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Olivier Ezratty : S’il y a bien des questions ou affirmations qui m’agacent, ce sont les sempiternelles « quelle était l’innovation la plus marquante au CES ? », « qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?» et « il n’y a pas d’innovations de rupture cette année ». Lorsque l’on visite un salon de 4400 stands étalé sur une surface de 250 000 m2 couvrant des dizaines de catégories de produits différents, certains anciens, certains nouveaux, on a évidemment du mal à faire son choix. Celui-ci dépend de son regard, de ses centres d’intérêt et aussi de sa connaissance du marché préexistant.

Trouver un produit marquant revient un peu à demander quelqu’un qui a vécu en hibernation pendant 20 ans, de l’emmener faire un tour dans un centre commercial en passant par un Auchan, une Fnac, un Darty, un Boulanger et un Leroy Merlin et de lui demander alors ce qui l’a surpris ou intéressé. Le CES, c’est un peu ça. C’est un concentré de technologies avec l’amont (les composants) et l’aval (les produits) dans presque tous les domaines : mobilité, automobile, ordinateurs personnels, objets connectés, jeux vidéo, etc. Ça parle santé, agriculture, maison, vélo, batteries, télécommunications, tout y passe.

Autre truc qui m’énerve, le « cette année, les exposants présentaient enfin des solutions et pas seulement des produits ». Je l’ai entendu après tous les CES que j’ai visités depuis 2006 et le marketing des exposants n’a en fait pas tant changé que cela, quand bien même certains standards d’interopérabilité ont un peu facilité les choses.

Alors que je m’offusquais d’une telle affirmation il y a quelques années, je trouve que le salon commence à amorcer un léger déclin. Cela se voit au recul de la présence de quelques grands exposants tels qu’Intel et Qualcomm. La présence chinoise baisse aussi petit à petit, principalement sous le coup du protectionnisme économique de la présidence de Donald Trump. Cette année, exit par exemple les ZTE, Alibaba et Baidu. Et Huawei se contentait de valoriser les fonctions photo de son smartphone P30 Pro, mais pas la 5G apparue dans d’autres modèles. La plus faible présence Chinoise était cependant compensée par un plus grand nombre d’exposants venant de Corée du Sud et de Taïwan, qui prenaient ainsi une bonne part de la place laissée libre.

Mais la raison me semble plus simple que ces considérations géopolitiques : le marché de l’électronique grand public est en lent déclin après avoir connu plusieurs glorieuses décennies.

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https://www.oezratty.net/wordpress/2020/premiers-retours-du-ces-2020/

 

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