu’il convient d’accompagner en participant à cette aventure nouvelle.

L’entrée par l’évaluation m’a semblé très intéressante pour l’usage des appareils numériques mobiles en classe. A travers trois applications basées sur les smartphones nous allons voir comment préparer des évaluations en classe qui vont susciter très certainement l’intérêt des élèves et une autre approche de l’évaluation et de la participation des élèves. Vous le remarquerez immédiatement, lorsque l’enseignant ou les élèves utilisent leur portable dans le cadre d’une évaluation, l’implication des élèves est meilleure, ils mobilisent mieux leurs capacités cognitives, leur attention est soutenue.

Le concept de BYOD (Bring your own device / Apportez vos appareils personnels), traduit par AVEC (Apportez votre équipement personnel de communication) selon le JO du 24 mars 2013, consiste en l’utilisation des appareils personnels des membres d’une entreprise pour un usage professionnel. Par extension, au sein d’une classe, les appareils des élèves et de l’enseignant sont utilisés à des fins d’enseignement.

L’académie de Toulouse a déjà publié un article à ce sujet en avril 2013, nous avons publié récemment (sur le site du CREG) un article sur l’usage en classe des appareils numériques mobiles.

Le contextes pédagogiques proposés :

  • l’enseignant évalue ses élèves en début de séance pour vérifier les prérequis et lancer une nouvelle séquence ;
  • l’enseignant active la participation en classe par des questions à la volée ;
  • vérification en fin de séance de l’acquisition des concepts ou synthèse des principaux concepts abordés.

Cet article étudie trois applications proposant des QCM en ligne :

Plickers Socrative Weintair/Publiping
Site web :

https://www.plickers.com/

http://b.socrative.com/login/teacher/

http://www.weintair.com/

Coût :
Gratuit. Gratuit. Gratuit.
Environnement :
Fonctionne sur tous les environnements. Fonctionne sur tous les environnements. Fonctionne sur tous les environnements.
Type d’usage du smartphone :
Utilise le smartphone de l’enseignant qui doit être doté d’un appareil photo. Utilise le smartphone des élèves. Utilise le smartphone des élèves.
Type de QCM :
QCM avec 4 propositions maximum et une seule réponse possible. QCM avec plusieurs propositions et plusieurs réponses possibles. Une illustration peut être ajoutée. QCM avec plusieurs propositions et plusieurs réponses possibles. Tous types de graphismes sont possibles.
Accès à internet :
L’enseignant seul accède à internet. L’enseignant et les élèves accèdent à internet. L’enseignant et les élèves n’utilisent pas internet.
Applications nécessaires :
Nécessite l’installation d’une application sur le smartphone. Nécessite le navigateur du le smartphone. Nécessite le navigateur du le smartphone.
Matériels annexes :
Nécessite un poste enseignant relié à un vidéoprojecteur (pour montrer les questions et éventuellement analyser les réponses. Nécessite un poste enseignant éventuellement relié à un vidéoprojecteur (pour analyser les réponses). Nécessite un poste enseignant, avec une application installée, éventuellement relié à un vidéoprojecteur (pour analyser les réponses). Nécessite un point d’accès.

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Publié sur le site : http://www.creg.ac-versailles.fr/spip.php?article824
Par Olivier Mondet
Dernière modification le lundi, 27 juillet 2015
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