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L’atelier des lumières à Paris propose une exposition d’un nouveau type, d’un nouveau genre où le numérique prend toute sa place, occupe tout l’espace, baigne le spectateur dans l’image et dans le son : il s’agit bien d’une immersion dans l’œuvre picturale mais aussi dans le rêve et dans la poésie.

Gustav Klimt, il y a plus d’un siècle, en mettait déjà plein la vue avec ses ors, ses motifs extraordinaires, ses portraits de femmes éblouissants, ses paysages inondés de couleur. Il avait renouvelé la palette du peintre.

Douze décennies plus tard sa palette est explosée à coup de logiciel, pixel par pixel, pour être recomposée et envahir ce lieu immense

...Alors l’eau du tableau devient liquide, les voiliers blancs avancent dans une mer irréellement bleue… Le spectateur ne regarde pas la forêt, il est dans la forêt et ne sait plus s’il marche ou si ce sont les arbres qui avancent vers lui et cela peut être les deux à la fois. Il pourrait les toucher, il pourrait s’y cacher : c’est ce que font les enfants, spontanément, et la peinture devient jeu.

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Les couleurs sont respectées et les formes aussi mais les tailles sont multipliées par dix, par vingt, par cent ; les toiles se superposent, se recomposent spirale après spirale, trait après trait dans une accélération de la main originelle du peintre. De statique la peinture devient dynamique, de tendre elle devient puissante en gardant sa sensibilité. De plane elle devient tridimensionnelle.

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Il suffit d’un clic pour décrocher l’exposition klimt et accrocher Hundertwasser et deux navires entrent en scène en traversant la salle devant un décor de ville fantastique qui se construit autour du spectateur ; un train arrive en gare et les façades défilent sous l’œil du voyageur. Puis ce sont des baleines qui nagent dans une mer métropolitaine enfin les graffitis se liquéfient peu à peu et le nom de l’artiste disparaît sous une pluie libératrice qui efface le rêve pour rendre le spectateur à la vie, la vie réelle, la vie 2D, la vie sans « point zéro » … ou avec peu importe.

On pourra dire que tout cela est loin de l’émotion ressentie devant la toile originale, les aplats de couleur et la touche de l’artiste : c’est vrai bien sûr. Mais l’œuvre est ici revisitée par la technique pour en faire autre chose, à partir du matériel existant et sans le dégrader en rien, pour créer une autre émotion, nouvelle, jamais ressentie auparavant, complémentaire et très forte.

On annonce partout que le numérique impacte ou va impacter tous les domaines de la vie et cela peut parfois faire peur. Ici l’impact est très doux et cela est rassurant.

Atelier des lumières Paris : Klimt, Hundertwasser, Poetic_AI.

Exposition prolongée jusqu’au 7 janvier

Dernière modification le mardi, 27 novembre 2018
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é